La société McPhy est en grande difficulté. Elle ne survivra pas à cette période de doutes de la filière hydrogène. Mais son activité, peut-être. Et c’est bien l’enjeu des semaines actuelles.
Une procédure de conciliation avait été ouverte le 10 mai. Un appel d’offres de reprise en plan de cession avait été lancé. Une offre partielle avait bien été déposée, par John Cockrill. Dans cette continuité, une procédure de redressement judiciaire avait donc été engagée. Une nouvelle date de dépôt d’offres avait été fixée au 13 juin, pour permettre des offres de reprise sur la totalité ou une partie des actifs ou activités de McPhy. Les offres étaient étudiées par le tribunal de commerce ce mardi 24 juin. Le délibéré sera rendu le 8 juillet.
Selon nos informations, trois offres ont été étudiées ce jour par le tribunal : celle du Belge John Cockrill (lire notre article) ; celle d’Hynamics, filiale d’EDF ; et celle d’Atawey. Atawey installe des stations hydrogène et a déjà racheté à McPhy sa partie « station hydrogène », en 2024. Hynamics conçoit et exploite des stations de production d’hydrogène, dont celle de Danjoutin (lire notre article) et des usines de fabrications de carburant de synthèse pour le transport maritime et aérien. John Cockrill est un groupe qui intervient dans le domaine de l’énergie, de la défense ou encore dans l’industrie. En Alsace, il dispose d’une usine de fabrication de cellules de stack, éléments essentiels des électrolyseurs. Il dispose d’une usine d’électrolyseurs en Belgique.
Un projet industriel pour l’usine McPhy de Foussemagne ?
L’enjeu de la reprise de McPhy réside dans l’utilisation de l’usine de 22 000 m², inaugurée en juin 2024 à l’Aéroparc de Fontaine, d’un coût avoisinant les 30 millions d’euros. Il est nécessaire qu’elle soit dédiée à de la production si l’on veut qu’elle crée de l’emploi en volume (lire notre article) et que l’usine ne soit pas une coquille vide (lire notre article).
« Nous avons pris connaissance des différentes offres et celle de John Cockerill propose un véritable projet industriel qui préserve la quasi-totalité des emplois locaux. Pour le moment, nous ne souhaitons pas réagir d’avantage, répond Damien Meslot, président Les Républicains (LR) du Grand Belfort, sollicité après l’audience. Nous communiquerons le 8 juillet lorsque le tribunal se sera prononcé. » De son côté, le député européen Modem, Christophe Grudler, indique que le dossier est suivi de près par l’Élysée et le ministère de l’Économie. « Parmi les offres remises, il semble bien y avoir de quoi assurer la pérennité du site de Belfort-Fontaine en sauvegardant un maximum d’emplois, malgré un marché de l’hydrogène au démarrage incertain, note-t-il. Mais c’est évidemment au tribunal de prendre sa décision. Attendons le délibéré du 8 juillet. »
Sollicité à plusieurs reprises, McPhy n’a pas répondu. La société n’avait pas non plus publié de communiqué de presse, ce mardi soir, à l’adresse des marchés financiers.