La CGT donne rendez-vous le 21 mars, à Belfort, à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, « pour apporter [des] réponses industrielles et humaines pour l’entreprise, la région et la filière », concernant le rachat de la branche nucléaire de General Electric par EDF, avortée le 1er décembre 2023, peut-on lire sur un tract du syndicat. « Déjà un trimestre que cela a été ajourné et on ne voit toujours rien venir », critique Laurent Santoire, de la CGT.
« On a beaucoup de questions », déplore Brahim Chekouat, bobinier, au cours d’un rassemblement ce mardi après-midi, devant les ateliers de General Electric à Belfort, qui fabriquent la turbine Arabelle. Une petite cinquantaine de personnes a participé à cette initiative de la CGT, a constaté l’AFP sur place. Ce salarié dénonce le manque d’investissements et le départ de nombreux anciens. « C’est de l’expérience qui est partie », met-il en garde. « On n’a plus rien d’un fleuron », déplore-t-il également, évoquant aussi « un équipement obsolète ». « On demande juste à travailler sereinement et même ça on doit se battre pour l’obtenir », ajoute Saïd Bersy, de l’entité nucléaire de General Electric, qui évoque un outil industriel « saccagé » par l’Américain.
« Monsieur le président (Emmanuel Macron, NDLR), réalisez pour nous ce que vous avez promis, la vente et un grand projet industriel autour de la filière nucléaire », interpelle Laurent Santoire, rappelant le discours de Belfort, prononcé en février 2022 par le locataire de l’Élysée et relançant un programme nucléaire français avec la construction de six nouveaux EPR. « La turbine Arabelle est une composante indispensable [de cette relance] », a souligné Virginie Neumayer, dirigeante confédérale de la CGT, en charge des questions industrielles et énergétiques.
« L’entreprise est prise en otage pour le gouvernement américain », estime Laurent Santoire. Selon lui, il empêche l’exécution « du carnet de commandes », notamment avec le Russe Rosatom, pour des projets en Hongrie, Turquie et Égypte. Il a aussi rappelé comme l’Américain avait changé le contrôle commande historique de la turbine, breveté par Alstom, au profit d’une technologie américaine, une réalité dévoilé par Marianne. « Le gouvernement a commis la grave erreur de transmettre notre patrimoine industriel », ajoute-t-il. Christophe Lime, de la fédération Mines-Énergies, invite à élargir la mobilisation à la population, au nom « de l’avenir de la filière ». « Vous avez tout pour gagner », scande-t-il aux salariés présents. « Nous sommes le nucléaire. Nous sommes la transition énergétique », a alors embrayé Laurent Santoire.
Cet appel a été lancé par des composantes confédérales de la CGT, des représentants de General Electric, Framatome ou encore EDF. « Nous avons besoin de passer de la parole aux actes », a conclu Laurent Santoire.
Selon une source syndicale, le rachat concerne environ 2 500 salariés en France (1 343 à Belfort), et 3 400 au niveau mondial.