L’opérateur télécoms local Trinaps, né sur les bancs de l’UTBM, célèbre cette année ses 15 ans. L’entreprise a bien grandi. Solide sur ses savoir-faire, structurée autour de son datacenter, Trinaps veut poursuivre sa croissance, en se tournant notamment vers l’Alsace.
L’opérateur télécoms local Trinaps, né sur les bancs de l’UTBM, célèbre ses 15 ans. L’entreprise a bien grandi. Solide sur ses savoir-faire, structurée autour de son datacenter Extendo, Trinaps veut poursuivre sa croissance, en se tournant notamment vers l’Alsace.
Trinaps a tout de la success story version Silicon Valley. L’univers numérique. Le garage (ou le coffre d’une voiture). La bande de potes. La réussite, aussi, toutes proportions gardées. L’opérateur télécom local fête ses 15 ans. Aujourd’hui, la PME pèse une trentaine d’emplois, enregistre un chiffre d’affaire qui avoisine les 4 millions d’euros et une croissance annuelle à deux chiffres, oscillant entre 15 et 20 %. Côté fierté territoriale, on coche aussi la case formation.
Les trois fondateurs – Fabien Hazebroucq, Gauthier Douchet et Florian Fery – sont des purs produits locaux. Ils sont ingénieurs diplômés de l’université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM). Florian Fery a depuis quitté l’aventure. Mais la société est toujours co-dirigée par Fabien Hazebroucq et Gauthier Douchet ; en plus de partager les décisions, ils partagent toujours le même bureau.
La fibre Eurocks de Trinaps
« Jamais on aurait imaginé être là où on en est aujourd’hui », avoue Fabien Hazebroucq en avalant un café dans les locaux de l’entreprise, au Techn’Hom, dans une ambiance qui sent bon l’esprit start-up. Et un évènement concentre bien le chemin parcouru par Trinaps : les Eurockéennes. La première fois qu’ils travaillent pour les Eurocks, c’est en 2006 ; ils sont encore étudiants et bénévoles. Trinaps n’intervient officiellement que pour l’édition 2008 ; l’entreprise a été créée l’année d’avant.
Au départ, le festival, ce n’était pas grand-chose. Deux box ADSL. L’âge de pierre quasiment. La première antenne Wifi a même été fabriquée avec une boite de Ricoré ; c’est fort de café ! Mais cela a bien changé. « Aujourd’hui, avec le cashless, s’il n’y a pas de Wifi, il n’y a pas de chiffre d’affaires », résume Fabien Hazebroucq. Trinaps tire chaque été des kilomètres de câbles, dont 5 km de fibre optique, pour connecter la presqu’île du Malsaucy et le camping au reste du monde. « Nous avons commencé dans notre coffre et maintenant nous avons deux bungalows sur le site et du stock », replace Fabien Hazebroucq. « Ce qui est sympa avec les Eurockéennes, c’est que nous avons évolué avec eux », observe l’entrepreneur.
Extendo, le datacenter de Trinaps au cœur du système
L’opérateur adresse plusieurs activités. D’abord, il propose des solutions Internet et des solutions de connectivité aux entreprises, ensuite des réseaux de téléphonie unifiée, puis des réseaux Wifi, enfin l’hébergement de données dans leur datacenter, situé au Techn’Hom. De manière transversale, Trinaps propose son expertise en cybersécurité. Avec ces 4 métiers, l’entreprise intervient tant auprès d’entreprises (85 % de l’activité) que de grands évènements (15 %), comme les Eurockéennes, le festival Rencontres & Racines ou des parcs des expositions comme Micropolis à Besançon. Aujourd’hui, Trinaps est implantée à Belfort, Besançon, Meroux (La JonXion) et Mulhouse.
L’ambition est aujourd’hui de construire la version 3 de l’entreprise ; les deux dirigeants penchent dessus. « Il y a eu l’enfance et l’adolescence. Nous voulons passer à l’âge adulte avec une boite structurée », image Fabien Hazebroucq. Les associés-dirigeants ont plein de projets de développement, construits notamment autour du cœur du système : le datacenter. Cet équipement, nommé Extendo, fonctionne depuis 2019. Il est installé au cœur du Techn’Hom. Il est neutre, c’est-à-dire qu’il ne sert pas qu’aux systèmes et aux données de Trinaps. Il peut aussi héberger des données d’autrui.
Un datacenter en pointe
Badge d’accès. Bip iconique d’autorisation d’entrer. Portes lourdes. Caméras de surveillance… Le bâtiment qui accueille le datacenter Extendo de Trinaps est ultra sécurisé. Mais pas que. Les concepteurs ont énormément réfléchi aux systèmes, notamment pour limiter la consommation d’énergie nécessaire au refroidissement des serveurs. Trinaps a notamment installé un système free-cooling, qui récupère le froid extérieur pour refroidir son bâtiment. Il a aussi privilégié des équipements avec une faible consommation d’énergie. Côté innovation, le datacenter déploie un système de détection précoce des incendies. Un système pulvérisant du gaz se déclenche alors, cassant le triangle du feu et appauvrissant l’air d’oxygène, empêchant ainsi l’incendie de se propager. Et le gaz n’abime pas le matériel, contrairement aux gicleurs aspergeant de l’eau.
Cette infrastructure est la garantie de son développement futur. C’est une infrastructure discrète, mais pour autant structurante du nord Franche-Comté : l’unique datacenter de ce type entre Strasbourg et Besançon. Prochainement, le datacenter étendra ses serveurs sur 100 m2. Mais l’entreprise dispose déjà des locaux et d’une surface disponible de 1 000 m2 pour accompagner sa croissance. « Nous l’avons conçu flexible pour pouvoir évoluer », explique le chef d’entreprise. Ils peuvent même faire des salles individualisées si un client veut son propre espace. Des espaces auxquels les clients accèdent de manière autonome grâce à un système biométrique.
L’investissement s’est élevé à 1,5 million d’euros. Un projet ambitieux, alors que Trinaps n’enregistrait qu’un chiffre d’affaires d’1,5 million d’euros ; mais la levée de fonds opérée quelques années auparavant a permis de le soutenir. « Nous arrivions à un stade où il nous fallait un écrin pour notre infrastructure d’opérateur », détaille Fabien Hazebroucq. Aujourd’hui, Trinaps « maîtrise de A à Z les services [qu’il] vend », insiste-t-il. Le datacenter a structuré et sécurisé l’offre de Trinaps. Il répond aussi aux besoins « de souveraineté des données » défend Fabien Hazebroucq.
Trinaps certifiée ISO 27001
Avec cette maîtrise technique, Trinaps peut dorénavant héberger des données de santé. Il vient également d’être certifié ISO 27001, management de la sécurité de l’information. « C’est la référence en sécurité des systèmes d’information », relève Fabien Hazebroucq ; cette certification a demandé deux ans de travail pour valoriser les protocoles et analyser les risques. Ils veulent donc aujourd’hui « valoriser » la qualité de leurs services, « autour de la cybersécurité et du respect de la donnée du client ». Puis d’énumérer : « Qu’est-ce que tu fais des données. Comment tu les traites. Comment tu les protèges ? » Trinaps propose une solution sécurisée et 100 % française. L’entreprise accompagne 700 clients dont, déjà, les pompiers du Doubs et du Territoire de Belfort. Il pourrait par exemple accueillir les données de l’hôpital Nord Franche-Comté.
Avec ces atouts, « nous allons déployer des infrastructures pour aller chercher des nouveaux clients », projette le dirigeant. La fibre sera tirée jusqu’en Alsace pour les connecter directement à leur infrastructure belfortaine. « Une fois que les clients sont raccordés, nous pouvons vendre plein de trucs », confie-t-il. La PME ouvre un nouveau chapitre de son histoire. Et en 15 ans, Trinaps est devenue un industriel de l’informatique. Mais elle garde cette touche de folie propre à l’entrepreneuriat pour continuer d’innover, comme en témoigne son projet autour de l’alimentation de secours du datacenter grâce à l’hydrogène, le projet HyData (lire notre article).