18 stands alimentaires, sur 49, ont opté, lors de la dernière édition des Eurockéennes de Belfort, pour de la vaisselle consignée (lire notre article). Un dispositif mis en place par le festival, qui cherche à réduire ses déchets et à limiter son empreinte carbone. Un dispositif d’ampleur, pour une première édition, alors que le festival We Love Green, qui se présente comme un laboratoire de l’écologie, a mis en place une telle initiative, mais seulement à l’échelle de dix stands.
« Nous devons être vigilant sur notre impact environnemental », assure Jean-Paul Roland, le directeur de l’évènement. L’action permet d’éviter 3,6 tonnes de déchets a calculé le festival. Surtout, l’opération a permis « d’augmenter la circonférence du cercle vertueux », ajoute-t-il. S’ils le souhaitaient, les festivaliers pouvaient redonner les deux euros de la consigne aux Restos du Cœur, qui tenaient les stands et assuraient la logistique de la vaisselle. Une trentaine de bénévoles de l’association s’est mobilisée pour assurer la mission. Grâce à cette démarche, 10 300 euros ont été collectés et redonnés à l’antenne départementale du Territoire de Belfort des Restos du cœur ; le chèque a été remis ce lundi 30 octobre. « Nous avons réussi à ce que plus de 5 000 festivaliers fassent don de leur consigne », apprécie Jean-Paul Roland, qui ne s’attendait pas à une telle réussite.
« On ne peut pas être en faillite »
Ce don sera d’autant plus le bienvenu pour la délégation départementale que la situation des Restos du Cœur est délicate. Du 1er mai 2022 au 30 avril 2023, les Restos du Cœur ont accueillis à l’échelle nationale 1,3 million de personnes, contre 1,1 million pendant l’exercice précédent, soit une hausse de près de 20 % des bénéficiaires. « Le nombre de personnes accueillies a augmenté de manière considérable », valide Dominique Ory, le président de la délégation départementale des Restos du Cœur. Le nombre de repas distribués a suivi, passant de 142 à 171 millions, en un an à l’échelle nationale. Et les observations locales confirment la tendance. Les gens « subissent de plein fouet la crise énergétique et inflationniste », observe Dominique Ory. « Ces crises touchent les plus démunis », interpelle-t-il.
Cette situation place Les Restos du Cœur dans une situation financière délicate ; chaque semaine, ils dépensent 5 millions d’euros en achat de nourriture, à l’échelle nationale. Pour faire face, ils ont donc décidé de geler les barèmes, qui seront les mêmes été comme hiver. Mécaniquement, des personnes précédemment accompagnées ne le seront plus. Et le nombre de repas distribués sera aussi réduit. Les personnes seules recevront sept repas pour la semaine contre neuf auparavant. Et les familles recevront quatre repas par semaine et par personne du foyer contre six auparavant. Une nécessité pour que l’association survive, financièrement. « On ne peut pas être en faillite », insiste Dominique Ory.
L’aide des Eurockéennes est destinée à l’antenne locale. Elle servira « à aménager le futur centre », indique l’association. Elle cherche en effet à ouvrir un nouveau centre de distribution à Belfort Nord, pour soulager le centre Bartholdi, aux Résidences. « Nous avons des pistes », confirme Dominique Ory, qui ne peut pas encore les énoncer. Dans le Territoire de Belfort, 1 759 familles sont accompagnées, soit 4 178 personnes. À Belfort, 1 346 familles sont aidées, soit 3 195 personnes.
Poursuite de la consigne
L’opération de vaisselle consignée sera renouvelée par Les Eurockéennes. L’idée, évidemment, est d’étendre le dispositif, ce qui représente un sacré défi logistique (lire notre article). Le festival affronte quand même deux contraintes : la capacité de nettoyage, tant en termes d’équipements que de main d’œuvre ; et que tous les produits alimentaires aient une vaisselle adaptée, ce qui n’est pas encore le cas, par exemple, pour les pizzas. Le festival fait donc le choix « de rester sur le volontariat », indique Jean-Paul Roland. Ce sont les stands qui décident s’ils s’investissent dans l’opération. De nouveaux lieux – à l’instar de la place des Chefs – pourront être créés, dans lequel la dynamique pourrait être insérée directement. Le premier bilan « est super positif », salue Jean-Paul Roland. Des ajustements seront sûrement apportés au dispositif, notamment sur les heures d’ouverture ou le positionnement des stands de déconsigne.