Rendez-vous donné à 10 h. Ce jeudi 3 octobre, Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, a visité l’usine de Sochaux, accompagné du nouveau ministre de l’Industrie, Marc Ferracci. L’occasion de mettre en lumière la montée en puissance de l’électrification des véhicules. « Il y a cinq ans, il n’y avait rien de tout cela. C’est émouvant », a rappelé Carlos Tavares à plusieurs moments, devant le ministre. Visite de l’usine, exposition sur les différentes usines françaises de Stellantis et les nouveautés liées à l’électrification, traversée du nouvel atelier de montage des E-3008… La visite a été dense.
En toile de fond, le directeur général avait un message, clair et assumé : il faut baisser les coûts, à tout prix. Il y revient à de nombreuses reprises. « Pourquoi les gens n’achètent pas d’électrique aujourd’hui ? Parce que c’est trop cher », affirme Carlos Tavares. Tout doit être fait pour que le client puisse acheter une voiture électrique au même prix qu’une voiture thermique dans les années à venir. « Sur le reste, les difficultés d’usage sont toutes en train d’être résolues. Bientôt, nous n’en entendrons plus parler. Alors il ne reste qu’à rendre les véhicules abordables. »
L’une des difficultés, pour cela, est la hausse des coûts de fabrication des voitures électriques. Il évoque des surcoûts de 40 % liés à la règlementation. « Nous sommes face à une course de vitesse pour réduire ces coûts. La technologie est là, les investissements ont été faits. Maintenant, il faut aller vite pour les réduire sans en demander plus aux contribuables, tout en faisant face à la concurrence asiatique. »
« Faire marcher sa cervelle »
Par quoi passe cette baisse des coûts ? Par de la sous-traitance dans des pays dits “low-cost”, une logique assumée par le directeur général. Quant à la sous-traitance européenne, française, « elle doit faire un effort ». Mais cela n’est pas un problème pour le directeur général, qui affirme que les sous-traitants ne sont pas plus pressurés que l’entreprise Stellantis elle-même. « Nous sommes sereins dans les demandes que nous faisons. Tout ce que nous demandons aux fournisseurs, ce sont des choses que nous avons déjà faites en interne. » Et d’ajouter que cette réduction demandée lui « vaut beaucoup de critiques, mais cela ne me gêne pas », affirme-t-il.
Comment doivent se comporter les sous-traitants pour s’en sortir, sans rogner entièrement leurs marges ? « Il faut utiliser sa cervelle. Être astucieux pour gérer les coûts. Notre force en Occident, c’est cela : notre éducation scientifique et notre cervelle. C’est ce que nous devons promouvoir. On ne fait pas souffrir les fournisseurs, on leur demande de faire comme nous. Il n’y a pas de dimension de souffrance mais d’imagination et d’éducation scientifique. »
« Pas de cost-killer »
Il réfute également la notion de “cost-killer” souvent associée à sa gestion. « Cette narrative est fausse sur le fond. Mais le management de l’entreprise n’a pas peur d’être impopulaire. Il est rigoureux, exigeant. »
Il se dit conscient d’avoir « indisposé » un certain nombre de parties prenantes, tels que les fournisseurs. « Mais ils sont l’un des trois maillons de la chaîne : fournisseurs, intégrateurs, distributeurs. C’est un schéma à trois, contraint par le client. Et cela entraîne des tensions. Et oui, les fournisseurs sont forcément impactés. »
« C’est un effort collectif, et chacun doit y participer pour que nous puissions réussir cette transition », tout en n’oubliant pas de rappeler l’importance « des marges » que doit dégager Stellantis pour assurer la pérennité de l’entreprise. Il a également souligné l’importance des aides à l’achat pour les véhicules électriques, un point sur lequel le ministre de l’Industrie est revenu, expliquant que des « leviers » étaient en cours de discussion. Il affirme qu’il « y aura des efforts pour soutenir l’électrification ».
Marie-Guite Dufay alerte sur la situation des sous-traitants
Parmi les élus présents ce jeudi, Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté. Dans un communiqué paru dans l’après-midi, elle rappelle que la venue du ministre et de Carlos Tavares « est un signal fort et positif pour le site de Sochaux et pour les salariés ». Mais elle rappelle également que si les « constructeurs français sont placés dans une situation tendue, il ne faudrait toutefois pas oublier l’importante chaîne de sous-traitance présente sur le sol national, notamment en Bourgogne-Franche-Comté. » Elle explique en avoir fait part à Carlos Tavares et au ministre de l’Industrie, « lequel en a appelé à une solidarité entre constructeurs et sous-traitants au sein de la filière ».