Les Eurockéennes de Belfort ont annoncé les 17 premiers noms de la 31e édition du festival. Dans un contexte social et sécuritaire tendu, la direction a rappelé l’essence de son projet : associatif. Et annoncé déposer un recours au tribunal administratif contre la demande de remboursement des frais de sécurité. Car le festival se sent pris à la gorge et l’a notifié au ministre de la Culture dans un courrier auquel nous avons eu accès (MAJ, le 15/12/18, à 14h05).
« Etait-ce le bon timing pour annoncer une fiesta ? » interroge Jean-Paul Roland, le directeur des Eurockéennes, juste avant de révéler les 17 premiers noms qui composent la line-up de l’édition 2019 des Eurockéennes de Belfort, ce vendredi matin. Le contexte social tendu ou l’urgence attentat à la suite de la fusillade de Strasbourg. La question méritait d’être posée. « En même temps, poursuit-il, ces grands rassemblements sont devenus nécessaires. C’est un antidote à la crise. »
Le contexte ne lui est pourtant pas favorable. Il s’en est alarmé dans un courrier adressé au ministre de la Culture, Franck Riester, le 11 décembre. « Le secteur [est] fragilisé par une concurrence accrue, écrit-il avec Paul-Henri Wauters, co-président de la fédération internationale de festivals De Concert, par une hausse vertigineuse des cachets artistiques, mais également [par] une baisse constante des subventions publiques notamment issues des collectivités locales. » Cette concurrence est symbolisée par l’arrivée de grands groupes industriels du divertissement qui détiennent les festivals, les salles, les systèmes de billetteries voire les datas… « Le nerf de la guerre », souffle Jean-Paul Roland.
Une circulaire qui fragilise
À cela s’ajoute « la forte hausse des coûts de sécurité, amplifiée par la récente publication d’une instruction ministérielle relative à l’indemnisation des services d’ordre et qui nous interroge désormais sur la pérennité de nos manifestations », regrettent-ils également. Étant donné le contexte strasbourgeois, Jean-Paul Roland n’a pas voulu s’étendre sur le différend l’opposant à la préfecture du Territoire de Belfort. À la règle des 4 P (produit, prix, publicité, public) énoncée par la préfète Sophie Élizéon dans nos colonnes, il a préféré évoquer celle des 3 E : énergie, expérience et engagement. Le débat semble s’axer autour du caractère lucratif de la structure ou de l’événement. Jean-Paul Roland a donc présenté une ancienne convention avec la préfecture ou une facture de la gendarmerie nationale sur lesquelles est clairement stipulé l’aspect non-lucratif du festival. Et a rappelé un détail : depuis 1989, le festival n’a pas changé de statut. Il est associatif.
La sécurité et l'accueil: 31 % du budget
Au-delà des divergences, Les Eurockéennes s’inquiètent aujourd’hui de cette nouvelle charge financière, des différentes appréciations locales, mais surtout des inégalités territoriales vis-à-vis des besoins en termes de sécurité. Une sécurité (9%) et l’accueil (22%) qui représentent désormais 31 % des dépenses du festival (les cachets, 40 %), dont le budget s’élève à 9,3 millions d’euros. Sur un billet de festival envisagé à 50 euros, la technique et la sécurité équivalent ainsi à 16 euros (détail ci-dessous). Quand on sait que les recettes propres représentent 91 % du budget, on saisit le dilemme. Et l’inquiétude pour l’avenir. Face à ce constat, le festival dépose ce samedi un recours à la direction départementale des finances publiques, puis au tribunal administratif, pour contester la facture liée aux coûts de la sécurité présentée par les services de l’État.
Les nouveautés qui ont filtré
Chaque année, on cherche les nouveautés, les surprises… Pour la 30e, on avait eu la Patrouille de France ou les fresques de Saype. En 2019, les Eurockéennes reconduisent le chapiteau de la Greenroom, affirmant ainsi son identité. Des comédiens de stand-up devraient également être de la partie afin d’ouvrir la scène chaque jour. Une grande roue revient, mais en plus grand.