Orange est l’opérateur de télécommunication du Tour de France. Chaque jour, au départ et à l’arrivée, l’entreprise garantit la retransmission de l’épreuve et la communication des organisateurs grâce à un réseau de fibre optique qu’il installe quotidiennement. Une prouesse technique, notamment au sommet de la Planche des Belles-Filles. Reportage au cœur du système.
Orange est l’opérateur de télécommunication du Tour de France. Chaque jour, au départ et à l’arrivée, l’entreprise garantit la retransmission de l’épreuve et la communication des organisateurs grâce à un réseau de fibre optique qu’il installe quotidiennement. Une prouesse technique, notamment au sommet de la Planche des Belles-Filles. Reportage au cœur du système.
« Caméra 1 (silence). Top. » « Caméra 2, top. » « Hélicoptère 1 (silence). Top. » Il est 15 h 30. Le réalisateur de France télévision rythme la retransmission télévisuelle de la 7e étape du Tour de France, qui relie Tomblaine (Meurthe-et-Moselle) à la Planche des Belles-Filles (Haute-Saône), la patrie de Thibaut Pinot. Sa voix résonne dans un haut-parleur d’Octopus, le nom d’un camion régie un peu particulier situé non loin du podium et de l’arrivée, à la Planche des Belles-Filles.
Octopus appartient à Orange, l’opérateur de télécommunication du Tour de France. À 45 mètres au-dessus, une nacelle le surplombe. Deux paraboles y sont installées. Elles communiquent avec un avion, qui dessine des cercles à 3 500 mètres d’altitude (voir photo) tout en suivant l’étape du jour. L’aéronef, du type Beechcraft King Air, sert de relais pour transmettre les images captées par les cinq caméras motos et les deux hélicoptères équipés de caméras qui suivent les coureurs depuis le départ, à 13h. Ces images sont dirigées vers Octopus, qui les dispatche ensuite vers les diffuseurs, telle une pieuvre. D’où son nom. Entre la captation de l’image et son arrivée dans le camion, on estime le temps à une seconde.
20 km de fibres
À l’arrivée de l’étape, 120 cars régies, télé et radio, diffusent le Tour de France, 3e évènement sportif le plus suivi dans le monde après la Coupe du Monde de football et les Jeux olympiques. Mais les deux derniers nommés sont organisés tous les quatre ans et ne changent pas de lieu tous les soirs… Les 120 cars régies alimentent 99 chaînes TV, 63 radios, 43 agences photos et 450 journalistes du monde entier ; à titre de comparaison, il n’y avait que trois cars régies à la finale du championnat d’Europe des Nations, en 2016, au Stade de France.
« C’est une petite ville de 4 500 personnes qui se déplace tous les jours », rappelle Henri Terreau, directeur technique d’Orange, pour le Tour de France, 25 éditions au compteur, depuis le centre névralgique de cette zone technique, le poids lourds d’Orange. ll accueille serveurs et autres routeurs. À son actif, aussi, la connexion de la COP 21, d’un championnat d’Europe de football, de G7… Et cette petite ville pose ses valises à 6 h, pour les plier à 22 h. Le séjour est sommaire. Dans son équipe, 52 personnes s’affairent pour faire tourner la boutique, dont 38 techniciens. Certains sont déjà partis pour installer l’étape d’après. « Ils tissent la toile d’araignée à l’arrivée », explique le directeur technique. « Notre métier, alimenter tous les réseaux pour que les gens travaillent », résume Henri Terreaux. Mais c’est un sacré défi : « Nous alimentons 4 500 personnes, mais je ne sais jamais où vont s’installer mes voisins ! » Sur la zone de départ, Orange assure aussi une couverture Wifi et une cinquantaine de lignes.
Si Orange assure la distribution du flux d’images, il gère aussi l’espace presse du Tour de France, qui accueille 450 journalistes de presse écrite. Et pour l’étape de la Planche des Belles-Filles, c’est un peu particulier. Il est placé à Ronchamp, à 15 kilomètres à vol d’oiseau. Et Orange garantit une conférence de presse en visio-conférence, en direct, avec le porteur du maillot jaune et le vainqueur de l’étape, ce vendredi Tadej Pogacar. Au sommet, une salle accueille le coureur dont l’interview est retransmis à la salle de presse, où les journalistes peuvent interagir avec le champion. Des journalistes en direct avec le vainqueur de la Planche, à 15 km de l’arrivée…
190 pays
Pour les autorités, l’entreprise dote aussi le départ et l’arrivée d’un système de vidéo-surveillance, relié directement aux postes de sécurité. Et tous ces flux, Henri Terreaux peut les checker depuis le poids lourds d’Orange, qui centralise toute l’installation. Pour garantir ces transferts de flux, les équipes d’Orange tire quotidiennement une vingtaine de kilomètres de fibres.
Les équipements d’Orange sont aussi présents sur les points intermédiaires, afin de photographier et transmettre l’identité des lauréats de ces points de passages ; sur la 7e étape, il y avait un sprint. Cela alimente tout le système de données du Tour de France, comme les classements, qui transitent par ce réseau éphémère. Et les datas sont aussi fournies aux journalistes. Dans la régie des commentateurs radio, les journalistes disposent d’une tablette avec toutes les données fournies par ASO, l’organisateur du Tour de France : historique, classements, informations sur les villes de départ et d’arrivée. « Vous êtes journaliste, vous n’avez pas besoin d notes. Vous avez accès à des données, alimentées par ASO », explique Henri Terreaux. Et ces flux sont assurés par Orange. Autant de données qui circulent dans ce réseau tissé en quelques heures sur une chaume encore vierge la veille ; 96% des images du Tour passent par leurs câbles.
Il est 4 h 05. Des hélicoptères fendent le ciel au-dessus de la Planche des Belles-Filles. Sur les écrans qui parsèment le site de l’arrivée, on aperçoit les coureurs. Ils sont à 40 km de l’arrivée. Ils sont bientôt au pied du mur. Et Tadej Pogacar les mettra (une nouvelle fois) tous d’accord, avec une victoire. Une victoire qui sera vue dans 190 pays. Dans quelques heures, Les câbles auront été repliés. Les camions auront quitté le sommet. On les retrouvera dans quelques heures à Lausanne.