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Nord Franche-Comté : un déclin démographique et de l’emploi entamé en 1982

Nord Franche-Comté : un déclin démographique et de l’emploi entamé en 1982
Vue aérienne de l'usine Stellantis. On aperçoit le stade Bonal, en bas à gauche. | ©Stellantis

Le début d’année est celui de l’annonce des recensements. On a appris que Belfort est passé sous la barre des 47 000 habitants. Après le pays de Montbéliard, le Territoire de Belfort perd également des habitants. Un déclin entamé dès 1982 dans le nord Franche-Comté. Le géographe Laurent Chalard, qui s’est étonné des anomalies administratives du nord Franche-Comté, fait un lien direct avec la situation de l’emploi. Son analyse.  

Le début d’année est celui de l’annonce des recensements (notre article). On a appris que Belfort est passé sous la barre des 47 000 habitants. Après le pays de Montbéliard, le Territoire de Belfort perd également des habitants. Un déclin entamé dès 1982 dans le nord Franche-Comté. Le géographe Laurent Chalard, qui s’est étonné des anomalies administratives du nord Franche-Comté, fait un lien direct avec la situation de l’emploi. Son analyse.  

Entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et 1982, le nord Franche-Comté « connaît un boom démographique », rappelle, en introduction, Laurent Chalard, membre du Think tank European Centre for International Affairs. Il est connu pour pointer du doigt les anomalies administratives et milite notamment pour créer un département de l’Aire urbaine ; cet automne, il était venu animer une conférence sur le sujet, invité par le conseil de développement du Pays de Montbéliard (notre article).

Lors de cette période, le territoire du nord Franche-Comté est dynamisé par l’industrie automobile ; ce sont les Trente Glorieuses. En 1960, l’usine sochalienne comptait 20 500 salariés, 30 000 en 1970 et jusqu’à 39 000 en 1978 peut-on lire dans une note historique publiée par Pays de Montbéliard Agglomération. Dans le grand est de la France, ce territoire est un bon élève, alors que d’autres régions sont bien moins dynamiques qu’avant la guerre.

1982, début du déclin

1982 marque le début du « déclin démographique », observe Laurent Chalard. En 1982, 309 229 habitants résident dans le périmètre du nord Franche-Comté. En 2018, c’est 302 905, soit une baisse de 2,05 %. « En France, à la même époque, nous avons eu une hausse de la population de 19 % », observe le consultant. « Cette rupture s’explique par la désindustrialisation », estime-t-il.

Il a regardé en France les territoires ayant plus de 200 000 habitants. Seulement les territoires de Douai, Lens, Valenciennes, Dunkerque, Le Havre et le nord Franche-Comté perdent des habitants, entre 1982 et 2017 ; les baisses oscillent entre 1,4 et 4,6 %. Dunkerque (-3,5 %), Douai (-3,5 %) et Lens (-4,6 %) accusent les plus fortes baisse. Dans le même temps, l’aire d’attraction(1) de Besançon enregistre une hausse de sa population de 25,3 %, passant de 221 772 habitants à 277 937 habitants, celle de Mulhouse de 13,6 % et celle de Dijon de 19,4 % ; les deux dernières dépassent alors les 400 000 habitants.

Déclin inégal de l’emploi

Le déclin démographique peut s’expliquer de deux manières : le solde naturel, c’est-à-dire un nombre plus élevé de décès que de naissances ; et le solde migratoire. Dans le nord Franche-Comté, « le déclin de la population est uniquement produit par le solde migratoire », souligne Laurent Chalard. Plus de gens ont quitté le nord Franche-Comté par rapport aux nombres de gens qui s’y sont installés. « Le déficit migratoire est corrélé à l’évolution de l’emploi sur le territoire », ajoute-t-il.

Mais ce déclin est « inégalement réparti dans le nord Franche-Comté », modère Laurent Chalard. Il est surtout marqué dans le pays de Montbéliard, alors que le Territoire de Belfort gagne des habitants entre 1982 et 2018. L’emploi a baissé, particulièrement dans le pays de Montbéliard, du fait des gains de productivité, de la mécanisation et de la robotisation. Le 2e facteur, selon le géographe, est l’absence de diversification du tissu économique, pendant ces décennies. « Les pertes de l’emploi industriel n’ont pas été compensées par une création suffisamment importante d’emplois dans le tertiaire, observe-t-il. On dit souvent de ce territoire qu’il est sous-tertiarisé. »

S’unir pour affronter ce déclin

Pour contrer cette dynamique, Laurent Chalard suggère une unité territoriale. C’est un choix politique. Si lui est favorable à la création d’un département de l’aire urbaine, il estime que la forme politique n’est pas le plus important. C’est l’unité qu’il l’est. Il invite aussi a renforcé l’attractivité du nord Franche-Comté, à travailler le marketing territorial, à avoir une meilleure vision de ses atouts : paysages, équipements, résilience, qualité de la main d’œuvre, compétences industrielle, situation géographique.

Le déclin avait été plutôt stoppé dans les années 2000. Mais il a repris sa marche avec la crise financière de 2008, avec une poursuite du phénomène de désindustrialisation. Pis, aujourd’hui, « le déclin démographique est quasi généralisé [dans le nord Franche-Comté] », s’alarme le géographe.

Puis un déclin généralisé

Le pays de Montbéliard continue de perdre des habitants, lié à l’affaissement de l’emploi. En 2007, il y avait 75 145 emplois dans ce qu’on appelle l’aire d’attraction de Montbéliard, qui correspond peu ou prou au Pays de Montbéliard. En 2017, on en recensait 66 218. Aujourd’hui, le Territoire de Belfort connaît aussi un affaissement de l’emploi, passant de 56 084 emplois en 2007 à 53 239 en 2017 ; et c’est principalement la ville de Belfort qui est touchée. Et la population du département est stable depuis une dizaine d’année alors qu’elle était en forte croissance depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. « C’est une rupture », estime le géographe. « Nous sommes donc passés d’une situation où le déclin de l’emploi était dans une partie du territoire et lié au secteur automobile, à un déclin de l’emploi touchant tout le territoire, car désormais l’industrie ferroviaire et l’énergie sont aussi touchées », décrit-il.

C’est la rupture des 10 dernières années : un déclin généralisé. Avec « une épée de Damoclès », qui est le risque de disparition de l’un des grands établissements du territoire ; évidemment, l’ombre de General Electric plane. « Les entreprises du territoire sont de plus en plus liées à des multinationales dont le siège est à l’étranger. Le risque d’une fermeture brusque d’un établissement est plus importante que par le passé. » Ces dernières années, l’évolution de l’emploi « est extrêmement préoccupante », observe Laurent Charlard. Pour lui, « toute implantation, quelle qu’elle soit, est bonne à prendre », confirme-t-il.

  • Selon l’Insee, l’aire d’attraction d’une ville est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, qui définit l’étendue de l’influence d’un pôle de population et d’emploi sur les communes environnantes, cette influence étant mesurée par l’intensité des déplacements domicile-travail

Évolution de la population entre 2008 et 2018

  • Belfort : 50 346, en 2008 ; 46 954, en 2018 (- 3 392)
  • Delle : 6 000, en 2008 ; 5 678, en 2018 (- 322)
  • Montbéliard : 26 207, en 2008 ; 25 809, en 2018 (- 398)
  • Audincourt : 14 534, en 2008 ; 13 336, en 2018 (- 1 198)
  • Valentigney : 11 509, en 2008 ; 10 912, en 2018 (- 597)
  • Bethoncourt : 6 057, en 2008 ; 5 545, en 2018 (- 512)
  • Sochaux : 4 212, en 2008 ; 3 889, en 2018 (- 323)
  • Héricourt : 10 547, en 2008 ; 10 654, en 2018 (+ 107)

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