Neext Engineering et la société́ d’accélération du transfert de technologie (SATT) Sayens ont signé un contrat de licence exclusif mondial, le 14 novembre. Cet accord permet à la start-up belfortaine, créée en 2022, d’exploiter deux brevets de l’équipe de Silvia Lasala, du laboratoire Réactions et génie des procédés (LRGP), une unité mixte de l’université de Lorraine et du centre national de la recherche scientifique (CNRS). Deux brevets protégés par la Satt Sayens, reposant sur les fluides réactifs.
L’équipe de Silvia Lasala a étudié « le potentiel d’utilisation de fluides réactifs – plutôt qu’inertes – comme fluides de travail des centrales électriques ou des pompes à chaleur », indique le communiqué de presse annonçant la signature de ce contrat. L’équipe a travaillé́ sur les propriétés thermodynamiques de ces fluides et a identifié́ une liste de fluides réactifs candidats. Une recherche saluée par la prestigieuse bourse européenne ERC Starting Grant obtenue en 2022. Les fluides réactifs pourraient marquer une transformation majeure dans l’univers de l’énergie, comparable à l’arrivée des machines à vapeur au début du XXe siècle indique le communiqué de presse.
De la recherche à l’industrie
La France compte treize Satt. La Satt Sayens rayonne en Bourgogne-Franche-Comté, Lorraine et Sud Champagne. L’objectif de ces structures est de « faciliter l’accès aux capacités d’innovation de la recherche publique, aux industriels », expliquait au Trois, il y a quelques mois, Yamina Belabassi, responsable des relations extérieures et de la communication de cette structure. « On met à disposition les expertises et la technologie de la recherche publique de nos territoires », poursuivait-elle. À Belfort, elle a par exemple accompagné la start-up H2SYS, issue de recherches du FC Lab. Les SATT investissent dans les innovations et leur développement, et travaillent également à leur protection, juridique par exemple (brevet). « On va dérisquer l’innovation », détaillait Yamina Belabassi. Depuis 2013, la SATT Sayens a investi dans 160 projets, représentant 34 millions d’euros et a permis la création de 31 start-up.
« Nous fondons de nombreux espoirs dans ce partenariat avec Neext Engineering tant les innovations que nous soutenons ici – collectivement – ouvrent des perspectives majeures pour la transition énergétique, environnementale que pour notre souveraineté́ », commente Romain Liège, président de la SATT Sayens. « J’ai toujours eu à cœur d’amener mes travaux de recherche vers l’industrie », confie, pour sa part, Silvia Lasala, co-inventrice des brevets. Ce partenariat « offre l’opportunité́ de faire des travaux de mon équipe des réalités industrielles qui vont compter pour la transition énergétique et environnementale », ajoute-t-elle.
Pompes à chaleur
À l’été 2024, Neext Engineering a été lauréate d’un appel à projet France 2030, « i-Démo 3 » (Lire notre article). Son programme de recherche et développement Sparta reçoit ainsi un soutien de près de 10 millions d’euros, dont 7,3 millions d’euros sont fléchés vers la start-up.
La société peut porter des projets de centrales géothermique, solaire à concentration ou biomasse. Elle s’intéresse aussi au nucléaire. Pour améliorer le rendement, leur première approche consiste à optimiser le cycle thermodynamique de la centrale, des compétences liées au métier d’intégrateur, « traditionnellement présent à Belfort », rappelle Jean Maillard, président et co-fondateur de la start-up. La deuxième approche est justement aux fluides réactifs, dont ils viennent d’obtenir le droit exclusif. « Cette technologie est vraiment différenciante pour décarboner l’industrie, rappelait, en juillet 2024, Jean Maillard, notamment dans le nucléaire de petite dimension, avec les réacteurs modulaires (SMR). » L’entreprise annonce des systèmes plus compacts et « des rendements de production électrique de +20 à +30 % supérieurs à ceux aujourd’hui atteints avec les cycles thermodynamiques classiques à eau / vapeur ».
L’entreprise « sécurise non seulement les développements commerciaux qui seront issus du programme R&D Sparta (…) mais s’offre également l’opportunité de développer d’autres applications à partir des fluides réactifs, puisque ces inventions vont transformer le domaine des pompes à chaleur, et en particulier pour les hautes températures », poursuit le communiqué de presse. Les acteurs de ce contrat confirment des discussions pour identifier des partenaires industriels sur ces marchés.
La start-up compte onze salariés, à ce jour. Elle prévoit une nouvelle levée de fonds au premier semestre, pour valider l’obtention des fonds de l’appel à projet France 2030.