L’événement s’est déroulé dans une usine encore vide, tout juste désamiantée et curetée. Mais ce bâtiment, délaissé depuis le départ de Faurecia en 2020, entame une nouvelle vie. Le site accueillera dès cette année une gigafactory d’une capacité de production de 3 gigawatts (GW) par an. Trois lignes d’assemblage de panneaux photovoltaïques doivent y être installées, pour un investissement de 109 millions d’euros. À terme, selon le porteur, entre 450 et 600 emplois pourraient être créés.
« C’est le début d’une grande histoire », a déclaré Charles Demouge, président de Pays de Montbéliard Agglomération (PMA), en évoquant un tournant comparable à celui qu’a représenté l’arrivée de Peugeot dans la région deux siècles plus tôt. L’agglomération, propriétaire des lieux depuis 2020, avait anticipé ce type d’opportunité en rachetant le site pour deux millions d’euros. Elle a cédé les dix hectares à Das Solar pour 1,4 million d’euros hors taxe.
« Une volonté de s’implanter durablement »
Devant une centaine d’invités, l’ancien député centriste de la 4e circonscription du Doubs, Frédéric Barbier a rappelé les prémices du projet. « Nos premiers échanges remontent à mai 2023 », a-t-il confié. Déjà impliqué dans une tentative d’implantation d’une gigafactory de batteries – finalement installée dans le Nord – l’élu n’a pas baissé les bras : « Nous savions que notre territoire avait d’autres atouts à faire valoir. »
Des friches disponibles, une main-d’œuvre qualifiée et un tissu industriel en reconversion ont fini par convaincre le groupe chinois. « Nous avons choisi de rénover plutôt que de construire, pour accélérer la mise en service », a souligné Yong Liu, saluant « des échanges rapides » avec les autorités françaises. Et d’annoncer une ambition plus large : l’usine de Mandeure ne sera que la première pierre d’une implantation durable. « Nous souhaitons créer une filière complète Made in France », a-t-il affirmé.
Plusieurs partenaires industriels du groupe devraient suivre dans le pays de Montbéliard, pour produire les composants nécessaires : les films adhésifs EVA/POE, les câbles, connecteurs, boites de jonctions, les cadres aluminium, les bus barre pour la collecte de l’électricité en sortie de cellules, ainsi que la fabrication des lingots et wafers (les fines tranches de silicium nécessaires à la fabrication des cellules). « Nos entreprises partenaires vont s’implanter progressivement de la région », assure-t-il. « Nous aspirons à être un moteur clef du développement économique local », poursuit Yong Lui.
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Soutiens locaux et nationaux
L’État, par la voix du préfet Bastille, a confirmé son appui : « En faisant venir l’ensemble de la chaîne de valeur et de production sur le territoire, ce sont nos intérêts nationaux qui sont défendus. L’Etat aura un accompagnement financier en ce sens. » L’implantation d’un acteur de cette envergure répond aussi aux objectifs européens de relocalisation des chaînes de valeur dans le secteur solaire.
Sur le terrain, un premier partenariat a été signé ce vendredi avec le groupe automobile local Nedey. Son dirigeant a affirmé vouloir « contribuer activement à la transition énergétique ». Une annonce saluée par Yong Liu : « Une usine sans client ne peut réussir. »
Das Solar, fondée en 2018, a implanté 14 usines modernes en trois ans, totalisant 55 GW de capacités. Le groupe veut désormais s’inscrire dans le paysage énergétique européen. Il a conclu deux premiers accords en France, annonce-t-il ce 11 avril : avec Suez, pour le retraitement des panneaux photovoltaïques, et avec l’Institut photovoltaïque d’Île-de-France, pour la recherche et le développement.
Sortir de la dépendance
Pour Pays de Montbéliard Agglomération, cette arrivée marque une diversification stratégique et la « fin d’une dépendance à la mono-industrie », explique Charles Demouge. « Notre appareil industriel se transforme, entre une filière hydrogène qui émerge, une industrie automobile en mutation, et désormais le photovoltaïque », résume le président de l’Agglomération. Un changement d’ère que la collectivité espère durable. « Nous allons conforter notre ADN industriel, le réinventer pour renforcer notre positionnement dans le monde. »
Sur un site de plus de 50 000 m² — soit l’équivalent de quatre terrains de football — les travaux vont se poursuivre rapidement. La chaîne de production prendra place dans des modules industriels qui seront installés à l’intérieur du bâtiment existant. L’ambition est posée : faire du pays de Montbéliard l’un des pôles européens du solaire.