Emmanuel Macron était en visite au Creusot (Saône-et-Loire) chez Framatome, l’un des acteurs majeurs de l’industrie nucléaire française. Les représentants syndicaux de toutes les entités belfortaines de General Electric ont rappelé la place de General Electric dans cet écosystème et l’urgence de préserver les compétences.
Emmanuel Macron était en visite au Creusot (Saône-et-Loire) chez Framatome, l’un des acteurs majeurs de l’industrie nucléaire française. Les représentants syndicaux de toutes les entités belfortaines de General Electric ont rappelé la place de General Electric dans cet écosystème et l’urgence de préserver les compétences.
“Monsieur Macron, Monsieur le Président. Quand allez-vous intervenir pour stopper cette mauvaise orientation stratégique, prise dans un contexte de panique, sous pression des actionnaires de General Electric ?” C’est le message de conclusion de Christian Mougenot, élu syndical de la CFDT, à General Electric, à l’occasion d’une conférence de presse organisée par toutes les organisations syndicales présentes dans les entités de General Electric, à Belfort.
Depuis des jours, depuis des semaines, depuis des mois, élus locaux et représentants du personnel attendent un mot, un geste du président de la République, Emmanuel Macron, sur le dépeçage progressif opéré par General Electric, en France, des compétences de la filière énergétique. Toutes les entités y sont passées : les turbines à gaz ; l’entité nucléaire ; l’hydro ; les éoliennes ; l’entité liée à la conversion des puissances ; et Grid, les réseaux.
Alors, la venue d’Emmanuel Macron au Creusot (Saône-et-Loire), pour s’exprimer sur la filière nucléaire, était une bonne occasion pour une intersyndicale de toutes ces entités belfortaines de rappeler les enjeux qui entourent cette filière, alors que des rumeurs insistantes d’un rachat d’une partie de la branche nucléaire de GE circule. Ironie de l’histoire, Emmanuel Macron prononce son discours sur le nucléaire le jour où l’entité Steam Power de General Electric entame en France la procédure de son plan de restructuration.
« Ne pas oublier Belfort »
“La filière nucléaire ne peut se faire sans Belfort”, a insisté Philippe Petitcolin, de la CFE-CGC. Avec ses homologues, il a rappelé le rôle de l’îlot conventionnel dans cette filière. Cet îlot est composé de la turbine à vapeur Arabelle, de l’alternateur et de la capacité d’intégration de ce tout dans une centrale : des compétences des sites belfortains. Alexis Sesmat, délégué syndical de Sud Industrie, alerte sur la perte de compétences pour fabriquer cet îlot, alors que les plans sociaux se multiplient.
Au Creusot, Emmanuel Macron a affirmé que le nucléaire resterait « la pierre angulaire de notre autonomie stratégique ». Mais « GE ne baisse pas la voilure, il délocalise dans des pays à bas coûts. Il garde la même capacité d’entreprise », embraie Alexis Sesmat, qui met en garde sur les risques d’indépendance énergétique. « Si le PSE va au bout, demain, ce seront des Indiens, des Chinois, des Hongrois qui intègreront nos futures Arabelles », complète Philippe Petitcolin.
“On lui demande de venir à Belfort et de s’exprimer dans la capitale mondiale de l’énergie”, poursuit-il. Une cité qui est “malmenée”. Dans une lettre adressée à Emmanuel Macron lundi soir, Marie-Guite Dufay, présidente de la région. Bourgogne-Franche-Comté demandait au président de la République “ne pas oublier Belfort”.
Mix énergétique
« Racheter tout ou partie de la filière nucléaire, ce n’est pas suffisant. Elle doit être adossée à d’autres secteurs de l’énergie pour que ce soit viable », a enchainé Alexis Sesmat. Car au-delà de la filière nucléaire, c’est bien la construction du mix énergétique qui occupent l’esprit des représentants du personnel, alors que le chef de l’État a confirmé sa volonté de maintenir le nucléaire, mais aussi de faire progresser la production d’énergie renouvelable. « Nous avons à Belfort tous les ingrédients », insiste Christian Mougenot. Dans ce cadre, la CGT (relire notre interview publiée dimanche) demande « l’arrêt de tous les plans en cours et une intervention des pouvoirs publics, à tous les niveaux, pour reprendre la main sur l’outil » industriel de la filière énergie insiste Dominique Thiriet. En militant pour une vision globale et nationale.
Alexis Sesmat n’a pas résisté à l’envie de rappeler le rôle d’Emmanuel Macron dans ce dossier. « C’est le protagoniste essentiel du scandale d’État de la vente de la branche énergie d’Alstom. Il a des responsabilités sur la situation actuelle. » Il attend donc une expression du locataire de l’Élysée. Il se contenterait même d’un message reconnaissant « une erreur » d’appréciation. « Ce serait déjà un message fort », acquiesce-t-il. Mais aujourd’hui, les syndicalistes attendent surtout « des actes », pour reprendre les mots de Christian Mougenot.
"Cette reprise publique doit être associée à des projets industriels garantissant un mix électrique"
“Nous ne pouvons qu’approuver cette exigence que nous portons depuis plus d’un an et autour de laquelle nous mobilisons avec notre carte-pétition : pas d’électricité sans industrie, pas de choix citoyen sans maîtrise industrielle”, écrit la section du Territoire de Belfort du Parti communiste français, en réaction aux déclarations de Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté. Elle a appelé à sauver Belfort et rappelé le caractère “stratégique” de cette filière, menacée par un nouveau plan social. “Pour garantir vraiment l’avenir des activités industrielles détenues actuellement par General Electric, cette reprise publique doit être associée à des projets industriels garantissant un mix électrique apte à répondre aux différents défis posés par l’exigence climatique, la précarité énergétique, et le risque de coupure d’électricité”, demande le PCF. “Cette vision ambitieuse nécessite des moyens de financement nouveaux échappant aux logiques de rentabilité immédiate”, écrit le parti.