Dans le Salon de l’investissement immobilier, le stand de la région Bourgogne-Franche-Comté est bien visible. Son jaune attire l’œil. Ce n’est pas le plus grand ni le plus tape-à-l’oeil des 420 exposants présents pour cette édition 2025, organisée du 9 au 11 décembre, au parc des Expositions de la porte de Versailles, à Paris. Mais il attire.
Avec huit communautés de communes, l’agence économique régionale (AER) – bras armé du développement économique de la région – a porté ce stand. Sur place, le Grand Belfort, le Grand Besançon, Pays de Montbéliard Agglomération, l’agglomération de Nevers ou encore la communauté de communes du Jovinien partagent l’espace. L’idée : « Être visible au niveau régional », résume Arnaud Marthey, le président de l’AER, qui vient tout juste d’être élu ; il avait déjà présidé l’agence économique régional lorsqu’elle n’était que Franche-Comté.
Pendant trois jours, les équipes de développement économique et les élus rencontrent des investisseurs. « Un Salon, cela se prépare », souligne Arnaud Marthey. De nombreux rendez-vous ont été anticipés. Ils ont rencontré des investisseurs qui cherchent du foncier, mais pas seulement. « Les entreprises cherchent des terrains mais aussi de la sous-traitance et des réseaux de compétences », explique Arnaud Marthey. Les investisseurs scrutent aussi de plus en plus les sites à requalifier, compte tenu du foncier qui se raréfie.
Foncier disponible et compétences sur place
Autant d’éléments que confirment un acteur comme Panattoni. L’aménageur, né en 1986 aux États-Unis, est présent en France depuis quatre ans. Il déploie des sites de logistique, des datacenters, des zones d’activités ou encore des sites de messageries ; il construit ainsi un projet à Huningue, à la triple frontière (à découvrir ici). « Plus de 60 % de nos projets sont sur des friches aujourd’hui », indique ainsi Julien Petit, développeur en activité immobilière chez Panattoni, en charge notamment de l’activité Datacenters. Et ce qui l’intéresse, par exemple dans le Territoire de Belfort, c’est aussi la présence de compétences et de formations dédiées à ses activités. « Le sujet des compétence est le sujet n°1 », valide Arnaud Marthey.
Autre atout du nord Franche-Comté, la présence d’une puissance électrique suffisante pour l’industrie automobile. Le retrait de cette filière ouvre une redistribution de la puissance dans la région. Autre force : la proximité de la Suisse et de l’Allemagne. Et pour un acteur comme Panattoni, présent dans 18 pays européens et leader en Allemagne, ce n’est pas neutre. Un projet peut passer d’un pays à l’autre en fonction des besoins. Ou des contraintes. Les territoires avec un passé industriel ont également, selon l’aménageur, une meilleur acceptabilité d’implantation. Et ce n’est pas neutre dans le choix de s’installer dans un territoire. En termes d’acceptabilités, les datacenters apportent justement aujourd’hui des solutions pour réutiliser la chaleur fatale générée par l’infrastructure en la valorisant dans des réseaux de chaleur, ce qui peut convaincre les autorités locales.
Pour faciliter les implantations, le conseil régional a développé un outil qui référence l’ensemble du foncier disponible (lire notre article). Par contre, aujourd’hui, peu de zones, dans la région, ont un terrain de plus de 10 ha prêt immédiatement. « Il faut avoir des capacités d’accueil pour les projets industriels », estime Arnaud Marthey, qui veut justement s’attacher à la question foncière au cours de son mandat. Cet outil OFER BFC a permis a conseil régional d’obtenir une médaille de bronze aux Prix Territoria 2025.
L'enjeu de l'attractivité
Pendant le Salon, le conseil régional a mis l’accent sur l’attractivité, qui se compose de trois facteurs : l’économie ; le touristique ; et l’attractivité résidentielle. Si, en termes économiques et touristiques il y a « de bons résultats », convient Patrick Ayache, conseiller régional, en charge de l’attractivité, ce n’est pas le cas sur l’attractivité résidentielle. Surtout que la région accuse un problème de démographie, qui se cumule à un vieillissement de sa population. « Nous avons un peu plus de mal que d’autres régions à faire venir des habitants », admet l’élu. « La démographie d’un territoire, c’est essentiel pour sa vitalité », appuie-t-il. Elle a donc initié, il y a un an, une expérimentation pour attirer de nouveaux habitants. Une expérimentation qui a concerné 35 collectivités. 12 000 inscriptions ont été référencées sur le site. Au final, 175 foyers se sont installés dans la région, soit 375 personnes, dont 110 enfants scolarisés. Mathieu Dejouy, directeur général du Cner, la fédération des agences d’attractivité, insiste aussi sur l’offre de santé présente pour attirer. « L’endogène conditionne l’exogène », assure-t-il, rappelant que « quand on attire un habitant, on attire un projet de vie ». Enfin, il insiste pour dire que « le développement économique de demain fonctionnera avec le couple entreprise-collectivité ». Le conseil régional va réfléchir, en 2026, à étendre son expérimentation d’attractivité.
