« On ouvre au sponsoring le forum hydrogène », indique Thierry Tournier, président du pôle véhicule du futur, organisateur du Forum Hydrogen business for climate, programmé les 1er et 2 octobre 2024, à l’Axone, à Montbéliard. C’est la 4e édition sous ce format. . Et ce sponsoring n’est pas ouvert qu’aux industriels de la filière prévient-il. « Nous ouvrons les portes de l’hydrogène aux autres entreprises », indique-t-il, listant, à titre d’exemples, l’hôtellerie, la restauration, ou encore l’univers des assurances. C’est l’occasion de « de s’afficher auprès de cette filière », note le président. « Nous sommes de plus en plus sollicités », confirme-t-il. De nombreuses entreprises souhaitent comprendre cette filière et prendre part à cette « aventure ». « Ils ont compris qu’il se passe quelque chose », analyse Thierry Tournier.
La construction d’usines (McPhy, Forvia, Inocel), l’ouverture de la station hydrogène de Danjoutin, la circulation de bus hydrogène dans l’agglomération belfortaine suscitent curiosité et intérêt. Avec la station, on produit localement la molécule d’hydrogène. C’est une révolution en termes énergétique. Le club hydrogène régional, porté par le pôle, compte 77 membres. « Nous avons réussi à intéresser », se réjouit Thierry Tournier. « Les acteurs économiques [doivent] comprendre que la filière hydrogène leur tend la main », résume-t-il. C’est l’occasion, poursuit-il, de « bénéficier du rayonnement du monde hydrogène ». Le forum, lui, diversifie aussi ses ressources, alors que c’est un « outil » précieux pour continuer de « mailler l’écosystème et accompagner les projets ».
« Le potentiel reste intact »
Actuellement, la filière semble marquer le pas ; les commandes ont dû mal à se concrétiser et quelques incertitudes subsistent à l’échelle nationale quant à la stratégie globale, au soutien aux projets de mobilité dans cette stratégie et à l’accompagnement de l’État. « Le temps du déploiement va être long », replace Thierry Tournier, qui reconnait l’existence de quelques « incertitudes ». Des doutes qui ne remettent absolument pas en cause la filière.
« Le temps de l’industrie est un temps long, indique cet ingénieur d’Alstom. Je n’ai pas d’inquiétude sur la pertinence de ces solutions. » Il rappelle une prédiction de France hydrogène. Le coût global d’un produit (TCO, pour total cost of ownership) de cette technologie devrait s’équilibrer en 2030 par rapport aux autres solutions, avec des rendements qui vont continuer de croître, baissant les coûts. La demande va aussi tirer les prix. Et Thierry Tournier de rappeler un élément clé : « Ici, toute la chaîne de valeur hydrogène est présente. » Le nord Franche-Comté fabrique des réservoirs, des piles à combustible, des électrolyseurs. Il dispose des compétences pour les tester et les intégrer dans des véhicules.
« La technologie reste intrinsèquement très pertinente [pour la mobilité] », souligne-t-il, notamment pour les transports lourds, où la batterie n’est pas une option lorsque les camions circulent constamment, sans temps de pause pour une recharge. Le pôle véhicule du futur porte justement un projet de corridor Rhin-Rhône, dans lequel il veut engager un projet de décarbonation de la mobilité lourde. 12 000 camions circulent sur l’A36 chaque jour ; 30 % du trafic est régional. L’enjeu de ce projet, qui regroupe les transporteurs régionaux, est de multiplier les solutions pour réduire la pollution de ces camions : report modal vers le train ou le transport fluvial ; decarbonation des motorisations en ayant recours à la batterie, l’hydrogène-électrique ou au moteur à combustion interne hydrogène.
Thierry Tournier est conscient que l’appui à la demande est essentiel pour garantir un décollage de la filière. Mais il rappelle aussi que les subventions de l’État ne sont pas les seuls leviers possibles. Il insiste sur le poids de la réglementation, qui doit contraindre à l’avenir le recours aux énergies fossiles, renforçant alors l’attractivité et la pertinence des solutions hydrogène. « On a besoin d’une confiance sur le temps long », insiste Thierry Tournier. De conclure : « Le potentiel reste intact. »
- Contacts : Sabine Jean Lambert, commissaire du Forum Hydrogen business for climat. mail : sjl@vehiculedufutur.com | Tél. : 06 26 48 87 74