Le Trois –

PUB

EDF : les salariés de GE réclament « une véritable politique énergétique »

Mari-Guite Dufay écrit à Emmanuel Macron pour obtenir un moratoire sur le plan social à General Electric Steam Power
Un salarié de General Electric, lors d'une manifestation contre le plan social à GE Steam, le vendredi 16 avril 2021. | ©Le Trois – Thibault Quartier

“Il était temps”: A Belfort, salariés et syndicats se montrent prudemment satisfaits du prochain rachat des activités nucléaires de General Electric (GE) par EDF, qu’Emmanuel Macron viendra célébrer jeudi, sept ans après avoir donné son feu vert à la vente controversée de ces activités au groupe américain.

Antoine Pollez – AFP

“Il était temps”: A Belfort, salariés et syndicats se montrent prudemment satisfaits du prochain rachat des activités nucléaires de General Electric (GE) par EDF, qu’Emmanuel Macron viendra célébrer jeudi, sept ans après avoir donné son feu vert à la vente controversée de ces activités au groupe américain.

“Bien sûr que c’est une bonne nouvelle”. Attablé à “La Découverte”, le restaurant d’entreprise du site General Electric, Bruno, opérateur de 58 ans dans les usines de la branche Steam Power (nucléaire) qui produit les fameuses turbines Arabelle, se réjouit de passer bientôt sous l’étendard d’EDF. “Un Etat qui ne maîtrise pas sa production d’énergie, pour moi ce n’est pas un Etat”, estime-t-il. “C’est comme au Monopoly : il vous faut les gares, l’électricité, l’eau… et l’avenue de Matignon. Sans ça, vous ne gagnez pas”.

Devant un rôti de porc à la provençale, il fait le bilan des quelques années passées dans le giron du groupe américain. “On n’aurait jamais dû être vendu, même si à l’époque c’était mal géré”, peste-t-il. “En quatre ou cinq ans, le savoir-faire est parti”, regrette son collègue Robert, 53 ans, assis en face, et qui préfère lui aussi ne pas indiquer son nom. “Il n’y a eu aucune politique de formation, et beaucoup de gens sont partis. Et pourtant quand vous avez une pièce de 300 tonnes, que vous la mettez en usinage au centième de millimètre, ça ne s’apprend pas du jour au lendemain”.

Depuis 2015, Steam Power a connu deux plans de sauvegarde de l’emploi et une rupture conventionnelle collective : 30% des salariés ne sont plus là, selon Laurent Humbert, délégué CSE-CGC de la branche. “Il était temps qu’on sorte du groupe General Electric, mais j’ai une pensée pour tous les collègues des autres entités, qui eux vont encore rester sous l’ouragan”, s’inquiète cet ingénieur électronicien. Il s’interroge également sur le périmètre du rachat. “Sur 2.300 personnes (chez Steam Power), on a un doute sur le devenir d’environ 300 salariés”.

Un rachat "pour en faire quoi"?

Installé à une autre table, Sylvain, responsable d’un bureau d’étude sur les alternateurs, s’interroge sur le devenir de son activité. “Il y a une forte incertitude sur l’avenir : EDF, jusqu’ici, gérait des centrales, mais pas la fabrication des matériels, ils n’avaient pas d’usine. Pour eux, c’est un nouveau métier, ça prendra du temps”, souligne-t-il. A sa table, un cadre du groupe présent sur le site depuis “un trentaine d’année”, qui préfère rester anonyme, se dit “un peu blazé” de ces rachats successifs. “A chaque fois on y laisse des plumes. On manque d’une véritable politique énergétique”.

Les salariés expriment des doutes sur l’évolution du carnet de commande, qui, pour l’heure, est plein pour quelques années : les clients de GE, concurrents d’EDF, continueront-ils à se fournir à Belfort après le rachat ? Personne ne se perd en conjectures, mais les syndicats appellent l’Etat français à lancer lui-même un plan d’investissement dans le nucléaire, afin de pérenniser l’activité. “Il n’y a pas de planification. Le noeud du problème, c’est qu’on rachète une entreprise, mais pour en faire quoi ?”, lance Laurent Santoire, délégué CGT.

"Fort de café"

La réponse pourrait venir de la visite d’Emmanuel Macron, annoncé sur place jeudi, pour la première fois de son quinquennat, alors que la campagne électorale bat son plein. “C’est fort de café”, souligne Philippe Petitcolin. Le secrétaire du comité social et économique de l’entité turbines à gaz, qui reste sous giron américain, et membre de la CFE-CGC n’a pas encore digéré la “grosse erreur de stratégie industrielle” que constitue selon lui la vente des activités d’Alstom à GE, autorisée à l’époque par un Macron ministre de l’économie. Il espère que le président viendra faire “des annonces qui iront beaucoup plus loin que le seul rachat de Steam Power”. “Est-ce que la France va encore faire l’erreur de tout miser sur le nucléaire et mettre de côté le mix énergétique ?”, s’inquiète Alexis Sesmat, délégué syndical Sud Industrie, et ingénieur dans l’entité turbines à gaz, distincte de Steam Power. “Quid de l’éolien, de l’hydraulique, de la gestion des réseaux ? On n’en parle pas, mais ce sont des éléments clés de la transition énergétique”.

Nos derniers articles

Un journaliste Belfortain embarque en Ukraine avec le convoi Partir Offrir et lance un podcast

Nicolas Joly, journaliste à France Bleu Belfort-Montbéliard, a récemment vécu une expérience marquante. Du 18 au 24 février, il est parti avec le convoi humanitaire Partir Offrir direction l'Ukraine. Après une semaine intense, il en a tiré un podcast, témoin d'une expérience à la fois difficile et profondément humaine. Rencontre.

Doctolib : dans le Territoire de Belfort, les délais de rendez-vous deux fois plus longs qu’ailleurs en France

La moitié des rendez-vous de généralistes sont obtenus en moins de trois jours, selon une étude réalisée par la plateforme en ligne Doctolib et la fondation Jean Jaurès. Elle cache toutefois des disparités. Le Territoire de Belfort est cité en exemple des départements rencontrant des difficultés.

La Banque de France propose un nouvel outil d’analyse aux dirigeants

La Banque de France lance un outil à l’adresse des chefs d’entreprises. L’espace dirigeant regroupe toutes les informations Banque de France sur son entreprise : cotation, indicateurs de marché, performances et prise de contact facilitée avec l’institution financière.

Découvrez aussi

Accédez rapidement à une sélection d’articles locaux, proche de chez vous dans le Nord Franche-Comté

letrois articles

Soutenez Le Trois

Aidez-nous à installer et développer un site d’informations en accès gratuit dans le nord Franche-Comté! Letrois.info vous propose de l’info locale de qualité pour vous aider à comprendre les grands enjeux de la région de Belfort-Montbéliard-Héricourt, qui constitue un bassin économique et un bassin de vie au-delà des frontières administratives.

Le saviez-vous ?
Votre don est défiscalisable à hauteur de 66%.
En savoir plus

Newsletter

Recevez par email les principales
actualités du nord Franche-Comté,
ainsi que l’information « À la Une » à ne surtout pas manquer !

Vous pouvez vous désinscrire à tout moment. Pour en savoir plus, consultez la page des données personnelles

Proche de chez moi

Retrouvez les derniers articles en lien avec votre commune

Partout avec moi

Téléchargez notre application sur votre smartphone et restez informé !

Petites annonces immobilières

Toutes les annonces de nos agences partenaires

Kiosque

Retrouvez tous les hors-séries de la rédaction autour du nord Franche-Comté.
Emplois, immobilier, industrie… tous les sujets qui vous concernent !

Nouveau

Agenda

Retrouvez l’agenda des sorties, des animations, des spectacles, des expositions, des fêtes et des manifestations sportives dans le nord Franche-Comté.

PUB
Outils d’accessibilité
Rechercher

Plus de résultats...

Generic selectors
Exact matches only
Search in title
Search in content
Post Type Selectors
Même gratuite,
l'info a un prix

Aidez-nous à installer et développer un site d’informations en accès gratuit dans le nord Franche-Comté !

Votre don est défiscalisable à hauteur de 60% sur vos impôts