Le Trois –

Alstom : le spectre d’un plan de départs volontaires inquiète à Belfort

Un débrayage a eu lieu dans l'usine Alstom de Belfort, ce mardi 9 février au matin, pour manifester le mécontentement dans le cadre des négociations salariales, annuelles.
Un débrayage a eu lieu dans l'usine Alstom de Belfort, ce mardi 9 février au matin, pour manifester le mécontentement dans le cadre des négociations salariales, annuelles.

Une centaine de salariés a débrayé, ce mardi matin, à l’usine Alstom de Belfort. Un mouvement national qui s’inscrit dans les négociations salariales annuelles. Mais derrière ce mouvement se cache aussi une profonde inquiétude, liée à une sous-charge importante qui s’annonce dans les ateliers belfortains. Un plan de départs volontaires est redouté.  

Une centaine de salariés a débrayé, ce mardi matin, à l’usine Alstom de Belfort. Un mouvement national qui s’inscrit dans les négociations salariales annuelles. Mais derrière ce mouvement se cache aussi une profonde inquiétude, liée à une sous-charge importante qui s’annonce dans les ateliers belfortains. Un plan de départs volontaires est redouté.  

Une centaine de salariés, selon la CGT, a débrayé ce mardi matin, à l’usine Alstom de Belfort. Un mouvement qui s’inscrit dans une dynamique nationale de négociations annuelles des salaires. Les propositions de la direction ne satisfont pas les salariés, qui dénoncent des salaires qui stagnent, des efforts conséquents supportés en 2020 et une absence de reconnaissance peut-on lire sur un tract de la CGT.

Mais à Belfort, derrière ces négociations salariales se cachent des inquiétudes beaucoup plus profondes, liées à la baisse attendue d’activités dans les ateliers. Du bout des lèvres, ici et là, on évoque la possibilité d’un plan de départs volontaires dans les mois qui viennent, dans cette entreprise qui comptait 501 salariés au 31 décembre 2020, hors intérimaires (152) et prestataires extérieurs (134), qui représentent donc plus d’un tiers des effectifs. « Des plans de départs volontaires sont dans les cartons », confirme André Fages, délégué syndical CFE-CGC. Les représentants des salariés craignent surtout que la direction avance « masquée » sur ce sujet relève Alain Lugenbuhler, délégué syndical CFDT.

Signe que le sujet est sérieux et les relations complexes avec la direction, les organisations syndicales ont décidé que le dialogue social ne se ferait que dans le cadre d’une intersyndicale ; dernièrement, la direction organisait plutôt des réunions bilatérales, par organisation syndicale.  « Le combat de 2016 (l’usine de Belfort a failli fermer, NDLR) reste dans les gênes », rappelle André Fages.

1 à 2 ans de sous-charge dans les ateliers

La perspective d’une sous-charge dans les ateliers de Belfort n’est pas une nouveauté. On l’anticipe depuis quelques mois. Les projets des locomotives Prima M4, au Maroc, et Prima H4, en Suisse, arrivent à terme. Le programme de 12 motrices de TGV Euroduplex, commandées en 2019 par la SNCF, également. Des trains qui seront mis en service en 2021 et 2022 pour les derniers nommés. Ce dernier projet sera remplacé, prochainement, par le TGV du futur. Par contre, aucun marché n’assure la suite des projets marocain et suisse. Pour les représentants du personnel, la sous-charge dans les ateliers doit se faire sentir au cours de l’été. Une porte-parole d’Alstom évoque l’automne.

Et même si Alstom signait un contrat aujourd’hui, par exemple avec l’Ukraine, comme c’est espéré, le temps de mise en place de la production ne résoudra pas cette situation. Et le TGV du futur ne sera pas suffisant en soi. « Il y aura donc obligatoirement un problème de sous-charge », relève Alain Lugenbuhler. André Fages estime cette période de sous-charge entre 1 et 2 ans, en fonction des commandes enregistrées. Pis, les syndicats regrettent qu’il ne soit pas facile « d’avoir des garanties sur l’avenir », glisse Alain Lugenbuhler.

Du côté de la direction, on se veut rassurant. L’activité est « nominale » pour le bureau d’études, qui travaille notamment sur « la nouvelle génération d’Avelia Horizon », le TGV du futur (TGV M, pour la SNCF), explique une porte-parole. Du côté des ateliers, on précise que l’activité des motrices TGV Euroduplex se termine et que l’activité du TGV du futur « démarre », avec de la charge jusqu’en 2028. “Il n’y a pas encore énormément de monde”, modère Eddy Cardot, délégué syndical CGT.

La porte-parole confirme qu’il n’y a pas de nouveaux contrats sur les locomotives Prima derrière ceux de la Suisse et du Maroc, reconnaissant, sans le formuler, une baisse de charges à prévoir dans ces secteurs dans les prochains mois. « Les équipes travaillent à différentes opportunités », précise cette même source. La direction insiste aussi sur les bonnes perspectives de l’activité services, qui emploie 95 personnes, « qui se développe bien et qui a une visibilité à 8 ans », apprécie la porte-parole. Selon nos informations, ces derniers mois, l’activité des ateliers était dédiée, peu ou proue, à environ 50% aux motrices TGV et à 50% aux locomotives Prima ; les services ne correspondent qu’à une petite partie de la charge.

« Ne pas perdre les compétences »

L’un des questionnements concerne surtout la carte jouée par Alstom. Va-t-on tenter de trouver des solutions pour conserver les emplois en assurant des transferts de charge, en trouvant quelques activités complémentaires ou va-t-on profiter de cette conjoncture pour engager un plan de départs volontaires ? Ils sont nombreux à s’interroger sur la dynamique envisagée par Alstom. Et l’absence de plan et de vision sur le sujet ne les rassure pas.

« Du travail, il y en a chez Alstom », assure Eddy Cardot, qui propose de transférer de la charge de Valencienne, bien chargée, vers Belfort ; des procédures déjà menées, à une échelle limitée, il y a quelques années. Qui existe déjà dans les bureaux d’études.

« Il faut faire attention à ne pas perdre les compétences », poursuit le délégué syndical, qui encourage la direction, lors de ces conjonctures, à transférer aussi des ouvriers vers d’autres secteurs, par exemple l’activité services, le temps que la charge revienne. « Pour conserver les compétences sur le site », martèle-t-il, alors qu’il estime que de nombreuses compétences ont déjà été perdues, sans être forcément remplacée ou transmises. Sa crainte serait surtout de ne plus pouvoir assurer un chantier qui arriverait, car les compétences auraient disparu.

Au-delà d’un plan de départs volontaires, la CFDT redoute des licenciements transactionnelles, c’est-à-dire des départs négociés et seulement discutés entre la direction et un salarié. Mais ce sont « des PSE qui ne disent pas leur nom », dénonce Alain Lugenbuhler. « On ne sait pas qui part, ni comment, regrette-t-il. Il n’y a pas de visibilité, c’est plutôt secret. » André Fages partage les motifs d’inquiétude, mais il note aussi toutes les opportunités, qui entrouvrent des perspectives à Belfort, à long terme : le possible contrat avec l’Ukraine ; les recherches autour de la technologie hydrogène. En attendant, l’agenda social 2021 s’annonce très chargé à Alstom Belfort.

Nos derniers articles

Le festival BO District 2025 annoncé avec Miss Kittin et Mandragora

La deuxième édition du Festival BO District se tiendra du 9 au 13 avril, avec une programmation éclectique portée par des talents locaux et internationaux, dans des lieux incontournables du pays de Montbéliard.

On a testé un défi étudiant d’innovation !

Le Trois a participé, les 4 et 5 décembre, au CXI challenge, organisé par l’école supérieure des technologies et des affaires (Esta) de Belfort. Une première pour notre média. Les étudiants ont travaillé notamment la valorisation de notre média, pour renforcer notre notoriété et nos ressources.

Découvrez aussi

Accédez rapidement à une sélection d’articles locaux, proche de chez vous dans le Nord Franche-Comté

letrois articles

Soutenez Le Trois

Aidez-nous à installer et développer un site d’informations en accès gratuit dans le nord Franche-Comté! Letrois.info vous propose de l’info locale de qualité pour vous aider à comprendre les grands enjeux de la région de Belfort-Montbéliard-Héricourt, qui constitue un bassin économique et un bassin de vie au-delà des frontières administratives.

Le saviez-vous ?
Votre don est défiscalisable à hauteur de 66%.
En savoir plus

Newsletter

Recevez par email les principales
actualités du nord Franche-Comté,
ainsi que l’information « À la Une » à ne surtout pas manquer !

Vous pouvez vous désinscrire à tout moment. Pour en savoir plus, consultez la page des données personnelles

Proche de chez moi

Retrouvez les derniers articles en lien avec votre commune

Partout avec moi

Téléchargez notre application sur votre smartphone et restez informé !

Petites annonces immobilières

Toutes les annonces de nos agences partenaires

Kiosque

Retrouvez tous les hors-séries de la rédaction autour du nord Franche-Comté.
Emplois, immobilier, industrie… tous les sujets qui vous concernent !

Nouveau

Agenda

Retrouvez l’agenda des sorties, des animations, des spectacles, des expositions, des fêtes et des manifestations sportives dans le nord Franche-Comté.

Outils d’accessibilité
Rechercher

Plus de résultats...

Generic selectors
Exact matches only
Search in title
Search in content
Post Type Selectors
Même gratuite,
l'info a un prix

Aidez-nous à installer et développer un site d’informations en accès gratuit dans le nord Franche-Comté !

Votre don est défiscalisable à hauteur de 60% sur vos impôts