Depuis plusieurs mois, sept bus du réseau urbain Optymo fonctionnent grâce à une motorisation électrique hydrogène (lire notre article) ; ce sont des bus électriques, motorisés grâce à une pile à combustible, alimentée par de l’hydrogène. Les premiers retours sont enthousiasmants. « C’est très efficace », convient Roland Jacquemin, le président du syndicat mixte des transports en commun (SMTC), qui gère le réseau Optymo. Et depuis ce mercredi 3 avril, les bus peuvent s’avitailler à la station hydrogène de Danjoutin, équipement nommé BelHYnov. Il faut compter seize minutes pour faire un plein. L’hydrogène y est produit à partir de l’électrolyse de l’eau. L’électricité nécessaire à l’opération est fléchée depuis un parc éolien alsacien.
La station était attendue depuis plusieurs mois. Mais il a fallu des délais supplémentaires pour viabiliser les équipements ; c’est le lot des pionniers. Le site marque un peu plus le territoire du nord Franche-Comté du sceau de l’hydrogène, en proposant cette fois-ci une application du quotidien : une station qui produit de l’hydrogène à partir d’électricité renouvelable pour des bus urbains. « Belfort est depuis toujours un maillon incontournable de la filière énergie », replace Damien Meslot, président Les Républicains (LR) du Grand Belfort, glissant par ailleurs cette terre d’hydrogène qui se façonne depuis 25 ans localement. Et qui prend corps aujourd’hui. « En moins de 10 ans, Belfort est ainsi devenue une capitale de l’hydrogène », assure-t-il. « C’est une étape supplémentaire dans le déroulement d’une stratégie très forte du développement de l’hydrogène dans notre région », valide Marie-Guite Dufay, présidente socialiste du conseil régional Bourgogne-Franche-Comté, rappelant aussi les mutations profondes que connaît l’industrie régionale et sa nécessaire diversification. « Il faut qu’il y ait des aides massives pour faciliter la commande publique », insiste-t-elle, en s’adressant à l’État (voir le prix unitaire du bus hydrogène, ci-dessous), alors que les projets de mobilité hydrogène sont moins soutenus, ces derniers mois, que les projets de décarbonation de l’industrie. Raphaël Sodini, préfet du Territoire de Belfort, a salué un « écosystème remarquable ». Il a aussi rappelé les montants que cela implique : en comptabilisant bus et station, c’est un coût de 34 millions d’euros qu’il faut investir sur l’intégralité du projet.
Bientôt une phase 2
De nouveaux bus sont déjà programmés. Huit bus articulés hydrogène devraient compléter la flotte d’ici fin 2025, puis douze bus hydrogène « classiques » sont attendus pour fin 2026. Lorsque les 27 bus hydrogène rouleront, ce sont 3 000 tonnes de CO2 rejeté dans l’air qui seront évités.
En parallèle, la station sera renforcée. Aujourd’hui, elle est capable de produire 400 kilos d’hydrogène grâce à une puissance installée d’un mégawatt d’électrolyse. Pour répondre aux futurs besoins, la puissance de la phase 2 sera augmentée à 2 MW. Et la puissance pourrait évoluer au fur et à mesure de la demande ; la présence de l’autoroute ouvre l’opportunité de recharge à de la mobilité lourde. La station pourra aussi fournir de l’hydrogène à des industriels locaux.
En Bourgogne-Franche-Comté, la station hydrogène de Danjoutin est la 2e mise en service après celle d’Auxerre (Yonne), à l’automne 2022. Le réseau Optymo sera le premier réseau de bus hydrogène-dépendant lorsque la moitié de sa flotte sera convertie à ce vecteur énergétique, en 2026. Et Marie-Guite Dufay de rappeler : « Notre région se distingue non pas parce qu’elle est productrice d’hydrogène mais parce qu’elle est une composante essentielle d’une filière industrielle pour l’hydrogène. »
Le nord Franche-Comté se positionne sur cette filière avec des industriels fabriquant des électrolyseurs (McPhy et Gen-hy), des réservoirs (Forvia et la start-up Mincatec), des piles à combustibles (Inocel) ou encore des groupes électrogènes (H2SYS). Et il y a quelques semaine, comme l’avait dévoilé Le Trois, le centre de certification des réservoirs Isthy a été confirmé (lire notre article).
695 449 euros
C’est le prix d’achat d’un bus hydrogène (lire notre article). Sur ce montant, le syndicat mixte des transports commun (SMTC), qui gère Optymo, a reçu pour chaque bus une aide de 274 611 euros, soit un reste à charge de 420 838 euros. Un bus diesel coûte 282 436 euros ; la différence entre les deux, pour Optymo, est donc de 138 402 euros. Le Grand Belfort sera alors la première flotte de bus composée à plus de 50 % par des véhicules hydrogène. Le surcoût a été pris en charge à hauteur de 74 % a rappelé Roland Jacquemin à l’occasion de cette conférence inauguration. La première phase de construction de la station s’élève à 9,3 millions d’euros, soutenus par l’Ademe (2,7 millions d’euros), l’Union européenne (1,63 million d’euros) et la Région (400 000 euros).