Selectarc est le dernier fabricant français de produits d’apport de soudage et de brasage. Le siège est installé à Grandvillars. L’entreprise est détenue à 100 % par Viellard Migeon et compagnie (VMC), qui possède également Lisi ou Rapala-VMC, l’entreprise qui façonne les hameçons à Morvillars.
Selectarc est le dernier fabricant français de produits d’apport de soudage et de brasage. Le siège est installé à Grandvillars. L’entreprise est détenue à 100 % par Viellard Migeon et compagnie (VMC), qui possède également Lisi ou Rapala-VMC, l’entreprise qui façonne les hameçons à Morvillars. mis à jour le 28 avril à 13h40.
En arrivant dans cette usine de Grandvillars de 8 000 m2, construite en 2014 et installée juste à côté de Lisi, on a du mal à croire que l’on pousse les portes d’un lieu d’exception. D’une entreprise qui fait office, un peu, de dernier des Mohicans dans l’Hexagone. Selectarc produit des consommables utilisés pour souder ou braser. Et c’est la dernière entreprise à le faire en France, notamment en ce qui concerne les électrodes de soudage. Ici et là, dans l’entrepôt d’expédition, on croise notamment des baguettes à souder qui ressemblent à s’y méprendre à des Mikados.
Ces produits de soudure ou de brasage permettent de faire le lien entre deux pièces métalliques ou réaliser des revêtements anti usure sur des pièces mécaniques durement sollicitées. Que ce soit dans l’industrie, la mécanique ou le bâtiment et les travaux publics, on a forcément besoin de faire une soudure ou un brasage. Et quelle image convoque-t-on, quasiment systématiquement, pour parler d’industrie ? « Celle du soudeur », relève à ce titre Jean-Pierre Gebhardt, président-directeur général de Selectarc. « On touche à toutes les activités, qu’elles soient industrielles ou liées au second oeuvre du bâtiment », valide le P.-D.G. Et c’est ce qui fait la spécificité de cette entreprise.
Une longue histoire industrielle
Pour autant, si le savoir-faire de Selectarc est reconnu, la société n’est pas très connue. La nouvelle équipe de direction, en place depuis 2019, cherche justement à accroître la notoriété de l’entreprise et à mettre en avant ses compétences d’exception. Selectarc est détenue à 100 % par la holding Viellard Migeon et Compagnie (VMC), qui comprend aussi Lisi dont le siège est à Grandvillars et les hameçons Rapala-VMC, à Morvillars. L’entreprise porte l’histoire des forges de Saint-Hippolyte, dans le giron de VMC depuis la fin du XIXe siècle. En 1952, VMC y crée une unité de fabrication d’électrodes enrobées. Un produit qui fait toujours le succès de Selectarc aujourd’hui.
En 1999, les forges de Saint-Hippolyte rachètent la société Reboud-Roche, producteur de métaux d’apport pour le brasage et inventeur des alliages cuivre/phosphore “plébiscités” aujourd’hui par les plombiers et les frigoristes, avec leur fonderie, basée à Roche-lez-Beaupré, dans le Doubs. « C’est la dernière fonderie de brasage cuivre-argent de France », insiste Jean-François Petitet, directeur commercial et marketing de Selectarc. Toutes les entreprises de VMC « sont des transformateurs de produits métallurgiques, observe Jean-Pierre Gebhardt. Disposer d’une entité fabriquant des produits de soudage, puis de brasage, répondait donc « à une logique » poursuit-il. Selectarc est le fruit de cette histoire industrielle et le nouveau nom du groupe qui façonne ces produits de soudage et de brasage..
L’entreprise compte 170 personnes dans le monde. 135 sont basées en France, dont une centaine au siège de l’entreprise, à Grandvillars. Les filiales étrangères sont des entités de vente (Canada, Italie, Golfe persique, Inde, Grande-Bretagne). À Grandvillars, on façonne les électrodes de soudage (pour du soudage à l’arc, aux fils TIG et MIG et d’alliages spéciaux) ; « Nous sommes les seuls au monde à faire des fils et baguettes fourrés tubulaire de brasage », complète Jean-François Petitet. À Roche-lez-Beaupré, on fabrique les produits de brasage, grâce à une fonderie qui fonctionne en coulée continue (photos ci-dessous). Selectarc revendique 17 000 références. « Et nous en créons quasiment tous les jours », observe le directeur commercial.
Des produits spécifiques
Pour assurer cette innovation, l’entreprise dispose de deux laboratoires de recherche & développement, animés par huit personnes. « Nous sommes capables de réaliser les essais mécaniques en interne », confie, avec fierté, Jean-François Petitet. Cette capacité d’innovation permet à la PME de se différencier des mastodontes, notamment l’américain Lincoln Electric. « On se démarque par la technicité et le niveau d’innovation », remarque Jean-Pierre Gebhardt. « Nous proposons des produits de petite et moyenne série, des produits de niche », poursuit le P.-D.G. « On nous demande des produits avec des conditions spécifiques, sur la qualité des alliages, la composition, la ténacité… » énumère-t-il. Ils font des produits à façon.
Les capacités de production annuelles
- 1 000 tonnes de produits de brasage à Roche-lez-Beaupré
- 4 000 tonnes d’électrodes à Grandvillars
- 1 500 tonnes de produits de fils de soudage
Avec des produits de cette qualité, Selectarc travaille pour les industries nucléaire, aéronautique, spatiale ou militaire. Mais aussi l’industrie des transports. Parmi ses clients, on note Framatome, Airbus, Ariane Group, Naval Group, Alstom ou encore Dassault… Elle dispose de nombreuses certifications nationales et internationales. Si ses produits sont made in France, Selectarc en exporte la majorité. 50 % du chiffre d’affaires est enregistré à l’export. « Nous sommes une PME, mais très internationale », relève Jean-François Petitet.
Selectarc veut accroître sa visibilité pour accompagner sa croissance. Être plus visible, c’est être aussi plus attractif pour les jeunes talents. Et l’entreprise embauche. Le P.-D.G. cherche notamment un acheteur de bon niveau. « Nous avons besoin de sang neuf », confirme-t-il. La société travaille avec l’université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM) et accueillera bientôt trois apprentis de l’école supérieure des technologies et des affaires (Esta). Selectarc recherche des profils « fiables et volontaires ». Quitte à les former.
« Nous sommes une vieille société qui se modernise à grande vitesse », termine Jean-Pierre Gebhardt. Sur trois ans, la nouvelle équipe dirigeante veut investir 2,5 millions d’euros, notamment dans l’outil de production : automatisation ; digitalisation ; nouvelles machines. Selectarc s’appuie sur les compétences industrielles de Lisi pour améliorer ses outils et ses pratiques. Aujourd’hui, les perspectives sont bonnes. L’entreprise a retrouvé les volumes de 2019, une année où elle enregistrait un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros. Par contre, la hausse des matières premières (lire par ailleurs) complique le modèle. Mais les responsables du site sont prêts à défendre le savoir-faire et poursuivre la longue histoire de la société.
La hausse des matières premières "pénalise" Selectarc
La hausse des matières premières a un impact considérable pour une entreprise comme Selectarc, dont les produits de brasage sont conçus avec des matériaux très nobles comme l’argent ou le cuivre. Le kilo d’argent est par exemple passé de 500 à 700 euros en quelques jours, relève Jean-Pierre Gebhardt ; il dépasse même les 800 euros actuellement. La consommation effrénée de la Chine, consécutive à sa reprise économique, provoque des problèmes d’approvisionnement, « pour avoir en temps et en heure la matière », relève Jean-François Petitet. À la suite de cette frénésie d’achats, on a aussi observé une hausse des coûts de transport (le conteneur coûtait 2 000 dollars il y a deux mois, maintenant, c’est 12 000 dollars) liée à la reprise rapide chinoise et au problème de disponibilité des conteneurs. Mais les industries ne peuvent pas répercuter entièrement ces hausses sur le prix de leur produit, notamment quand ce sont des contrats pluri-annuels avec des constructeurs. Il y a un brin de frustration du côté des dirigeants de Selectarc, car ils observent la reprise, mais ils subissent des retards. Le cours des métaux tire aussi les prix vers le haut, « mais baisse les marges », analyse Jean-Pierre Gebhardt. Les termes des contrats sont aussi de plus en plus durs. « On achète de plus en plus de matières premières et on nous demande plus de garanties et de cash », note le P.-D.G. Ce qui n’est pas simple pour cette PME, en croissance. Selectarc a déjà souscrit deux prêts garantis par l’État pour répondre à ces nouvelles demandes. L’entreprise est sur les rangs pour profiter d’un prêt participatif pour renforcer sa solidité financière. L’histoire du blocage du canal de Suez a eu des conséquences pour Selectarc. Ils avaient des conteneurs à bord de L’Ever Given.