La start-up grenobloise Inocel a annoncé, au printemps (lire l’article), l’implantation de sa première usine à Belfort, au Techn’Hom, dans l’ancien bâtiment des Ailettes. L’entreprise, dirigée par l’aventurier Mike Horn et l’entrepreneur Mauro Ricci, « conçoit des piles à combustible compactes et de fortes puissance », rappelle le communiqué de presse du ministère de l’Industrie.
Douze entreprises ont été annoncées dans cette 4e vague de l’appel à projet « Première usine ». Au printemps, l’entreprise belfortaine H2SYS (lire l’article) avait déjà été annoncée. En tout, ce sont 51 entreprises qui sont soutenues en France, à hauteur de 240 millions d’euros, représentant, au total, plus d’un milliard d’euros d’investissement productif. Ce dispositif, lancé en 2022, « permet de faciliter l’industrialisation de productions innovantes et stratégiques sur le territoire français », indique le communiqué. Ces fonds visent aussi à assurer la conversion de start-ups, témoins de l’excellence de la recherche et de l’entreprenariat, en réussites industrielles. 1 900 start-ups à vocation industrielle ont été identifiées en France. L’État se fixe l’objectif de 100 sites industriels inaugurés en 2025 par ces entreprises.
Compacte et puissante
La forte puissance a guidé la conception de cette pile à combustible. Initialement, le projet s’inscrivait dans une démarche de compétition. Elle devait donc répondre à des conditions extrêmes d’utilisation et être particulièrement performante. « Il fallait de la puissance, de la haute performance, de la réactivité, de la durabilité et de la résistance », énumère Jules Billiet, le directeur général. « Cela a poussé à chercher des innovations », explique-t-il. Aujourd’hui, quinze brevets protègent la technologie. « À volume et poids équivalents, les produits Inocel sont trois fois plus puissants que les standards de l’industrie », promet l’entreprise.
Leur pile, nommée module Z300, atteint sa puissance maximale en moins d’1,5 seconde. Classiquement, dans les moteurs électriques alimentés à l’hydrogène, la puissance est amenée par une batterie, installée en complément d’une pile à combustible.
« Nos systèmes de piles à combustible nécessitent une hybridation complémentaire réduite, ce qui se reflète par la petite taille de la batterie », précise l’entreprise. Mécaniquement, cela réduit aussi les coûts liés à l’achat d’une batterie, mais aussi « la pollution du système », insiste Inocel, qui souligne aussi sa grande modularité. Les modules peuvent être associés, décuplant ainsi la puissance, pouvant dépasser plusieurs MW. Et la pile intègre directement un logiciel de contrôle, capable de maîtriser cette modularité. Le modèle Z300 développe une puissance de 300 kW, l’équivalent de 407 chevaux, soit la puissance d’un poids lourd de 44 tonnes. L’entreprise travaille déjà sur un autre produit, une pile à combustible d’une puissance encore supérieure, de l’ordre de 500 kW.
La production doit débuter à Belfort fin 2024. L’entreprise se positionnera d’abord sur le marché du stationnaire, puis sur celui de la mobilité en 2026, notamment la mobilité lourde. Selon le plan de développement de l’entreprise, 150 emplois sont envisagés à Belfort en 2024 et 700 à l’horizon 2030.