Avec 20 ans de recherche derrière elle, la région Bourgogne-Franche-Comté capitalise sur un savoir certain autour de l’hydrogène. Aujourd’hui, il faut passer la vitesse supérieure pour structurer la filière, alors que les acteurs publics sont prêts à investir massivement. Il faut conserver l’avantage concurrentiel du territoire.
Avec 20 ans de recherche derrière elle, la région Bourgogne-Franche-Comté capitalise sur un savoir certain autour de l’hydrogène. Aujourd’hui, il faut passer la vitesse supérieure pour structurer la filière, alors que les acteurs publics sont prêts à investir massivement. Il faut conserver l’avantage concurrentiel du territoire : lié à ses chercheurs, comme ceux du FC Lab ; lié à ses industriels, comme Faurecia ; et lié à ses courroies de transmission, comme le Pôle véhicule du futur. Un club de l’hydrogène vient justement de voir le jour dans la région pour coordonner ces forces.
Le club hydrogène Bourgogne-Franche-Comté, le Club H2 BFC, a été lancé le 26 mars. Période de confinement oblige, c’est par l’intermédiaire d’une demi-journée de conférences, en visio, qu’il a été inauguré. Il est animé par le pôle Véhicule du futur, labellisé pôle de compétitivité en 2005. 115 personnes étaient en ligne pour participer à cet évènement.
Le siège social du pôle est basé à Étupes, mais il dispose de sites à Mulhouse (Haut-Rhin) et à Magny-Cours (Nièvre). Il regroupe 420 membres. « Il a vocation à être un acteur du développement économique, avec un focus sur l’innovation, la performance industrielle et l’amélioration continuelle, dans le domaine des transports et des mobilités », explique Bruno Jamet, directeur de programmes énergie et propulsion au pôle.
Aujourd’hui, l’objectif est de développer la filière hydrogène, dans le territoire, en lien avec les acteurs publics et en s’inscrivant dans la transition énergétique. Car l’enjeu est bien là : assurer la transition énergétique en contribuant au développement économique du territoire. Au quotidien, le pôle donne les impulsions à des projets d’innovation, participe à des projets européens, de mobilité par exemple, ou accompagne les entreprises dans leurs démarches vers l’industrie du futur. Depuis un an, le pôle s’inscrit dans une démarche active sur l’hydrogène. Une chargée de mission a été recrutée dans cet optique, en mars 2019. On envisageait notamment de créer un club hydrogène.
90 millions d’euros avant 2030
Fin 2019, la région Bourgogne-Franche-Comté a validé une feuille de route générale pour 2020-2030, sur le développement de la filière hydrogène (à retrouver intégralement ci-dessous). Le pôle a donc saisi la balle au bond. Les acteurs publics se positionnent, ils sont là pour accompagner. 90 millions d’euros seront consacrés à ce développement de l’hydrogène. Dès 2023, on devrait par exemple voir des trains TER rouler grâce à l’hydrogène, entre Auxerre et Migennes.
Si les objectifs globaux ont été définis, les étapes qui jonchent le chemin des 10 prochaines années ne sont pas totalement connues. Quels objectifs à 3 ans ? Quels objectifs à 10 ans ? C’est la mission du club régional hydrogène que de les définir. « Il faut mobiliser les énergies de façon opérationnelle », relève Bruno Jamet. C’est ce que doit faire le Club H2 BFC, encouragé par le conseil régional, l’agence économique régionale, l’agence de développement et de maîtrise de l’énergie (Ademe) ou encore la Vallée de l’énergie.
Repères
- 1999 : création du Fuel cell lab, à Belfort, la plateforme pile à combustible le FC Lab est créé à Belfort
- 2011 : première immatriculation d’un véhicule à hydrogène, en France (F-City H2)
- 2014 : Programme Mobypost et MobilHytest, flotte captive fonctionnant à l’hydrogène, avec le groupe La Poste
- 2020 : un immeuble doit sortir de terre à Belfort, chauffé grâce à l’hydrogène, qui stocke de l’énergie solaire captée sur le toit de l’immeuble
La route fléchée fin 2020
Le club s’est construit autour d’acteurs déjà très engagés dans la filière, qui composent un comité technique provisoire, en attendant que d’autres entreprises l’intègrent. On s’appuie sur le FC Lab, la plateforme pile à combustibles de Belfort liée notamment aux établissements d’enseignement supérieur ; elle existe depuis 1999. On s’appuie aussi sur des industriels comme Alstom, EDF, Rougeot énergie et de jeunes PME, comme Xydrogen ou encore H2sys.
Le pôle va avoir plusieurs fonctions. La première sera d’informer les membres sur les financements, les compétences, les marchés, les tendances ou les appels à projet. Il y a déjà la volonté de construire un annuaires des compétences et des adhérents. Ensuite, il va animer, en organisant des conférences, des groupes de travail, des visites d’entreprise et en assurant des mises en relation.
Les groupes de travail, qui doivent permettre de cibler la stratégie de développement du territoire, peuvent par exemple réfléchir à la technologie des compresseurs. Un autre groupe peut s’atteler à questionner l’importance de monter la pression de 500 à 900 bars du stockage de l’hydrogène. De ce travail doit émerger une feuille de route, définie par les membres eux-mêmes. La volonté, « c’est de la définir, d’ici la fin de l’année », résume Bruno Jamet.
La bonne solution au bon endroit
Chaque entreprise a aussi ses propres enjeux et ses besoins de retombées. Au fur et à mesure, le club doit donc amener à travailler ensemble et à stimuler les synergies pour créer une filière entre les acteurs. Pour créer des passerelles. « On va se spécialiser en fonction de son territoire », insiste Bruno Jamet, pour souligner les enjeux de cette feuille de route. Certains territoires seront par exemple spécialisé sur le stockage de l’hydrogène. D’autres, peut-être, plus sur la pile à combustible. Concernant le stockage, le nord Franche-Comté peut s’appuyer sur Faurecia à Bavans, qui va accueillir le centre de recherche et développement sur les réservoirs de l’industriel, et sur l’institut national stockage d’hydrogène (Isthy), un banc de tests qui doit permettre de qualifier et de certifier les réservoirs. « Tout le monde veut une fabrication de piles à combustible ou d’un réservoir. Mais ce qui fait que les acteurs économiques d’un territoire se rassemblent, c’est qu’ils voient un intérêt de produire », remarque Bruno Jamet, pour noter l’importance de cibler les stratégies et les filières sur lesquelles s’engage le territoire.
L’enjeu consiste à identifier cet intérêt commun et le marché captif qui permettra de le lancer. Par exemple, pourquoi évoque-t-on un travail sur les compresseurs ? Parce que cette technologie nécessite des pièces mécaniques, donc des forges ou des fonderies, mais aussi des connaissances en mécanique des fluides. « On a tous ces acteurs dans le territoire, avec les sous-traitants de General Electric », illustre Bruno Jamet.
« L’hydrogène génère beaucoup d’attente, poursuit-il, avant de conclure : Mais il faut trouver la bonne solution au bon endroit. » C’est la mission de Club H2 BFC, animé par le pôle Véhicule du futur : trouver ces solutions et créer une rupture technologique qui permettra à la région de conserver son avance sur cette technologie.