Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, et Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, ont présenté ce mardi matin la stratégie pour le développement de la filière hydrogène décarboné. Ce qu’il faut retenir.
Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, et Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, ont présenté ce mardi matin la stratégie pour le développement de la filière hydrogène décarboné. Ce qu’il faut retenir.
« La relance est l’occasion pour la France de se positionner à la pointe des technologies de rupture qui seront au cœur du monde de demain. L’hydrogène décarboné est l’une d’entre elles », annoncent Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, et Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. Ce mardi matin, ils ont présenté les détails de la stratégie de développement de la filière hydrogène décarbonné. 7,2 milliards d’euros sont sur la table, dans le cadre du plan de relance de 100 milliards d’euros annoncé la semaine dernière. 3,4 milliards d’euros sont déjà prévus pour la période 2020-2023.
Ils veulent faire de la France, « le champion de l’hydrogène décarbonné ». Trois priorités sont définies : « La décarbonation de l’industrie pour contribuer à l’atteinte de la neutralité carbone en 2050, le développement des mobilités lourdes à l’hydrogène ainsi que le soutien d’une recherche d’excellente et le développement des offres de formation. » Pour 2030, les installations d’électrolyseurs devront être suffisantes pour garantir une production d‘hydrogène décarbonné de 6,5 GW par électrolyse.
La stratégie sera développée notamment par l’intermédiaire d’appels à projets. Dès cette année, un appel sera par exemple lancé pour construire des Hubs territoriaux d’hydrogène, regroupant collectivités, industriels, pour déployer des « écosystèmes territoriaux de grande envergure regroupant différents usages (industrie et mobilité́), pour favoriser au maximum des économies d’échelle ». 275 millions d’euros sont fléchés d’ici 2023.
Une gigafactory d’électrolyseurs ?
Un autre appel à projet, doté de 350 millions d’euros, et intitulé Briques technologiques et démonstrateurs, « vise à développer ou améliorer les composants et systèmes liés à la production et au transport d’hydrogène, et à ses usages tels que les applications de transport ou de fourniture d’énergie », indique le dossier de presse relatif à cette stratégie. On annonce en 2021 la construction d’un projet d’intérêt européen, à l’image de l’Airbus des batteries. « Ce projet pourra également concerner des projets de «gigafactory» d’électrolyseurs en France, ainsi que l’industrialisation d’autres briques technologiques (piles à combustible, réservoirs, matériaux…), dans une logique d’intégration de la chaîne de valeur au niveau européen », indique le dossier de presse. Une dotation financière de la France de 1,5 milliards d’euros est réservée à cette action.
En 2021, un troisième appel à projet portera sur un programme prioritaire de recherche (PPR), intitulé « applications de l’hydrogène ». Doté de 65 millions d’euros, il « permettra de soutenir la recherche en amont et de préparer la future génération des technologies de l’hydrogène (piles, réservoirs, matériaux, électrolyseurs…) ». 30 millions d’euros sont aussi destinés à la formation, qu’elle soit initiale ou continue, « pour développer les compétences ».
« Souveraineté industrielle et énergétique »
« L’État a pris conscience de l’énorme potentiel de l’hydrogène propre pour l’avenir, tant pour l’économie, la création d’emplois, l’environnement, que pour l’autonomie énergétique de la France », apprécie le député européen Christophe Grudler (MoDem), qui rappelle l’objectif de créer de 50 à 100 000 emplois dans l’Hexagone. Selon lui, la France est le pays qui investit le plus sur l’hydrogène, « par rapport à son niveau de PIB ». Le député salue également que le fléchage du financement soit destiné aux entreprises françaises qui innovent dans la filière hydrogène, pour éviter « les erreurs des précédents plans d’aide aux panneaux solaires par exemple, qui avaient renforcé́… les fabricants asiatiques ».
L’enjeu, « c’est notre souveraineté industrielle et énergétique, c’est la création d’emplois et d’usines, c’est un engagement vers des marchés porteurs pour l’avenir, c’est notre engagement au cœur de la transition écologique », estime de son côté le député LREM du Doubs, Denis Sommer. « La Région Bourgogne-Franche-Comté et le Nord-Franche-Comté possèdent tous les atouts pour s’inscrire comme des territoires porteurs, novateurs et pilotes de la filière hydrogène », poursuit-il.
De son côté, le collectif Entrepreneurs for hydrogen appelle de ses vœux à que la France soit le champion de l’hydrogène, « grâce aux actions concertées de tous les acteurs de l’amont à l’aval de l’hydrogène, sur l’ensemble des territoires ».