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Akira (no face), rappeur au grand cœur à découvrir aux Eurocks

Akira (no face) est en concert aux Eurockéennes samedi soir, 22h15 à La Loggia. | ©DR
Interview

Akira (no face) se produit aux Eurockéennes samedi soir. Pépite montante du rap, le jeune rappeur d'une vingtaine d'années empreint ses textes et son art de messages émouvants, sincères et profondément humains.

Recueilli par Loéva Claverie

Comment avez-vous découvert la musique ?

Je viens d’un milieu qui n’est pas du tout lié à la musique. Ce que j’aime faire à la base, c’est écrire. Ecrire des poèmes, des bouts de phrases qui me permettent de mettre des mots sur ce que je ressens. Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est le dessin. Je dessine énormément et la musique, je la découvre finalement à l’extérieur de chez moi, avec Stromae en premier. Il y aussi les Daft Punk et DJ Medhi dans mes inspirations. Puis avec le groupe 1995, Nekfeu, ça a été un vrai choc. J’ai découvert qu’on pouvait dire les choses avec du style, du rythme et de la mélodie. Je suis tombé amoureux des mots mais au départ je ne l’assumais pas. C’est quelque chose que je trouvais très intime. La musique est un peu une histoire d’amour cachée.

Qu’est-ce qui vous a décidé à faire carrière dans le rap ?

Avant le début officiel, avec la sortie de mon premier EP en 2022, je rappais depuis un moment déjà. Je restais dans mon coin, avec mes amis. Je leur faisais toujours écouter mes maquettes et un jour, certains m’ont encouragé à les partager publiquement. Alors je me suis lancé de manière sérieuse, avec l’ambition de souder une communauté. J’ai commencé localement, avec l’aide notamment de l’agence « Le Bruit qui Court » qui m’a permis de monter sur des scènes. Et de fil en aiguille, j’ai fait le Fimu en 2023, Rencontres & Racines en 2024 et en 2025, les Eurockéennes. C’est vraiment une ascension, palier par palier.

Quelles sont vos inspirations ?

Je dis ce que j’ai besoin d’entendre, mais que je n’entends nulle part. Je m’inspire de la vie, des gens qui m’entourent, de la société actuelle, de la spiritualité, de l’amour, de la mort. Je suis dans une mélancolie festive.

Et sur la forme, aujourd’hui, j’écoute de moins en moins de musique. Auparavant, je puisais beaucoup dans les rappeurs que j’admirais. Maintenant je parviens plus à m’inspirer de films, de livres, de musiques qui n’ont rien à voir avec ce que je fais. La magie de la musique est de pouvoir devenir quelqu’un d’impactant, dire le maximum de choses avec le moins de mots possible. Alors j’essaie vraiment de savoir ce qui me caractérise, de faire une forme de synthèse et de le proposer aux gens.

Dans mon univers, je m’inspire beaucoup aussi de la pop culture. J’avais à peine six ans que je dévorais déjà les tomes d’Harry Potter. Les mangas m’ont aussi énormément inspiré. Ça me permet de créer des références, des parallèles, des petits clins d’œil. J’écris en même temps mon propre livre de science-fiction aussi.

Vous utilisez souvent le symbole de la colombe sur les réseaux et dans vos visuels, est-ce qu’elle a une signification particulière ?

C’est l’espoir, la paix, l’amour et surtout la liberté. Pour moi il n’y a rien de plus libre qu’un oiseau. Et je pense qu’on est tous un peu en cage à l’intérieur de nous-mêmes. On a tous un peu ce sentiment d’être prisonniers de nos pensées, prisonniers de plein de choses. Cette colombe ne parle pas, ne dit pas de mot, mais quand elle passe, elle envoie un message fort. 

Avec vos textes très humains et censés, et cette image de la colombe, diriez-vous que vous souhaitez vous détacher de l’image actuelle du rap en France ?

Je ne me sens pas représenté dans le rap actuel. J’ai eu une éducation avec beaucoup de valeurs, d’amours et de principes. Le rap, à la base, c’est quelque chose de tellement beau parce que c’est un mouvement contestataire, révolutionnaire et qui vient de la culture du peuple opprimé. A l’origine, c’est un cri du cœur. Aujourd’hui, c’est popularisé, on en a fait du marketing, on l’utilise pour promouvoir certaines choses qui ne vont pas avec mes valeurs. Je suis descendant d’immigrés algériens, fier de l’être. Je suis né en France et j’en suis fier, j’aime mon pays.  Aujourd’hui, on essaie de nous diviser, de stigmatiser, de montrer qu’il y a des bons et des mauvais. Avec ma musique, j’essaye d’inciter à se tourner vers l’amour. Pour moi, c’est le seul vrai remède à tous les maux et j’utilise les mots pour le faire vivre.

Pourquoi avoir choisi d’apparaître masqué ?

Je ne suis pas attiré par la célébrité. Je cache mon visage parce qu’il est moins important que mon message. Mais je donne tout le reste à mon public. J’ai surtout besoin de transmettre un message d’amour et d’espoir, de faire en sorte que les gens apprennent à s’aimer eux-mêmes avant d’aimer les autres. Et je pense que c’est le meilleur moyen de briller, de pouvoir aider son entourage. J’utilise la musique comme porte-parole, c’est un catalyseur d’émotions.

« Je cache mon visage parce qu'il est moins important que mon message. »

Votre nom de scène est aussi inspiré des mangas ? Que signifie le (no face) ajouté après ?

Oui, c’est le nom d’un manga et du film d’animation qui en est adapté. Quand je l’ai découvert, j’en suis tombé amoureux. J’étais également fan de Dragon Ball Z, donc c’est aussi une référence à Akira Toriyama. J’ai rajouté le « (no face) » derrière pour démarquer des autres Akira qui existaient déjà et parce que je porte un masque. Aujourd’hui, je pense que ce nom est arrivé à maturité.

Je vais annoncer lors de mon concert aux Eurockéennes que je change de nom.

C’est une exclusivité ! Pourquoi avoir choisi les Eurocks pour cette annonce et quel va être votre nouveau pseudo d’artiste ?

Je vais en premier retirer le « (no face) ». J’étais jeune quand j’ai choisi ce nom, et aujourd’hui je n’ai pas envie de capitaliser dessus. Demain, juste avant ma chanson Imagine, je vais annoncer qu’Akira devient Akhira. Même si je suis très reconnaissant pour ce que l’univers manga m’a apporté, j’ai besoin de m’en détacher. Et surtout, « akhira » en arabe signifie « au-delà » et je dis toujours que Akira, c’est toujours plus que ce que tu imagines. Ce nouveau nom est bien plus aligné avec la direction que je prends. J’ai choisi les Eurocks pour son ampleur. C’est ma vraie première date en termes d’exposition. C’est le bon moment pour changer de nom et j’ai préparé du merch spécialement pour ça.

Vous avez eu des périodes difficiles, où vous vous sentiez enfermé ?

De manière générale, encore aujourd’hui, ce n’est pas toujours facile. Moi je suis né très créatif depuis tout petit, je me suis rarement senti compris par les gens qui m’entouraient. J’avais toujours l’impression d’être un peu bizarre et de devoir jouer des rôles pour être accepté. Avant de lancer ma carrière, j’étais dessinateur-constructeur dans l’horlogerie. J’ai fait un burnout parce que c’était une vie qui ne me correspondait pas, même si je la gagnais très bien. C’est plus difficile financièrement à présent, mais je n’ai jamais été aussi heureux et la musique, le rap, me font du bien car je peux enfin dire ce que j’ai envie de dire.

Quels sont vos objectifs pour la suite après les Eurocks ?

Honnêtement, il n’y a pas un jour qui passe sans que je me dise qu’il faut que j’arrête. Je fais tout dans ma chambre, sur mon ordinateur. J’enregistre, je mixte tout seul. Je fais moi-même mes visuels parce qu’à côté, je suis graphiste et illustrateur, même si j’ai mis cette activité en pause. Alors forcément c’est épuisant. Mais chaque jour, je me dis qu’il y a la possibilité de faire quelque chose de grand. S’il y a une notoriété qui s’installe un jour, l’objectif est de mettre toute cette force de frappe au service du bien et de pouvoir faire des actions. Pour la jeunesse, les personnes en situation précaire, les personnes sans papiers, les mères seules… Pour des personnes comme mon oncle qui s’est fait expulser vers le Maroc mercredi. Il cherchait du travail, il payait ses impôts et il a été accompagné vers l’aéroport sans qu’on puisse lui dire aurevoir. Je n’ai pas envie de m’improviser super-héros. Mais il faut évoquer ces sujets, en parler, arrêter de sympathiser avec ce capitalisme qu’il y a dans la musique où on est là que pour divertir. Il faut rendre ces sujets stylés, c’est ce qui m’anime.

Ça me tient à cœur également d’être peut-être le premier rappeur qui assume et revendique le fait de venir de l’Est. Les rappeurs qui en sont originaires montent sur Paris et on ne les entend plus revendiquer leur région natale. Moi, j’ai grandi dans un petit village de campagne à la frontière suisse et je parle beaucoup de l’Est. Que ce soit la Franche-Comté, l’Alsace, la Bourgogne, le Grand-Est, j’aime le représenter et j’aimerais être le premier rappeur à planter un drapeau dans cette région.

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