« L’éolien, ça va exploser », garantit Florent Karcher, délégué du personnel CFE-CGC de l’entité Onshore wind de General Electric, spécialisée dans l’éolien terrestre. Le siège est à Nantes. L’entité dispose d’une douzaine de bases de maintenance d’éoliennes terrestres en France et emploie environ 150 personnes estime le délégué du personnel, basé à Belfort. Une douzaine de personnes travaille dans la cité du Lion. GE Onshore Wind dispose également d’une base de maintenance à Autechaux, à côté de Baume-les-Dames (Doubs). L’équipe, composée d’une dizaine de personnes, gère un parc de 57 éoliennes, réparties sur six sites dans le Doubs, dont des équipements à Rougemont, Autechaux ou encore sur le parc éolien du Lomont. Cela représente une puissance de 150 MW.
Pourtant, le conglomérat américain envisage de supprimer 25 % de ses effectifs mondiaux. 570 postes sont menacés en Europe, comme le rappelait l’AFP au mois d’octobre. « Selon GE, nous vendons à perte, nous avons des problèmes de qualité et nous devons nous réorganiser », annonce Florent Karcher, en replaçant les arguments de la direction. Il ne nie pas les pertes de l’entité, le creux de l’activité, ni les problèmes des coûts liés à la hausse des matières premières et à des problèmes de qualité. Les volumes installés sont aussi inférieurs aux prévisions souffle une source proche de la direction. “Nous nous adaptons à la réalité du marché”, indique cette même source. «Au cours des dernières années, l’activité éolienne terrestre de GE en Europe a été confrontée à une volatilité et à des défis importants», avait justifiée la direction d’Onshore Wind dans une lettre adressée aux salariés, comme le rapportait l’AFP. Mais Florent Karcher estime surtout que ces arguments cachent une autre réalité… La scission de la branche énergie de General Electric, nommée aujourd’hui Vernova, programmée en 2024. Et pour garantir la capitalisation boursière dans un an, il faut rendre l’entité « sexy ». Donc diminuer les charges en réduisant la masse salariale. « Ce ne sont que des raisons financières et court-termistes », déplore Florent Karcher.
Surcharge de travail
Le départ de Jérôme Pécresse (lire notre article) de la direction monde de la branche énergies renouvelables, à laquelle appartient Onshore Wind, a déjà entraîné le rapatriement de certaines activités (marketing, ventes, finances) vers les États-Unis indique le délégué du personnel. Pourtant, les perspectives de l’éolien sont bonne. « Le marché va être florissant », appuie Florent Karcher. Et de poursuivre : « Tout le monde essaie de faciliter les implantations. » Il dénonce donc une politique qui va mettre en difficulté les équipes par la suite, lorsque le marché va décoller. « La médecine du travail a déjà alerté la direction sur les conditions de travail des coordinateurs de maintenance », souffle-t-il. Des analyses qui dénonçaient une surcharge de travail qui entraînerait une fatigue élevée, problématique alors que ces salariés montent sur les éoliennes et évoluent dans des zones dangereuses et accidentogènes. Il redoute que la charge de travail entraine des « conditions de travail inacceptables » pour ceux qui restent, car les compétences auront disparues. « Nous devons sauver les postes qui entraineraient des risques psycho-sociaux pour les salariés qui restent », insiste-t-il. Le syndicat a organisé ce mardi une grève dans l’entité, pour réclamer des augmentations dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO), compte tenu « des efforts que les salariés restants auront à fournir ».
Le plan prévoit le départ de 35 % des cadres de l’entité en France, soit vingt-hui personnes. Le délégué syndical appelle la direction « à conserver les compétences essentielles dans le cadre du rebond prévu en 2024 ». « Le bien-être de nos équipes et le dialogue social sont nos priorités », assure General Electric, sollicité. « Dans nos discussions avec les partenaires sociaux, notre objectif est de trouver une solution qui soit juste tout en permettant à l’activité éolien terrestre de retrouver le chemin de la compétitivité », a-t-il complété dans une communication transmise par mail. Florent Karcher de conclure : « Il se tire une balle dans le pied. » Pour des logiques exclusivement financières. La procédure a été lancée au mois de novembre. Les délégués du personnel doivent rendre leur avis sur le plan de sauvegarde de l’emploi le 8 février.