C’est une nouvelle page qui s’écrit pour cette start-up née en 2022. Neext Engineering, qui devient tout simplement Neext (lire par ailleurs), a été fondée par des ingénieurs experts de l’énergie de puissance. Elle est aussi née dans un contexte : celui de vouloir maintenir à Belfort des compétences et des savoir-faire autour de l’intégration de centrales électriques, alors que la Cité du Lion venait de subir des plans sociaux dans plusieurs entités de General Electric.
La start-up vient de réussir une levée de fonds d’1,8 millions d’euros auprès de plusieurs acteurs de l’énergie : le groupe Fives, le groupe Vulcain Engineering, le groupe Dehon (via sa filiale Inventec Performance Chemicals), ainsi qu’un acteur clé du transfert de technologie de la recherche publique, la SATT Sayens. Ce tour de table « réunit trois groupes industriels majeurs, fortement implantés en France et reconnus à l’international pour leur savoir-faire dans le domaine de l’énergie et de la décarbonation », apprécie Neext dans son communiqué de presse. La start-up change de dimension. Et va concrétiser son idée.
Le groupe Fives est présent dans 25 pays, compte 9 200 collaborateurs et a enregistré en 2024 un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros. Ce concepteur de solutions industriels estime que la technologie de Neext « ouvre une voie concrète pour rendre la récupération de chaleur fatale non seulement techniquement performante, mais aussi économiquement viable », constate Sébastien Devroe, directeur innovation du groupe Fives, cité dans le communiqué de presse. Vulcain est un groupe d’ingénierie, habitué à porter des projets énergétiques complexes, notamment dans le secteur nucléaire. Cet investissement correspond à une volonté « d’être au plus près des industriels et des ingénieurs qui conçoivent les nouvelles technologies autour du nucléaire et du renouvelable », défend Stanislas Brachet, directeur technique de Vulcain Engineering, présent dans 20 pays et employant près de 6 400 personnes. Son chiffre d’affaires s’élève à 680 millions d’euros. De son côté, Inventec Performance Chemicals, du groupe Dehon, veut « s’ouvrir à de nouveaux marchés » grâce à cette technologie des fluides réactifs, « en s’appuyant sur son savoir-faire reconnu dans le développement de produits de chimie de spécialité », note Christophe Dehon, Directeur R&D et Vice-Président d’Inventec Performance Chemicals.
Des fonds publics déclenchés pour Neext
« L’entrée de ces trois groupes industriels et de la SATT Sayens au capital de NEEXT est une étape décisive, se réjouit Jean Maillard, le président de Neext. Elle valide le caractère révolutionnaire de notre innovation et la capacité des expertises de Belfort à porter des solutions énergétiques performantes concrètement engagées dans la décarbonation de notre société. »
Cette levée de fonds d’1,8 million d’euros permet également à Neext de déclencher le versement d’une aide publique, du même montant. En 2024, elle a été lauréate de l’appel à projet « i-démo 3 » (développement d’entreprises industrielles et de services sur les marchés porteurs). L’enveloppe totale fléchée vers Neext s’établira à 7,3 millions d’euros.
Cette levée de fonds va permettre « d’accélérer les phases de validation industrielle et d’industrialisation de la technologie brevetée dite de « fluides réactifs » », explique l’entreprise dans son communiqué de presse. Cette technologie permet d’accroître considérablement les rendements des cycles thermodynamiques. Elle fait l’objet d’un accord exclusif mondial d’utilisation entre Neext et la SATT Sayens (lire notre article), dont la mission est justement de favoriser les transferts de technologie entre les laboratoires de recherche et les entreprises ; la technologie brevetée exploitée par Neext a été portée par le Laboratoire Réactions et Génie des Procédés (LRGP), unité mixte de recherche du CNRS et de l’Université de Lorraine. Neext envisage de mettre en service un ban de test en 2026.
L’entreprise compte aujourd’hui quinze collaborateurs.
Neext Engineering devient Neext
Neext Engineering devient tout simplement Neext. “Ce changement symbolise l’ambition de la société d’aller au-delà de l’ingénierie de pointe et sur des marchés plus larges liés à la performance énergétique, grâce à ses trois pôles d’activité : sciences appliquées, modélisation numérique et conception de systèmes complexes. » Neext s’ouvre aussi à des marchés plus large que le seul nouveau nucléaire. Elle s’intéresse à la valorisation de chaleur fatale, les pompes à chaleur, les systèmes énergétiques industriels, la géothermie ou le solaire thermodynamique, « couvrant un large spectre de besoins, des petites aux grandes puissances ».