Le Trois –

General Electric : les conséquences pour Belfort du départ de Patrick Mafféïs

Avec la chemise blanche, Patrick Mafféïs, vice-président Europe des opérations industrielles, à l'hôtel Ibis de Danjoutin, ce vendredi matin.

Patrick Mafféïs, le dirigeant de l’entité turbines à gaz de General Electric, arrivé au cœur du conflit social en 2019, quitte le navire. Une situation qui n’est pas sans déplaire aux représentants du personnel, étant donné la dégradation du dialogue social ces derniers mois. Mais qui illustre une nouvelle fois le déclassement progressif de Belfort dans l’échiquier mondial du géant américain.

Patrick Mafféïs, le dirigeant de l’entité turbines à gaz de General Electric, arrivé au cœur du conflit social en 2019, quitte le navire. Une situation qui n’est pas sans déplaire aux représentants du personnel, étant donné la dégradation du dialogue social ces derniers mois. Mais qui illustre une nouvelle fois le déclassement progressif de Belfort dans l’échiquier mondial du géant américain.

« Je vous informe que Patrick Mafféïs a décidé de quitter [General Electric] à la fin du mois », déclare Scott Strazik, patron mondial du business gaz de General Electric, dans un courrier interne que Le Trois a pu consulter. Joint par téléphone, Patrick Mafféïs a confirmé son départ. « Je quitte Belfort », a-t-il simplement répondu, ajoutant que « par définition, on ne communique pas sur les mouvements internes ».

Patrick Mafféïs a pris la direction de l’entité turbines à gaz à la suite du plan social, à l’automne 2019. Un plan social dans lequel il a joué un rôle clé. « Patrick a joué un rôle important en dirigeant Belfort pendant une période incroyablement difficile », a même reconnu Scott Strazik. Dans les négociations, il a permis de remettre du dialogue alors que la situation était totalement bloquée avec Antoine Peyratout, l’ancien directeur général de l’entité turbines à gaz (GE EPF).

« On ne pouvait plus rien faire »

Pour autant, le dialogue social est rompu depuis plusieurs mois entre la direction et les représentants du personnel ; le projet industriel, contrepartie du plan social, est au point mort. « De le voir partir conforte l’idée qu’il était déjà sur le départ quand il s’agissait de monter au créneau pour défendre notre projet industriel », soupire Alexis Sesmat, délégué syndical Sud Industrie. Cela explique son non-engagement à 100 %. »

« On ne pouvait plus rien faire », abonde Philippe Petitcolin, secrétaire du comité social et économique (CSE), de la CFE-CGC. « On a tapé dans la main et on lui a donné les clés du camion, poursuit-il. On lui a fait confiance, mais il a échoué lourdement. » Le leader syndical est amer. Karim Matoug, de la CGT, « n’est pas surpris par [ce] départ », rappelant qu’il a été nommé « pour gérer le PSE ».

Patrick Mafféïs est remplacé par Emmanuel Mercier, nommé directeur général de GE EPF. Il était à la tête des projets européens et il présidait en 2020 les réunions de diversification glisse Alexis Sesmat. Il a rejoint General Electric en 2005. Et il est basé à Belfort, où il va rester assure Scott Strazik dans son courrier. Et il y reste même avec « son épouse » prend le temps d’écrire le dirigeant américain ! Sa mission sera « de garantir l’alignement avec les orientations stratégiques de Gas Power ».

Sur le papier, Belfort déclassé

En lisant entre les lignes de ce courrier, on peut légitimement s’inquiéter de la place accordée au site de Belfort. L’ancien patron, Patrick Mafféïs, rendait des comptes directement au leader mondial, Scott Strazik. Ce ne sera pas le cas du nouveau, placé sous l’autorité de Joe Anis, président directeur général de la région Europe, Moyen-Orient et Afrique de General Electric, dont le siège est à Dubaï. Cette nomination « est une démonstration supplémentaire que GE s’assoit sur les accords de 2014 et ne fait même plus semblant », dénonce Alexis Sesmat.

Selon cet accord signé en novembre 2014, « les quartiers généraux européens actuels de GE pour les activités turbines à gaz de grande taille à usage industriel de 50 Hz demeureront à Belfort ». Des équipes de direction mondiales devaient aussi y être attachées (approvisionnement, R&D, marketing, activités commerciales…). Selon une source proche du dossier, cette nomination « ne remet rien en question au sujet des accords de 2014 ». « C’est un phénomène de turn-over classique », explique-t-on dans ce cercle proche de GE.

« Nous retombons dans une configuration d’avant le PSE », relève Karim Matoug. Une source qui maîtrise bien le dossier relève que Patrick Mafféïs (senior executive board) avait obtenu ce grade « pour donner des garanties » au gouvernement et aux représentants du personnel lors du plan social. « Patrick Mafféïs faisait croire qu’il avait de l’influence, qu’il était en lien avec Scott Strazik, mais il ne décidait rien du tout », explicite Philippe Petitcolin. C’était artificiel que Belfort reprenne du leadership. » C’était une vision d’organigramme. « On singularise le site de Belfort. Il n’a pas plus de places que les autres alors qu’avant il avait une place prépondérante », reconnait Grégory Pastor, élu CGT au comité de groupe européen. Mais ce c’est pas une nouveauté. Plus une confirmation.

Reprise du projet industriel ?

« Le peu de personnes qui connaissent l’industrie chez General Electric sont en train de se barrer, remarque également Grégory Pastor. C’est un signe que cela ne va pas bien. » Le syndicaliste n’oublie pas que Patrick Mafféïs a piloté le plan social, mais il reconnaît qu’avec ce départ, « c’est aussi une conception industrielle de l’entreprise qui part ».

Philippe Petitcolin accueille plutôt positivement la nomination d’Emmanuel Mercier, alors que l’on était dans une situation de blocage avec son prédécesseur. Il apprécie son côté « factuel ». « Il connaît les clients et le marché », ajoute-t-il. La question, aujourd’hui, est de savoir quelle est l’influence d’Emmanuel Mercier à l’intérieur de GE, dans un contexte de retour des commandes. Malgré un grade inférieur que Patrick Mafféïs, peut-il peser ? « J’ai l’espoir qu’il puisse avoir à cœur de défendre l’entreprise, avec son enracinement [à Belfort], glisse Alexis Sesmat. J’ai envie de le rencontrer, pour revoir le projet industriel. À voir si avec lui nous pouvons jouer la partie d’échecs à l’intérieur du groupe. »

Karim Matoug pointe du doigt les dangers de mettre en concurrence les sites de General Electric, notamment ceux de Greenville (USA) et de Belfort. « Ils veulent rendre Belfort plus compétitif ? interroge Karim Matoug. Chiche. Mais cela passera par des investissements. Et ça, c’est en plein dans le projet industriel. » Il met en garde aussi sur les conditions de travail, « qui se sont dégradées en 2020 ».

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