Il y a deux ans, la direction de l’usine Stellantis de Sochaux a annoncé la suppression du service de transport collectif, un système « de ramassage scolaire » des opérateurs des lignes de production. La CGT réitère son inquiétude et monte au créneau pour maintenir ce service. C’est tout un pan de l’histoire de l’usine qui s’arrête.
Il y a deux ans, la direction de l’usine Stellantis de Sochaux a annoncé la suppression du service de transport collectif, un système « de ramassage scolaire » des opérateurs des lignes de production. La CGT réitère son inquiétude et monte au créneau pour maintenir ce service. C’est tout un pan de l’histoire de l’usine qui s’arrête.
« Cela va me faire tout drôle. Ça fait 33 ans que je prends la ligne de Sochaux. » En quelques mots, Laurent Parisot, opérateur à l’usine Stellantis, membre de la commission Transport de l’usine et syndiqué à la CGT, résume toute la portée symbolique de cette situation. Et toute l’émotion qui en résulte. Créé en 1951, le système de transport gratuit mis en place par l’usine Peugeot de Sochaux va s’arrêter ; à l’époque, Peugeot employait entre 15 000 et 20 000 personnes à Sochaux. Cette décision d’arrêter les transports collectifs de l’usine a été annoncée il y a deux ans. « Il n’y a pas encore de date arrêtée », tempère un porte-parole de l’usine. Mais la migration vers la nouvelle organisation Sochaux 2022 condamne ce service.
Aujourd’hui, ce sont 26 lignes qui sillonnent le territoire, jusqu’à Luxeuil-les-Bains, l’Alsace, Belfort ou encore Baume-les-Dames. Selon la CGT, ce sont un millier de personnes qui bénéficient de ce service. La direction du site avance des comptages réalisés la semaine dernière. Elle parle de 250 à 280 CDI et 200 intérimaires. Aujourd’hui, l’usine de Sochaux emploie moins de 6 500 CDI. S’ajoutent 800 intérimaires. Selon les comptages de la direction, ce sont donc 6,25 % des salariés qui utilisent ce service. La direction ne contredit pas sa volonté de faire des économies, notamment pour un service de moins en moins utilisé argumente-t-elle.
« Discrimination »
Des lignes ont déjà été arrêtée. L’équipe de nuit ne bénéficie plus de ce service, ni les opérateurs travaillant sur le système 1, la ligne de production de la 308. La mise en place d’horaires flexibles, dissociant les heures de fin de séance de chaque unité (peinture, ferrage, montage…) en fonction de leurs impératifs de production ne permet plus de le proposer ; une organisation du travail qui a fait l’objet d’un accord avec les organisations syndicales, mais que la CGT n’a pas signé. Cette flexibilité sera la norme dans l’usine Sochaux 2022.
Cette suppression crée « une forte discrimination », estime la CGT dans un courrier, en date du 16 mars, adressée à Barbara Pompili, ministre de la Transition énergétique. « Les salariés qui n’ont ni permis, ni de véhicule et ne pouvant faire de covoiturage ne pourront plus se rendre au travail », écrit le syndicat. Pour ce dernier, cette décision accroit le nombre de véhicules sur la route et « le risque d’accidents de trajets, avec la fatigue accumulée des journées à rallonge et des nuits écourtées ». « On dort dans le bus », témoigne à ce sujet Laurent Parisot, qui ne se voit pas prendre sa voiture en pleine nuit et qui doute de l’efficacité du covoiturage. Ce système garantit aussi à l’ouvrier « d’être à l’heure », observe Jérôme Boussard, le secrétaire général du syndicat.
Plus que la baisse du nombre d’utilisateurs, Agnès Tuallon, chef de bus dans une ligne qui vient de Haute-Saône, estime surtout « que l’on écœure les gens », qui se détournent alors du service. Elle a le sentiment qu’on désorganise les lignes. Et de citer cet exemple où le rendez-vous est à 2 h 50 à la gare de Luxeuil-les-Bains, alors que la séance commence à 5 h 05. Mécaniquement, l’arrêt de ce service entraîne aussi “une perte” de salaire pour l’utilisateur car il devra financer un autre système de transport.
« [Les responsables de Stellantis] se gavent d’aides publiques pour installer une ferme solaire et ils suppriment les bus, dénonce Jérôme Boussard. C’est incohérent. » Pour eux, la direction va à contre-sens de la dynamique sociétale. Et du respect de l’environnement. Pour le syndicat, il n’y a qu’une solution : maintenir les transports collectifs et les remettre pour les équipes du système 1, celles de nuit et de week-end.
« Trouver des solutions »
La direction observe que l’absence de transport pose particulièrement problème pour la prise de poste matinale. En journée, des alternatives existent. Justement, dans un premier temps, la direction sochalienne doit rencontrer les élus de Pays de Montbéliard Agglomération pour réfléchir à des solutions. Une démarche similaire sera faite en direction du Territoire de Belfort dans un 2e temps.
« On n’est pas pressé [pour l’arrêt], répète un porte-parole de la direction. On veut réfléchir avec les gens pour trouver des solutions. On monte un dispositif d’accompagnement » On évoque des pistes autour du covoiturage. Il existe déjà un site, mais qui ne fonctionne pas très bien, reconnaît-on. Cette pratique, si elle est effective dans l’usine, n’est pas institutionnalisée avance-t-on comme argument. Une réflexion est menée aussi pour proposer des ventes de véhicules d’occasion. Des discussions seront aussi envisagées avec des auto-école pour mettre en place des partenariats afin d’accompagner le passage du permis de conduire pour les opérateurs qui en sont dépourvus. Aucune piste financière de compensation n’est évoquée, pour que ce ne soit pas “déloyal” vis-à-vis des autres salariés.
Si l’arrêt se rapproche, la décision ne sera pas « brutale », insiste un porte-parole de l’usine. Mais c’est à un totem de l’histoire de l’usine sochalienne qu’on touche. À une image forte de l’organisation du travail de la deuxième moitié du XXe siècle. Avec l’optique de Sochaux 2022, l’usine ouvre un nouveau chapitre de son histoire. Et pour certains, c’est dans la douleur.
Encore des annulations de séance
Les annulations s’accélèrent (notre article). La séance programmée dans la nuit de mardi à mercredi est maintenue. Par contre, la séance de travail du système 1 est annulée ce mercredi 23 mars. Les deux tournées du système 2 sont confirmées. Si le Peugeot 3008 est priorisée car c’est un succès commercial, les annulations liées à la Peugeot 308 ne sont pas liées à une volonté de retrait. Sur ce modèle, la pièce qui fait défaut est liée à la dalle numérique, qui accueille le tableau de bord, avec les compteurs digitaux. Et la pièce n’est pas partagée par de nombreux modèles. Alors que sur le 3008, la pièce qui peut faire défaut est lié au boitier BSI, une pièce que l’on retrouve dans plusieurs modèles.