Avec l’AFP
L’équipementier automobile français GMD (Groupe Mécanique Découpage) a été racheté par un groupe chinois qui prévoit de conserver l’intégralité des usines et emplois du groupe, dont l’emblématique usine LSI (ex-GM&S) de La Souterraine (Creuse), ont indiqué direction et syndicat. Cela concerne aussi la fonderie d’Eurocast à Delle, qui appartient au groupe. Les salariés étaient inquiets au mois de février
« J’ai signé un accord avec le groupe DSBJ pour l’acquisition de 100% du capital de GMD », écrit Alain Martineau, président du groupe dans un communiqué du 16 mai à destination des salariés. « La finalisation de cette opération est attendue dans les mois à venir, après obtention des autorisations réglementaires », poursuit le dirigeant, assurant par ailleurs que « des « engagements concrets ont été obtenus concernant le maintien de l’activité et de l’emploi pour des durées allant jusqu’à 24 mois ».
Le groupe DSBJ (Suzhou Dongshan Precision Manufacturing Co) est un industriel chinois spécialisé dans les composants électroniques de haute précision (circuits imprimés) et l’automobile. Montyon Capital, structure créée par Otium Capital – fonds d’investissement détenu par le milliardaire conservateur français Pierre-Edouard Stérin – était également sur les rangs, avant de brusquement retirer son offre.
À Delle, l’exigence de transparence sur les garanties
Messaoud Drideche, délégué syndical CGT d’Eurocast à Delle et élu au CSE, se souvient de ce revirement inattendu. Par téléphone, il raconte qu’un plan avait été présenté à la mi-avril par un proche collaborateur de Pierre-Édouard Stérin. « Les élus du comité de groupe devaient se rendre à Bercy pour la signature de l’accord. À ce moment-là, nous ne savions rien des garanties entourant la reprise. Mais entre le mardi soir et le mercredi matin, tout a changé. La signature a été annulée. »
Selon lui, le groupe chinois, alors concurrent de l’offre française, avait été écarté, malgré une proposition financière – beaucoup – plus avantageuse pour le remboursement de la dette. Mais après le retrait de Pierre-Édouard Stérin, ces investisseurs sont revenus dans la course. Une procédure de conciliation était ouverte, avec une date butoir fixée au 13 mai. « La signature a finalement eu lieu le 12 au soir », précise-t-il.
Le syndicaliste confirme qu’Eurocast figure bien dans le périmètre de la reprise, avec une prise en main prévue entre fin août et début septembre. Reste une grande inconnue : les garanties sociales. « Pour l’instant, nous n’avons aucun détail sur le maintien des sites. On nous a dit que des garanties ont été négociées avec Bercy pour deux ans. Mais nous voulons voir ce document pour en avoir le cœur net. Il faut qu’on le récupère pour en savoir le détail », insiste-t-il.
Plombé par les dettes
Plombé par ses dettes, le groupe GMD est un des plus gros équipementiers automobiles français avec 6.648 salariés à travers le monde, sur 14 sites (dont environ 1.800 en France), pour plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2024. GMD fabrique des grosses pièces en aluminium, des pièces d’habillage en plastique pour l’intérieur des véhicules, pour Stellantis, Renault ou Porsche. Le groupe avait repris en 2018 l’usine GM&S, devenue LSI, à La Souterraine, qui a changé « 11 fois de repreneurs », selon Patrick Brun, de la CGT et secrétaire du CSE, passant de 600 salariés au début des années 1960 à 80 en 2025.
La mobilisation du site creusois contre un plan social avait marqué les débuts du premier mandat d’Emmanuel Macron, lorsque des salariés désespérés avaient menacé de faire « sauter » leur usine. « On a de sérieux doutes. Cela nous étonnerait qu’ils ramènent des circuits imprimés à La Souterraine », a pointé le syndicaliste. « Nous, ça fait 10 ans qu’ils ne nous ont pas affecté le nouveau marché. On est au chômage technique le vendredi mais on a réussi à tenir bon. On espère maintenant que l’État a bien pris les mesures pour avoir des garanties sur les emplois », s’est inquiété le syndicaliste. « La moyenne d’âge est de 58 ans. Si la boîte ferme, c’est la catastrophe. On a plus rien à perdre, on ne va plus menacer, cela va péter », a-t-il ajouté.