La contestation contre General Electric s’organise à l’échelle de l’Europe. Les représentants des comités de groupe Europe de GE Power, GE Renewable et de Central GE ont écrit aux responsables des groupes politiques du parlement européen pour les alerter sur la situation observée chez le géant américain. Le Trois a pu consulter la lettre. Morceaux choisis.
La contestation contre General Electric s’organise à l’échelle de l’Europe. Les représentants des comités de groupe Europe de GE Power, GE Renewable et de Central GE ont écrit aux responsables des groupes politiques du parlement européen pour les alerter sur la situation observée chez le géant américain. Le Trois a pu consulter la lettre. Morceaux choisis.
15 000 emplois. C’est le nombre d’emplois directs perdus en Europe depuis 2015, chez General Electric, estiment les secrétaires et coordinateurs des comités de groupe Europe de General Electric Power, GE Renewable et Central GE, dans un courrier en date du 9 février ; les comités de groupe Europe sont l’émanation des représentations des salariés dans chaque pays où est présent General Electric.
Ce courrier est adressé aux présidents des cinq groupes politiques du Parlement européen, ainsi qu’à Manon Aubry, unique députée européenne française vice-présidente de groupe. Les représentants du personnel, qui s’associe à l’échelle du groupe, politisent le dossier, mais au niveau de l’Union européenne. Un acte loin d’être anodin. Bien connu à Belfort, le dossier General Electric prend de plus en plus une dimension européenne et est étudié globalement ; c’est le dossier de la souveraineté énergétique.
6 restructurations en 5 ans
En septembre 2020, GE employait 57 500 personnes en Europe, selon ces représentants du personnel. Près de 17 000 sont dans sa branche Power (gaz, nucléaire, conversion de puissance) et 14 500 dans sa branche renouvelable (éolien, hydro, réseaux). En France, ce sont plus d’un quart des effectifs qui ont été supprimés sur cette période (notre article).
« Nous souhaitons porter à votre attention nos préoccupations concernant les actions de GE depuis son acquisition de la division énergie d’Alstom en 2015 et les implications que cela a, non seulement pour les travailleurs de GE Power, mais aussi et surtout pour la capacité́ du marché́ européen de l’énergie à répondre aux défis auxquels nous sommes actuellement confrontés », écrivent les six signataires dans ce courrier, que Le Trois a pu consulter.
Depuis le rachat d’Alstom, ce sont six restructurations qui ont été organisées en Europe. Ils estiment qu’aux 15 000 emplois directs supprimés, autant l’ont été chez les sous-traitants et fournisseurs « tous essentiels au développement du marché unique de l’énergie et à la nécessaire transition énergétique vers un avenir moins pollué par le carbone », écrivent-ils. Ils dénoncent une stratégie basée sur une « rentabilité à court terme au détriment des investissements et d’une vision industrielle capable de relever les défis énergétiques », poursuivent-ils.
« GE ne semble plus capable »
Selon ces représentants du personnel, GE a consacré 4 milliards de dollars à la R&D en 2020. « Seuls quelques millions sont investis en Europe dans les secteurs industriels et les budgets sont encore inférieurs de 25 % en 2020 », avancent-ils. « L’absence de toute vision industrielle à long terme entraîne le désengagement et la destruction des compétences européennes, avec l’impact que cela implique sur la capacité́ du secteur énergétique européen à répondre aux défis de l’avenir », dénoncent les signataires.
« GE est l’un des rares grands fabricants d’équipements énergétiques (OEM) dans le monde. Malheureusement, GE ne semble plus capable de maintenir son empreinte industrielle en Europe, estime le courrier, avant de poursuivre : Dans un marché aussi concentré, avec si peu d’acteurs, la destruction continue de compétences clés met en danger l’ensemble du secteur énergétique européen, au profit des États-Unis et de l’Asie. »
Les élus demandent une entrevue avec les présidents de groupe, afin « d’examiner les réponses européennes qui pourraient être nécessaires afin de protéger et de nourrir un secteur énergétique industriel capable de répondre aux besoins énergétiques européens et aux défis de l’avenir ».