La 31e édition des Eurockéennes de Belfort se déroule du 4 au 7 juillet, sur la presqu’île du Malsaucy. Les organisateurs viennent de dévoiler la plus grande partie de la programmation. On insiste sur les valeurs qui façonnent ce festival : associatif, solidarité ou encore environnement.
La 31e édition des Eurockéennes de Belfort se déroule du 4 au 7 juillet, sur la presqu’île du Malsaucy. Les organisateurs viennent de dévoiler la plus grande partie de la programmation. On insiste sur les valeurs qui façonnent ce festival : associatif, solidarité ou encore environnement. Jean-Paul Roland, le directeur, explique pourquoi (notre dossier complet).
Un logo “100 % associatif” est apparu sur vos outils de communication. Pourquoi insister sur cette dimension cette année ?
Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée de label ; les Vieilles-Charrues et le Hellfest le font aussi. C’est important alors que nous observons une tendance à l’industrialisation des festivals, même si nous sommes également dans le secteur privé, car nous sommes une association. Nous vendons certes des billets, mais nous sommes une structure particulière, à but non lucratif. Il est important de rappeler cette dimension aux gens. Ce label veut dire que ce festival, à côté de Belfort, qui accueille Nekfeu, diffuse aussi des valeurs. Derrière les artistes, derrière l’affiche, derrière les dates, il y a de la solidarité, il y a des actions menées toute l’année et des traces laissées sur le territoire sur lequel nous sommes.
Vous rappelez aussi le caractère politique, au sens noble du terme, de ce festival, créé il y a 30 ans. Pourquoi est-ce important de le redire ?
Nous n’avons pas inventé le festival. Il a été inventé par Christian Proust. Et depuis 1989, les statuts de l’association n’ont pas changé. Ils sont clairs : organiser une grande fête pour la jeunesse et promouvoir les valeurs en relation avec cette jeunesse. Cela ne nous dit pas qu’il faut faire NTM, mais cela nous dit de créer une expérience de vie. Ce sont ces principes que nous voulons défendre. Le conseil départemental a inventé cette affaire et il est relativement fier qu’elle n’ait pas bougé d’un iota.
Nous connaissons la volonté des Eurockéennes de promouvoir les découvertes. Nous voyons aussi des artistes venus récemment*. Qu’est-ce que cela veut dire de la programmation, alors que l’on constate une augmentation des cachets et des coûts…
Si nous regardons bien, les deux tiers ne sont jamais venus aux Eurockéennes (66,6 % des 57 groupes annoncés jusqu’à aujourd’hui, NDLR). Après, il y a aussi de nombreux artistes – Christine & the Queens, Angèle, Jain, ect. – qui reviennent avec une actualité. C’est aussi le rôle du festival d’avoir cette actualité. D’un autre côté, j’entends bien que les cachets peuvent être un peu forts… Il est vrai qu’il y a certains artistes que nous ne pouvons plus avoir. Même au début des Eurockéennes, c’était peut-être le cas. Nous avons eu des artistes comme Cold Play ou Kanye West ; ils pourraient difficilement revenir compte tenu de leur cachet. Mais c’est tout à l’honneur des Eurockéennes de ne pas construire un festival autour d’un groupe. Au final, les groupes qui reviennent sont aussi des groupes qui nous ressemblent.
N’est-ce pas aussi de la responsabilité d’un festival français de programmer des artistes francophones ?
Bien entendu. Il y a aussi le fait que la musique dite hip hop et urbaine française marche beaucoup en ce moment. Nous voyons bien l’engouement sur les réseaux sociaux et les demandes de faire venir les nouvelles jeunes stars du hip hop. Nous essayons d’avoir un équilibre car nous sommes un festival généraliste. Il peut y avoir le fan de rock très pointu et le collégien qui vient découvrir ce qu’il entend sur les grandes ondes.
- Sur les 57 noms déjà annoncés, 38 groupes ou artistes ne sont jamais venus. Certains étaient venus récemment. Parkway Drive, Jeanne Added et Christine & the Queens étaient là en 2015. Nekfeu était là en 2016. Jain et Petit Biscuit étaient là en 2017. The Smashing Pumpkins était là en 2013 (et en 1997 !)
Sécurité : « Nous espérons que la raison l’emportera »
« Nous avons porté l’affaire devant les tribunaux, mais nous ne sommes pas les seuls. D’autres festivals sont vent debout contre cette circulaire Collomb qui a, en voulant préciser les indemnisations des forces de sécurité, laissé le champ libre à une interprétation très locale. Certains paient. D’autres pas. Certains paient un peu. D’autres, beaucoup trop. C’est le cas des Eurockéennes. D’autre part, il est important que l’on reconnaisse le caractère non lucratif de ce festival qui, quand il fait son budget, dit simplement : « Il faut que nous arrivions à l’équilibre. » Cette dimension est réfutée, pour l’instant, par la préfecture du Territoire de Belfort. On demande, à la fois au ministère, mais aussi aux tribunaux, de trancher là-dessus. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, vient de demander une mission sur les coûts, en tout cas sur les conséquences de l’augmentation de ces coûts de sécurité. Dans le Territoire de Belfort, une trentaine de communes a voté une motion de soutien aux Eurockéennes. Cela met réellement en péril le festival. Pour l’instant, nous sommes dans un statu quo. Nous espérons que la raison l’emportera. »