Il est dévoué modestement à sa mission. Évoque l’investissement de 20 000 personnes pour organiser l’un des événements majeurs de l’industrie française. Mais il incarne bien, pendant 4 ans, l’excellence française de l’aéronautique et du spatiale. Emmanuel Viellard, 62 ans ce 13 juin, est directeur général du groupe Lisi, sous-traitant de l’industrie aéronautique, automobile et médicale. À l’été 2023, celui qui est aussi président de la holding familiale Viellard Migeon & Compagnie, née en 1876, a été nommé commissaire général du Salon international de l’aéronautique et de l’espace (SIAE), plus connu sous le nom du Salon du Bourget. Un Salon qui se tient de ce lundi 16 juin au dimanche 22 juin. Il organise cette édition et la prochaine, en 2027.
Cette nomination (lire notre article) souligne bien le place prise par ce dirigeant d’une ETI française – qui compte plus de 10 000 collaborateurs dans le monde – dans l’univers aéronautique et du patronat français ; il occupe le poste de président du Medef Franche-Comté et préside le comité défense du Medef à l’échelle nationale. Cette dernière carte souligne, quant à elle, son implantation dans le monde de la défense.
Le Salon vole en haute altitude et les données de cette 55e édition donne le tournis. 2 500 exposants, venus de 48 pays, sont attendus, dont 1 110 exposants Français et 449 Américains ; du côté des Francs-Comtois, on recense M-Plus de Lachapelle-sous-Rougemont ou encore Selectarc, à Grandvillars, dont Framatome vient de rejoindre le capital (lire notre article) ; le conseil régional dispose aussi d’un stand. La présence américaine est « considérable », avoue Emmanuel Viellard. 150 aéronefs sont présents et 210 présentations en vol sont programmés.
C’est l’édition de « tous les superlatifs », convient le Franc-Comtois, joint par téléphone la semaine dernière. « L’édition est sold-out depuis décembre 2024 », dévoile Emmanuel Viellard. « Nous sommes sur des hausses de 15 à 20 % sur tous les indicateurs », se réjouit le commissaire général. 332 chalets ont été aménagés le long des pistes du premier aéroport d’affaires d’Europe. 322 délégations officielles étrangères sont attendues pendant la semaine et 350 000 visiteurs devront fouler les allées du Salon, dont la moitié de professionnels. « Nous avons des demandes en fortes augmentations », indique-t-il. « Ce Salon incarne l’ambition, l’excellence et l’ouverture d’un secteur stratégique à l’heure de la reprise du trafic mondial et des grandes transitions », déclare dans son édito du dossier de presse, le commissaire général.
La catastrophe d’Air India, vendredi, assombrit le lancement de l’événement. Le patron de Boeing a annulé sa venue. « Une personne qui nous manque, ce n’est pas un salon qui s’arrête, le patron du Boeing a d’autres préoccupations en ce moment, mais Boeing sera en représentation avec des avions en vol », a toutefois déclaré, à l’AFP, ce dimanche, Emmanuel Viellard. Ce drame, qui a fait 279 morts, a entraîné l’annulation en cascade de plusieurs évènements du rendez-vous du secteur aéronautique, dont la conférence de presse traditionnelle de Boeing avant l’ouverture officielle du salon, comme celle du motoriste CFM, coentreprise du français Safran et de l’américain GE, qui équipe la plupart des avions les mieux vendus de Boeing et d’Airbus, rapporte encore l’AFP, ce lundi matin.

Un secteur en croissance
Les stands sont répartis sur 70 ha d’exposition, soit l’équivalent d’une centaine de terrains de foot, organisés au travers de six thématiques : l’espace ; les drones ; la cyber, l’intelligence artificielle et le quantique ; la mobilité aérienne durable ; les pionniers ; et la défense.
« Tous les segments de l’aéronautique sont en croissance », indique Emmanuel Viellard, pour expliquer l’engouement. Les acteurs du secteur, que ce soit sur le volet commercial ou celui de la défense, ont besoin de se retrouver. « Les hélicoptères sont très bien orientés, comme le spatial, cite le commissaire général. Space X a fait bouger les lignes. Les réactions sont en préparation. » Les industriels viennent sonder les tendances du marché pour appréhender les orientations et définir ensuite leur plan d’actions. C’est aussi l’occasion de montrer que l’on existe, de présenter ses savoir-faire et compétences. « Si on attend que le téléphone sonne il ne se passe rien », relève Emmanuel Viellard.
Le chiffre d’affaires 2024 de l’aéronautique et du spatial français s’élève à 77,7 milliards d’euros, 70,2 milliards en 2022. 2024 dépasse les chiffres de 2019, avant le covid-19, où le chiffre d’affaires s’établissait à 74,3 milliards d’euros, selon des données avancées par le Salon. Dans ce volume, la défense pèse 26 % du chiffre d’affaires contre 74 % pour le civil ; l’export pèse 82 % de ce résultat. L’aéronautique et le spatial alimentent la balance commerciale française. Au regard des commandes, on voit que le secteur de la défense est extrêmement dynamique, avec 32 % des commandes enregistrées. La situation géopolitique mondiale explique sans aucun doute cette situation. Les retombées économiques de l’événement sont estimées à 173 millions d’euros pour l’Ile-de-France. L’évènement génère 16,7 millions d’euros de recettes fiscales aux collectivités d’Ile-de-France.
La journée de vendredi est accessible gratuitement. L’occasion pour les étudiants de venir sonder les opportunités d’emplois, alors que 25 000 postes sont à pourvoir dans le secteur. Des postes à pourvoir « dans l’ensemble des métiers », souligne Emmanuel Viellard. Des postes manuels ou d’ingénierie. Dans l’univers militaire ou civil. L’aéronautique ou le spatial. « Venez au Salon du Bourget », invite Emmanuel Viellard.
Une autre entité franc-comtoise sera présente au Bourget : l’école supérieure de technologie et des affaires (Esta), qui présentera son projet Haegelen, un avion assemblé par ses étudiants (lire notre article).