Entreprises d’insertion ou entreprises « classiques » se sont mobilisées depuis le début du confinement pour produire des masques ou du gel. Le plus souvent pour apporter leur pierre à la lutte contre l’épidémie plus que pour le profit. Retour sur quelques exemples à la veille du déconfinement.
Entreprises d’insertion ou entreprises « classiques » se sont mobilisées depuis le début du confinement pour produire des masques ou du gel. Le plus souvent pour apporter leur pierre à la lutte contre l’épidémie plus que pour le profit. Retour sur quelques exemples à la veille du déconfinement.
Pour faire face à la pénurie d’équipements de protection, des initiatives ont fleuri pendant le confinement : particuliers, associations, mais aussi entreprises se sont mis à coudre des masques ou des blouses ou encore à produire de la solution hydroalcoolique.
À Belfort, l’entreprise d’insertion Pluri’Elles a ainsi réorienté son activité. Sollicitée par le préfet du Territoire de Belfort, Pluri’elles a commencé par fabriquer des blouses destinées à l’hôpital, qui en manquait cruellement, dès le 3 avril. Quatre des six couturières ont ainsi cousu environ 70 blouses par jour. L’entreprise avait en effet pu maintenir sa production grâce aux protocoles d’hygiène qui s’imposent déjà en raison de son activité de blanchisserie.
À Héricourt, Créathes Manufacturing s’est lancé dans la production de solution hydroalcoolique. Cette entreprise créée en 2018, spécialisée dans la production d’ingrédients d’intérêt pour la cosmétique et la nutrition (huiles essentielles, produits riches en omaga 3), s’est intéressée à la production de solution hydroalcoolique dès février. « La première difficulté a été d’obtenir l’autorisation de fabrication par les douanes », explique Hervé Huilier, le dirigeant. Une autorisation nécessaire, puisqu’il s’agit de dénaturer de l’alcool en grande quantité. L’autorisation est tombée le 13 mars.
L’autre obstacle a été de trouver des flacons. Le dirigeant a recherché des solutions jusqu’à Paris et Orléans, avec la volonté de se limiter à la France. Et pour pallier la pénurie, il a adopté les diverses solutions possible, avec notamment des recharges qui complètent les flacons « pousse-pousse », plus difficiles à trouver.
Créathes a dû également adapter son outil de production. Ce qui a été fait grâce aux pompes Japy, de Fesches-le-Châtel (fourniture d’une pompe à la norme Atex, qui permet le mélange d’alcool sans risque d’explosion) et de VF Confort pour le flaconnage et le remplissage.
L’objectif premier d’Hervé Huilier était de répondre à la demande locale, dans un rayon de 100 km ; il enregistre toutefois des demandes jusqu’en région parisienne. Cette activité nouvelle lui a permis de faire face à la perte d’activité liée au confinement. « Cette situation nous permet de rester debout ; la motivation première était de fournir du gel au plus grand nombre. On en a même donné, on a donné des bouteilles », explique Hervé Huilier, qui hésite à se dessiner un avenir précis de son entreprise, tant les inconnues sont multiples en cette période de crise sanitaire et économique.
« L'idée n'est pas de faire du profit »
Chez Epau Nova, spécialisé dans la fabrication d’épaulettes à Mathay, c’est la fabrication de masques qui s’est imposée. Comme pour bien des entreprises, le confinement a engendré une chute des commandes et le chômage partiel. Mais un appel à projets de l’État pour des masques lavables a changé la donne. Gilles Curtit, le dirigeant, y répond et obtient l’agrément de la DGA pour la fabrication de masques à usage non sanitaire. Du chômage partiel, l’entreprise passe aux heures supplémentaires et au recrutement de 6 personnes en CDD, pour produire de 2500 à 3000 masques par jour. Très vite, 30 à 40 clients par jour se manifestent ; collectivités, entreprises, commerçants sont à la recherche de masques . L’entreprise fait le choix de réguler les approvisionnements pour satisfaire tout le monde, et de pratiquer les mêmes prix pour tous. « Pour aider le maximum de structures à assurer leur équipement, explique Gilles Curtit. On va équilibrer nos coûts ; l’idée n’est pas de faire du profit. Ce que je voulais, c’est faciliter l’équipement des aides-soignants en masques FFP2 en permettant de fournir d’autres masques à ceux qui n’avaient pas besoin de FFP2 », poursuit le dirigeant.
Le personnel l’a largement suivi dans ce choix. Il faut dire que la moyenne de présence dans l’entreprise est de 27 ans, signe de la bonne ambiance sociale qui y règne, avec un effectif de 34 salariés.
Reste que Gilles Curtit ne se fait aucune illusion sur la sortie de crise. Même s’il appelle de ses vœux des relocalisations et de « remettre l’entreprise au milieu du village », il parie que « lorsque les avions-cargos seront revenus, on nous oubliera ». Lui restera la satisfaction, selon ses termes, d’ « avoir apporté une pierre à l’édifice ».
- A relire: Nos articles consacrés à Novaplest , à l’UTBM, ou encore aux distilleries de Pontarlier et Fougerolles.