La filière énergie se renforce dans le nord Franche-Comté. Energiestro confirme son implantation à Essert. L’entreprise, qui arrive de la région Centre, conçoit un volant d’inertie en béton capable de stocker l’électricité grâce à l’énergie cinétique. Une innovation qui réduit drastiquement les coûts.
La filière énergie se renforce dans le nord Franche-Comté. Energiestro confirme son implantation à Essert. L’entreprise, qui arrive de la région Centre-Val de Loire, conçoit un volant d’inertie en béton capable de stocker l’électricité grâce à l’énergie cinétique. Une innovation qui réduit drastiquement les coûts.
Cela fait deux ans que le conseil régional Bourgogne-Franche-Comté tente de convaincre Energiestro, une société d’ingénierie et de recherche basée à Châteaudun (Eure-et-Loir), de s’installer dans la région, et plus particulièrement dans le nord Franche-Comté. « Nous n’avions aucune raison de venir ici à l’origine », sourit Anne Gennesseaux, présidente d’Energiestro. Elle raconte comment Michel Neugnot, vice-président de la Région, a connu leur entreprise et comment il n’a eu de cesse ensuite de les encourager à s’installer dans le secteur.
La société, qui vient d’élire domicile à Essert, a finalement été séduite par le secteur. Elle vient pour industrialiser un procédé innovant de stockage d’énergie. L’électricité, issue de panneaux photovoltaïques, est stockée dans un volant d’inertie en béton précontraint, grâce à la force cinétique. « L’objectif est de réussir à stocker l’énergie excédentaire produite le jour pour la restituer la nuit ou lorsque le soleil est absent », indique l’agence économique régionale Bourgogne-Franche-Comté (AERBFC) dans son communiqué de présentation de l’entreprise.
Compétences et écosystème
« Nous avons trouvé une solution pour éviter de faire travailler le béton en traction, observe la présidente d’Energiestro. Il va travailler en compression grâce à un frettage en fibre de verre. » Le volant d’inertie est installé dans un carter, lui-même façonné en béton. Leur innovation est protégée par de nombreux brevets français et internationaux. Cette innovation a été récompensée par EDF Pulse en 2015 et par le prix de l’innovation de la Commission européenne. « Nous sommes la seule entreprise au monde qui fabrique des volant d’inertie en béton », assure-t-elle. « Technologie en devenir, trois entreprises (Voltalia, Engie et EDF) ont déjà passé commande à Energiestro pour des volants d’inertie en beta-test pour des installations photovoltaïques », indique de son côté l’AER. Cette solution est beaucoup moins coûteuse qu’une batterie, car elle n’utilise pas de métaux, d’alliages ou de matériaux composites. Les réseaux de recyclage limités de la batterie et les conditions d’extraction des matières nécessaires à sa fabrication sont aussi des points négatifs. C’est donc bien une ambition « écologique » qui est aussi à l’origine du projet Energiestro assure Anne Gennesseaux.
Les prochains mois consisteront à produire les beta-tests de leur prototype de volant d’inertie VOSS (volant stockage solaire), associé à la production photovoltaïque d’électricité. Ces beta-tests seront installés chez les trois partenaires. Une fois le produit calé en fonction des demandes de ces clients, il pourra être produit. Cette technologie pourrait être utilisée dans l’auto-consommation des bâtiments équipés en panneaux solaires, dans le stockage et le lissage des énergies renouvelables intermittentes, dans l’alimentation en électricité des sites isolés (relais de télécommunication GSM, habitations), dans l’électrification rurale des pays en développement et dans le réglage de la fréquence du réseau détaille le communiqué de presse.
12 millions d’euros d’investissement
Le territoire a séduit Energiestro par la présence d’une main d’œuvre qualifiée. « Nous n’arrivions pas à recruter à Châteaudun, en pleine Beauce, une région agricole », admet Anne Gennesseaux. Et l’entreprise a besoin de compétences pour se développer. La région propose aussi un réseau de sous-traitants. « L’environnement industriel de Belfort est bien supérieur. Rien que dans notre rue (rue du Port, à Essert, NDLR), nous avons une entreprise de polissage, une autre de mécanique de précision », apprécie la présidente. « Nous retrouvons au même endroit les entreprises dont nous avons besoin et les gens formés, apprécie Anne Gennesseaux, qui confie que deux recrutements sont en cours. L’ambition écologique, c’est aussi de travailler le plus localement possible. »
Energiestro vient de lever 10 millions d’euros pour poursuivre son projet. L’entreprise est également soutenue par la Région, qui octroie une subvention de 800 000 euros, sur l’investissement. Le fonds Maugis (lire notre article) accompagne aussi le projet sur la partie emploi. Les décaissements de ces enveloppes sont conditionnés au respect de paliers. L’entreprise a été accompagnée par l’AER et l’agence de développement économique du nord Franche-Comté (ADNFC). « Ce fut un vrai travail coopératif », apprécie Gilles Cassoti de l’ADNFC. Energiestro va investir 12 millions d’euros pour son installation à Essert, d’ici 2025. Elle vise une cinquantaine de recrutements.