La commission européenne a confirmé, ce jeudi, son accord de principe pour la construction d’une filière de batteries pour véhicules électriques franco-allemande. À l’image du projet Airbus.
La commission européenne a confirmé, ce jeudi, son accord de principe pour la construction d’une filière franco-allemande de batteries pour véhicules électriques. À l’image du projet Airbus. Un engagement dont le nord Franche-Comté souhaite tirer son épingle du jeu, PSA devant rejoindre le premier consortium.
Nous connaissons dorénavant l’une des raisons du report (il s’est également déplacé jeudi après-midi à Saint-Saulve, dans le Nord, à l’usine Ascoval, reprise par British Steel), par Bruno Le Maire, de son entrevue avec les élus locaux sur le dossier General Electric. Il était retenu à Paris par une conférence de presse en présence du ministre de l’Économie allemand Peter Altmaier et le commissaire européen à l’Énergie Marcos Sefcovic. Cette rencontre lançait l’Airbus de la batterie, autour du binôme France-Allemagne.
Besoins rapides, concurrences féroces
La commission européenne a en effet validé un accord de principe pour autoriser les états français et allemands à débloquer des subventions d’État dans l’optique de la construction d’une filière de batteries pour voitures électriques. Un Airbus de la batterie. C’est une « filière stratégique », concède Marcos Sefcovic, tant en termes de mobilité propre, de transition écologique que de compétitivité globale. Ce feu vert pourrait être donné avant la fin du mandat de la commission européenne, à l’automne. « L’enjeu est de taille, a poursuivit le commissaire européen dans son discours. La demande pour les batteries en Europe pourrait avoisiner les 400 GWh en 2025, en raison de l’électrification du transport. Nous aurons besoin de 10 à 25 Gigafactories pour satisfaire ces besoins. Le potentiel en termes d’emploi est énorme : entre 2 et 3 millions d’emplois directs et indirects pourraient être créés en Europe. »
L’Europe assure aujourd’hui 3 % de la production mondiale de batteries. Et les constructeurs ne travaillaient que de façon cloisonnée regrette le commissaire européen. Marcos Sefcovic apprécie donc cette logique partenariale entre le couple historique de la construction européenne pour affronter la concurrence, notamment asiatique. Il faut aller vite et ne pas rater la marche.
700 millions pour l’État français
1,2 milliard d’euros d’argent public (de France et d’Allemagne) vont être investis au maximum. En comptant les fonds privés, 5 à 6 milliards d’euros pourront être mobilisés pour construire les premières lignes de production. La France devrait investir 700 millions d’euros, « pour tous les projets liés à la production de cellules de batterie sur son territoire », a confirmé Bruno Le Maire, dans son allocution, dont le discours est accessible sur le site du ministère. « En termes d’emplois, cette initiative spécifique permettra la réalisation d’une usine-pilote en France de 200 emplois d’ici quelques mois (2020) et de deux usines de production – une en Allemagne et une en France – qui seront chacune d’un niveau minimal de 1 500 emplois », détaille le ministre. « Ces usines produiront d’abord des batteries lithium ion liquides améliorées, puis elles adopteront à partir de 2025-2026 la technologie solide, dite 4G », rapporte, de son côté, Les Échos, en citant le locataire de Bercy.
Cette alliance s’organisera autour d’un consortium dont les contours doivent être précisés (participants, missions, technologie, budget, diffusion de l’innovation…). Toutefois, Bruno Le Maire a déjà donné quelques détails. « En France, l’entreprise Saft (qui appartient au groupe Total, NDLR) est engagée depuis le début en faveur de ce projet et nous travaillons également avec des constructeurs, notamment PSA et Opel : c’est le côté franco-allemand de ce projet », a-t-il déclaré. Le ministre de l’Économie attend la construction d’une filière complète, « de l’extraction des minerais à la réalisation des batteries électriques et à leur recyclage ». Question de souveraineté sur la filière.
Un projet (très) attendu dans le nord Franche-Comté
Fin mars, Marie-Guite Dufay, la présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté s’était positionnée pour accueillir la première usine de batterie électrique en France. Elle avait adressé une lettre de sept pages à Emmanuel Macron pour défendre une implantation dans le nord Franche-Comté, à proximité de PSA. À la lecture de la conférence de presse d’hier, cette volonté ne peut prendre que plus de poids. Une position défendue par Christophe Grudler, conseiller départemental d’opposition dans le Territoire de Belfort et candidat aux élections européennes du 26 mai. Le nord Franche-Comté est selon lui parfait, « en raison de la proximité de l’industrie automobile, mais aussi en raison de la complémentarité à trouver avec les laboratoires qui y travaillent sur la pile à combustible », note-t-il dans son communiqué transmis jeudi soir. « À l’heure où des menaces pèsent par ailleurs sur son outil industriel, poursuit-il, le nord Franche Comté doit prendre toute sa place dans ce projet. »