Jade Belleville
Un contrôle de carte d’identité, un portail métallique, trois sas de sécurité, le rappeur Pierre Hugues José et son équipe entrent dans la maison d’arrêt de Belfort et se dirigent dans une salle de l’établissement. Ce vendredi 5 juillet, la maison d’arrêt de Belfort accueille des invités plutôt inhabituels. Alors que le site du Malsaucy est en plein festival des Eurockéennes, la maison d’arrêt reçoit, elle-aussi, un concert.
L’intérieur d’une des salles de l’établissement a été transformé en salle de concert : enceintes éparpillées sur le sol, table avec platines, régie improvisée. Tout est prêt pour accueillir la performance du rappeur franc-comtois, Pierre Hugues José. « [Ce concert] s’inscrit dans un programme plus large d’actions d’insertion et de réinsertion », explique Gwendoline Larique, coordinatrice culturelle de la maison d’arrêt de Belfort. Au même moment, les 17 personnes détenues venues assister au concert arrivent petit à petit.
Une fois les spectateurs installés à leur chaise, le rappeur commence à chanter plusieurs de ses sons. Au fur et à mesure des musiques, des pieds rebondissent, des têtes se secouent en rythme, quelques pas de danse sont même improvisés. Gwendoline Larique le rappelle, « ce n’est pas un simple concert », c’est surtout un moment « d’échanges ». Apres quatre sons de sa discographie, Pierre Hugues José passe très vite son micro. Malgré des débuts hésitants, un premier détenu s’en saisit et commence à se lancer dans un freestyle, accompagné par la musique du rappeur. Il enchaîne plusieurs musiques écrites par lui-même. A chaque changement de son, des encouragements et des applaudissements se font entendre de la part de ses congénères.
« Je voulais voir ce que cela pouvait donner »
Pour Pierre Hugues José, cette expérience était une première. « Je voulais voir ce que cela pouvait donner », sourit le rappeur. Les Eurockéennes lui ont proposé de faire ce concert et il a accepté alors de performer dans ce lieu plutôt atypique. Originaire de Besançon, mais ayant grandi à Vesoul, il décrit dans ses textes son territoire. Mais il insiste, ce n’est pas du chauvinisme : « Il faut savoir d’où l’on vient pour aller où l’on va. », précise-t-il. Destiné d’abord à travailler dans des laboratoires, il passe son doctorat de neuroscience. Pierre Hugues José enchaîne licence, master puis doctorat, mais il se rend compte que ce n’est pas ce qu’il aime. Ce qu’il veut, c’est enseigner mais les places sont rares et difficiles. « Tant qu’à en chier autant aller dans la musique », rigole-t-il
En revanche, pour les détenus, ce n’est pas le premier événement de ce genre. « Il y a des activités culturelles constamment », indique Gwendoline Larique. Divers ateliers sont proposés comme de l’art-thérapie ou de la médiation avec des animaux. Mais la coordinatrice souligne l’importance de mener des actions avec des acteurs locaux. Pour ce partenariat avec les Eurockéennes, la maison d’arrêt ne « cherchait pas forcément des têtes d’affiche, mais plutôt des personnes locales ».