La start-up Neext Engineering (lire tous nos articles) vient de recevoir la notification de l’État français. Elle perçoit un soutien de 7,3 millions d’euros du programme France 2030, dans le cadre de l’appel à projet « i-démo 3 ». Ces montants sont fléchés vers le projet de recherche et développement Sparta, qu’elle conçoit en partenariat avec Arabelle solutions (lire notre article), qui fabrique la turbine des centrales nucléaires Arabelle, et le laboratoire LRPG (laboratoire réactions et génie des procédés) du CNRS, qui travaille sur les fluides réactifs. En tout, ce sont près de 10 millions d’euros qui sont fléchés par l’État pour ce projet. Le projet Sparta est estimé à 15 millions d’euros.
La start-up s’intéresse à l’augmentation du rendement des centrales thermiques. La société peut porter des projets de centrales géothermique, solaire à concentration ou biomasse. Elle s’intéresse aussi au nucléaire. Pour améliorer le rendement, leur première approche consiste à optimiser le cycle thermodynamique de la centrale, des compétences liées au métier d’intégrateur, « traditionnellement présent à Belfort », rappelle Jean Maillard, président et co-fondateur de la start-up. La deuxième approche « est une innovation de rupture avec les fluides réactifs », indique-t-il. Elle a été développée par la chercheure Silvia Lasala, de l’université de Lorraine. « Cette technologie est vraiment différenciante pour décarboner l’industrie, estime Jean Maillard, notamment dans le nucléaire de petite dimension, avec les réacteurs modulaires (SMR). » L’entreprise annonce des systèmes plus compacts et « des rendements de production électrique de +20 à +30 % supérieurs à ceux aujourd’hui atteints avec les cycles thermodynamiques classiques à eau / vapeur ».
Les sites industriels sont fortement consommateurs d’énergie. Mais ils n’ont pas besoin que d’électricité indique Jean Maillard. Ils cherchent aussi de la chaleur, voire la production d’intrants industriels, à l’instar de l’hydrogène ou de l’ammoniac. Or, pour obtenir ces derniers, on recourt à des énergies fossiles. Pour de nombreux industriels, se décarboner, c’est donc aussi décarboner la production de ces « matières premières ». C’est l’un des enjeux du projet Sparta. Leur concept de centrale, qui doit utiliser la chaleur nucléaire générée par les small modular reactor, doit justement produire ces différents produits : électricité, chaleur et intrants industriels.
Un banc d’essai d’ici 3 ans
4,5 millions d’euros de l’enveloppe de 7,3 millions d’euros seront fléchés vers la construction d’un banc d’essai d’1 mW électrique. « On aimerait l’installer à Belfort, l’un des seuls endroits dans le monde où l’on peut installer ce type d’équipement, qui nécessite une alimentation en gaz, en électricité et une source d’eau froide », explique Jean Maillard. Dans le planning, ce banc d’essai comprenant une turbine sera conçu d’ici 2 ans. Et à l’horizon de trois ans, il doit être en fonctionnement avec les premiers résultats. Le banc vise à « qualifier » et « maîtriser » les fluides réactifs. Leur dynamique de recherche se poursuit avec la signature de partenariats avec deux jeunes entreprises de l’informatique quantique (lire notre article). « Les fluides réactifs sont très complexes à maîtriser, il nous faut donc de l’informatique beaucoup plus puissante », explique cet ingénieur des Arts et métiers. « Une contrainte de départ devient aujourd’hui une force », apprécie-t-il, car l’entreprise est déjà engagée dans la voie de l’informatique quantique. Neext engineering doit justement créer un outil informatique dont elle aurait la propriété pour concevoir et piloter ces installations.
Ce 18 juillet, Neext Engineering a déménagé dans ses nouveaux locaux de la rue de la Découverte, à Belfort, le bâtiment 66, au cœur du Techn’Hom. L’entreprise compte 7 salariés. Elle prévoit une levée de fonds de 8 millions d’euros pour poursuivre le développement du projet Sparta, dont 2 à 3 millions d’euros « le plus rapidement possible ». L’entreprise a déjà signé des contrats commerciaux.