Une médiation a été engagée entre des représentants des fournisseurs et General Electric, à la suite de leur demande de baisser les tarifs de 20 %. La CPME 90 était alors montée au créneau. Un accord a été trouvé entre les parties. La médiation encadre notamment les futurs relations entre l’industriel et ses fournisseurs. Et montre l’intérêt de ce dispositif de dialogue. Entretien avec le médiateur national des entreprises, Pierre Pelouzet.
Une médiation a été engagée entre des représentants des fournisseurs et General Electric, à la suite de leur demande de baisser les tarifs de 20 %. La CPME 90 était alors montée au créneau. Un accord a été trouvé entre les parties. La médiation encadre notamment les futurs relations entre l’industriel et ses fournisseurs. Et montre l’intérêt de ce dispositif de dialogue. Entretien avec le médiateur national des entreprises, Pierre Pelouzet.
Qu’est-ce que la médiation des entreprises ?
C’est une démarche non-obligatoire, confidentielle et qui consiste à mettre les gens autour de la table – même si actuellement c’est plutôt virtuel – pour recréer, au moins, un lien de confiance afin de trouver un accord [après un différend]. C’est dans la discussion que l’on trouve un bon accord et que l’on fait le mieux pour les deux parties. La confidentialité est importante car elle permet de recréer de la confiance. Nous enregistrons un taux de succès de 75 %.
Combien de médiations assurez-vous chaque année ?
Nous menons plusieurs centaines de médiations par an, voire quelques milliers, même si le nombre de médiations a considérablement augmenté depuis deux mois ; le contexte économique a bouleversé les choses. Nous avons eu un pic absolu avec l’arrivée du covid-19, liés à des problèmes de contrats en cours et arrêtés. Le nombre de médiations a été multiplié par dix. Le confinement a ensuite limité la signature de contrats, donc cela a ralenti, sans revenir à la normal. Je pense que cela devrait reprendre avec la reprise économique. Il va y avoir beaucoup de tensions et l’affaire qui nous concerne (entre General Electric et les fournisseurs, NDLR) n’en est qu’un exemple.
Profil
- Il a été nommé médiateur national des entreprises le 22 novembre 2012, par décret du président de la République François Hollande ; Emmanuel Macron l’a confirmé dans ce poste
- Il a travaillé chez ExxonMobil, puis été directeur des achats à la Cegelec et à la SNCF
- Il a présidé l’association des acheteurs de France et est trésorier de Pacte PME
Comment s’est déroulée cette médiation ?
Nous avons eu un état d’esprit extrêmement positif. Les deux parties ont trouvé tellement d’aspects positifs de se retrouver autour d’une table qu’ils ont estimé que ce serait bien de continuer.
Dans les signataires, on observe la présence d’Hugh Bailey, directeur général de GE France, l’organe de « représentation » de l’industriel en France, mais aussi de Patrick Mafféïs, directeur des opérations industrielles Europe de GE Gas Power…
Dans une médiation, il nous faut les gens qui vont pouvoir opérer l’accord, d’où la présence de Patrick Mafféïs mais aussi de Mathieu Gazurelli (responsable des achats à GE France, NDLR), aux côtés d’Hugh Bailey.
Sur ce dossier, le ministre a été saisi par la CPME. Le Medef fait aussi partie des signataires de l’accord.
Il y avait la volonté d’avoir une représentativité la plus large possible des fournisseurs. C’était très bien que ces deux entités soient là. Mais ce n’est pas ma vocation que de dire qui est représentatif ou non.
Que retenez-vous de cet accord entre General Electric et les représentants des fournisseurs ?
Il y a d’abord un niveau à court terme. General Electric ne demande plus de baisser de 20 %, mais il ouvre une négociation avec chaque fournisseur. Il y a ensuite un niveau à plus long terme, qui vise à pérenniser ce travail collectif pour évoquer d’autres sujets autour de la compréhension de l’entreprise ou de la diversification.
La mission du médiateur semble particulièrement complexe.
Nous sommes là pour aider à s’exprimer, pour aider à trouver un accord. Ensuite, nous sommes là pour aider à l’écrire. Si je commence à me placer en juge ou en arbitre, cela ne marche pas. Nous sommes là pour orienter les gens afin qu’ils trouvent leurs solutions.
Si l’une ou l’autre des parties ne joue pas le jeu. Que se passe-t-il ?
Il y a deux niveaux de recours. D’abord, une opportunité de recours à une médiation individuelle entre General Electric et l’un des sous-traitants [en cas de difficultés]. Le second niveau est un point de suivi de la médiation en cas de difficulté d’application du protocole. Mais au plus tard, il y aura forcément un point de suivi avant fin 2020 avec l’ensemble des parties.
Traitez-vous souvent des médiations collectives de cette envergure ?
L’immense majorité des médiations sont interpersonnelles, entre deux entreprises. Chaque année, il y a entre 5 à 10 médiations collectives. C’est un petit nombre, mais avec un gros impact.
Un conseil pour les PME ?
Nous ne traitons pas que des gros cas. Nous traitons aussi une myriade de petits. Nous sommes là pour les petites entreprises. Il ne faut pas hésiter à nous solliciter et ne pas attendre les difficultés. Le but n’est pas de se fâcher avec le client mais de retrouver du dialogue pour trouver vite une solution.