(Article mis à jour le 7 octobre à 11h50)
Ménage et derniers achats. Vendredi 4 octobre, il ne reste plus grand chose dans le magasin Gillet-Lafond, situé dans le boulevard Carnot, à Belfort. Les mannequins sont démembrés, les stands, présentoirs et portants, presque vides. Quelques vêtements trônent encore ici ou là et des habitués font quelques dernières emplettes. -70% pour trois vêtements achetés. -50% à l’unité.
Après 112 ans d’activité, le magasin Gillet-Lafond a fermé ses portes samedi 5 octobre. Une fermeture qui est la conséquence de la liquidation judiciaire de la société MDSA, qui détient la marque de vêtements française Bayard, par le tribunal de commerce de Dijon le 2 octobre. Le groupe était placé en liquidation judiciaire depuis fin juillet 2023. La raison : un chiffre d’affaires qui est passé de 22 millions d’euros en 2019 à 18 millions d’euros aujourd’hui, avec un marché français en berne.
Une recherche de repreneurs était mise en place. Mais cela n’a pas suffit. La société Bayard, qui a habillé Gainsbourg, Claude François et Johnny Hallyday était une emblématique marque de prêt-à-porter pour hommes. Née en 1925 (à Villeurbanne), son siège social se trouvait depuis plus de vingt ans à Quetigny (Côte-d’Or). Le délibéré final a lieu le 8 octobre 2024.
Par téléphone, le dirigeant de l’entreprise depuis six ans, Laurent Vigneron, témoigne, lundi 7 octobre. « La marque Bayard aurait dû être centenaire en 2025.» Il relate la succession de plusieurs crises différentes depuis 2008, dans le milieu du retail. Une crise économique qui a fait évoluer les habitudes avec une réduction des achats de vêtements. Une crise sanitaire, qui a amplifié le phénomène. « Et cela perdure aujourd’hui avec les guerres, la perte du pouvoir d’achat. Il y a eu des accélérateurs.» Laurent Vigneron a repris la société en 2019. Et depuis deux ans déjà, l’entreprise cherchait des solutions avec une stratégie de repositionnement. « Mais les vents contraires ne nous ont pas permis de nous redresser », poursuit-il. Précisant garder une « attention toute particulière envers ses collaborateurs afin qu’ils puissent rebondir ». Car en effet, pour Belfort, comme ailleurs, cela signifie une fermeture de rideaux pour les salariés, qui sont licenciés.
Des locaux de 1 500 m² vont désormais être vidés. En France, ce sont 25 points de ventes qui s’écroulent, selon les derniers statuts de la société. Une cession d’activité qui va occasionner le licenciement économique de près de 130 personnes en France.