10 heures de négociations. Les partenaires sociaux ont étiré leurs échanges, ce jeudi 20 février, pour les négociations annuelles obligatoires (NAO) chez Stellantis France. Au bout de six rounds, la direction a proposé une enveloppe de 2,1 % de la masse salariale consacrée aux augmentations générales et individuelles. Mais les organisations syndicales n’ont rien signé : elles attendent la publication des résultats du groupe automobile, le 26 février, pour se positionner en faveur ou contre cette proposition. « La rémunération se regarde de manière globale », justifie Laurent Oechsel, délégué syndical central CFE-CGC. Il n’y a pas que le salaire qu’il faut prendre en compte dans la rémunération ; il y a aussi les primes, l’intéressement, les variables… Des éléments qui se déclenchent en fonction des résultats du groupe, qui se mesurent en regardant le chiffre d’affaires, mais aussi (et surtout) la trésorerie. Et en fonction de ces résultats, des variables ne se déclenchent ou pas. De fait, en cas de résultats moindre, notamment sur la trésorerie, une partie des salariés n’aurait aucune évolution de salaire. Une situation qui pourrait décider de signer ou non la proposition de la direction si elle est jugée insuffisante, globalement.
« Le résultat final reste en dessous de nos revendications », regrette, par ailleurs la CFDT, à l’issue de ces 6 rounds. Elle rappelle que le « niveau atteint lors des [dernières] négociations salariales restait très insuffisant pour maintenir le pouvoir d’achat des salariés ». « La modération salariale, justifiée par une rigueur économique, [était] devenue un outil stratégique pour Stellantis qui cherche à préserver sa marge depuis des années au détriment de la reconnaissance salariale », replace, de son côté, la CFE-CGC. D’ajouter : « Les salariés ne sont pas responsables des conséquences d’une politique conflictuelle et de court terme qui a induit une baisse de notre performance économique dans la précédente gouvernance. » Une attaque à peine voilée adressée à Carlos Tavares, directeur général débarqué à l’automne (lire notre article).
Stellantis : les syndicats pas convaincus par les négociations salariales
En 2024, selon l’Insee, les prix ont augmenté de 1,4 % en janvier 2025, sur un an. Si la CFDT valide le niveau de l’enveloppe globale, au-dessus de l’inflation (2,1 %, réparties entre une part d’augmentation générale et une part d’augmentation individuelle), « les augmentations générales ne permettront pas de couvrir l’inflation pour toutes les catégories socio-professionnelles », interpelle-t-elle. Les cadres, par exemple, n’ont aucune augmentations générales. Les syndicats regrettent aussi un planning très tardif de distribution des augmentations individuelles, « sans rétroactivité », réparties en mai, juillet et en fin d’année. « Nous sommes très loin du compte », critique la CGT, qui réclame une augmentation de 400 euros pour tout le monde. « Cette année encore, les bénéfices se compteront en milliards d’euros, dénonce le syndicat contestataire. Mais Stellantis préfèrera encore les brûler en rachats d’action et en milliards d’euros de dividendes au lieu d’en redistribuer. » La CFE-CGC demande aussi de « rééquilibrer le partage des richesses », de travailler une « vraie performance sociale » pour faire « baisser la tension dans les établissements ».
Si les syndicats ne signent pas la dernière proposition de Stellantis, la direction reviendra à sa 4e proposition ; l’enveloppe globale des augmentations générales sera établie à 1,9 %.
