Cosplayeuse professionnelle, Sonia (alias Cinderys) ouvre les coulisses de sa profession, à l’occasion d’un concours organisé à la Necronomi’Con.
Lune Hornn
Cosplayeuse professionnelle, Sonia (alias Cinderys) ouvre les coulisses de sa profession, à l’occasion d’un concours organisé à la Necronomi’Con de Belfort, les 30 avril et 1er mai. Derrière les apparences, un métier complexe à la charge de travail spectaculaire.
1er mai ou pas, Sonia est jury pour les concours cosplays tout le week-end à Belfort. La Necronomi’Con, la convention geek et cultures asiatiques de la cité du Lion, est l’occasion d’enfiler l’étoffe de son personnage préféré le temps d’une journée. Mais ce n’est pas Sonia qui passe les portes de la convention, c’est Cinderys, son avatar professionnel. Pour l’occasion, la cosplayeuse revêt une création personnelle qu’elle a nommé l’Oracle. Longue cape brune aux bordures de fourrures blanches, crânes de corbeaux qui pendent à la taille ou qui trônent au centre de sa coiffe digne d’une reine des ténèbres, l’ensemble fait son effet, c’est certain. Mais derrière les longs cheveux sombres et les immenses cornes intimidantes, c’est un chaleureux sourire qui se dessine sur les lèvres noires de la jeune femme.
“Je pense cosplay, je vois cosplay, je vis cosplay”
“J’aime me qualifier de troubadour, à mi-chemin entre la comédie et l’artisanat”, dévoile-t-elle. Pour que Cinderys existe, il faut que Sonia se transforme. De la création du design originel à la performance physique, les aptitudes de la jeune femme attestent des exigences de la profession. Elle doit notamment s’occuper de la publication de tuto, de la vente de ses dessins et de ses patrons, de la couture, de la peinture sans oublier le mannequinat, les retouches photos, la gestion comptable et de l’incontournable alimentation des réseaux sociaux.“Dans la profession, on en vit tous un peu différemment, mais normalement, on ne peut pas faire ça seule, ou alors il faut avoir un grain”, confie-t-elle avec un large sourire qui ne quitte jamais son visage. Car ce grain, Sonia l’assume complètement. “Je travaille entièrement seule, je suis carrément folle.” Elle a beau en rire, son investissement et sa passion force l’admiration. “Je pense cosplay, je vois cosplay, je vis cosplay. Quand je suis au cinéma, j’imagine comment reproduire les costumes. Quand je fais les magasins, je suis fasciné par les tissus et les matières.”
Derrière les apparences et les stéréotypes, le métier est à l’origine de nombreux burn-outs.
“Même en ayant refusé de nombreuses offres, sur les 4 derniers mois, j’ai travaillé plus de 1 800 heures”, replace la jeune femme. Il faut de l’endurance, mais aussi une condition physique. “Pour porter le costume sur lequel je bosse, je fais des pompes tous les jours”, témoigne notamment Sonia. Pour certains concours, il faut rester debout pendant des heures, parfois en plein soleil. L’artiste l’assure, dans ces conditions, les malaises sont chose courante. Certains costumes ne permettent même pas de s’asseoir ou de se rendre aux toilettes. Alors, les professionnels développent des techniques. Avant sa transformation en Cinderys, Sonia à un rituel d’hydratation. Deux heures avant d’enfiler son armure, elle boit toute l’eau possible et se soulage afin d’être tranquille pour la journée. Le soir après un long événement, dès que son costume est retiré, elle boit à nouveau pour éviter la déshydratation.
Le choix du spectacle
“Ce n’est pas que du Cosplay, c’est du temps et de l’argent”, insiste Sonia. Ce n’est pas qu’un jeu. C’est une activité. Il y a des enjeux. Il faut assurer les performances. Ce sont aussi des sacrifices. Quand, à 20 ans, elle a découvert la pratique, elle s’est investie entièrement. Tous les soirs après la fac et tous les week-ends étaient consacrés à sa nouvelle passion. À force d’investissement personnel mais aussi financier, elle élabore aujourd’hui ses propres pièces et vend même ses croquis. Son domaine, ce sont les armes, les armures et les guerrières. “J’aime les personnages dans lesquels je peux m’amuser, des personnages puissants, parfois presque creepy”, détaille-t-elle. Malgré le côté sombre de ses choix artistiques, on sent bien que le cœur de son travail, c’est le partage. Mille casquettes, c’est le prix à payer pour donner vie à ces personnages incroyables et fabuleux qui font briller les yeux des amoureux de fantaisie. Qui illumine un public, lui aussi aux mille visages.