Le fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires vient d’attribuer 700 000 euros d’aides à Isola Composite, à Delle. L’entreprise est spécialisée dans la conception de matériaux composites isolants. Reprise par une salariée en mars 2021, l’entreprise prévoit un plan d’investissement de 2,4 millions d’euros.
Le fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires vient d’attribuer 700 000 euros d’aides à Isola Composite, à Delle. L’entreprise est spécialisée dans la conception de matériaux composites isolants. Reprise par une salariée en mars 2021, l’entreprise prévoit un plan d’investissement de 2,4 millions d’euros.
28 mai 2020. La douche froide. Les deux entités du Suisse Von Roll à Delle sont placées en redressement judiciaire : Delle Fil SAS et Von Roll Isola. Selon le groupe, les deux entités sont « déficitaires », rappelait à l’époque France bleu Belfort-Montbéliard. D’autres soulignent surtout que le groupe industriel suisse n’a pas cherché à investir dans ses entités delloises pour les rendre plus performantes. En mars 2021, la première nommée est reprise par Vicente Torns distribution, un groupe espagnol qui dispose d’une entité juridique en France, dans l’agglomération lyonnaise. Et la seconde nommée est reprise par une salariée, Cécile Allemann. Von Roll Isola devient Isola Composite France.
« Vous avez créé cette belle histoire », lui a témoigné Jean-Marie Girier, préfet du Territoire de Belfort sur le départ (lire notre article), lors d’une visite de l’usine, le 1er février. « Vous avez sauvé des emplois », a-t-il ajouté, reconnaissant. Aujourd’hui, l’entreprise compte 51 personnes, contre 41 lors de la reprise, il y a près d’un an. Cécile Allemann vise un effectif de 69 personnes en 2023, avec l’ambition de remonter une organisation du travail en 3×8.
L’entreprise, qui fabrique des matériaux composites isolants, pour des armoires électriques par exemple, travaille notamment pour General Electric où elle isole des éléments des turbines à vapeur Arabelle. Elle travaille également pour Goodyear, Siemens, ABB, Michelin, Emerson, Huaweï, Fives. Ses produits sont utilisés dans l’univers automobile, de l’énergie, ferroviaire, l’aéronautique, l’électronique, mais aussi le bâtiment. « Nos clients fidèles sont restés », apprécie la jeune présidente de l’entreprise, qui travaille dans l’entité depuis plus de 20 ans. Elle connaît très bien les produits et la base clients.
Regrouper l’outil de production
Les efforts déployés depuis 10 mois commencent à porter leurs fruits. « Les résultats sont en nette progression », apprécie la présidente. À la fin de l’exercice comptable, le 31 mars, le chiffre d’affaires devrait atteindre 11 millions d’euros. Sur l’exercice 2020, il avoisinait 10 millions d’euros. « Nous voulons être les leaders français du composit, affiche Cécile Allemann. C’est à notre portée. » Pourtant, l’année 2021 a été particulièrement difficile. L’entreprise a, comme beaucoup d’autres, souffert de pénuries de matières, de politiques de contingentement et de croissance des prix.
Isola Composite France s’est aussi confronté aux limites de son outil de travail. « Des équipements ont souffert du manque d’investissement des dernières années », relève la présidente. « On voit déjà des blocages en termes capacitaires », complète-t-elle. Il faut investir et moderniser l’outil de travail. L’entreprise a défini un programme d’investissement de 2,4 millions d’euros, qui s’étend sur 2 ans. Il doit permettre d’augmenter les capacités de production et par ricochet, le chiffre d’affaires. Ce soutien de 700 000 euros va ainsi permettre d’investir « dans des équipements et moderniser son outil de production, en augmenter les capacités et en améliorer la qualité, afin de rester compétitif », note la préfecture du Territoire de Belfort qui annonce l’obtention de cette aide.
L’aide va permettre d’acquérir 2 étuves supplémentaires (accélération de la polymérisation des plaques), une commande numérique 5 axes (augmentation capacitaire en usinage), une rectifieuse (amélioration de la rugosité de surface et du dimensionnel des plaques), d’automatiser le chargement de la presse et d’investir dans un système de déchargement et d’ébavurage des plaques SCMB (stabilisation du système de chauffe pour uniformiser le process et la qualité des plaques) détaille la préfecture dans son communiqué de presse.
Le plan d’investissement prévoit aussi de restructurer son outil de production. Aujourd’hui, il est réparti dans plusieurs bâtiments, dispatché sur un site industriel qui a 102 ans et qui s’étend sur 32 000 m2. Un site totalement morcelé dont les flux de production ne sont pas rationnalisés. « Il y a une multitude de constructions faites au fur et à mesure des besoins », explique Cécile Allemann. 500 à 700 000 euros d’économies sont envisagées après cette rénovation et la rationalisation du bâti. Pour accompagner ce plan d’investissements, l’entreprise a aussi sollicité le fonds Maugis. Son dossier est en cours d’instruction, après avoir passé la première étape.
La nouvelle équipe de direction a déjà travaillé sur de nouveaux produits et vise aussi de nouveaux marchés industriels, notamment autour des énergies nouvelles, comme l’hydrogène. Elle vise aussi le développement du grand export. Aujourd’hui, Isola Composite France vend à 48 % en Europe et à 20 % en France.
La réorganisation de l’entreprise va permettre d’envisager une réhabilitation de ce site, en partie friche industrielle. La communauté de communes Sud Territoire a reçu une aide de 585 571 euros dans le cadre du fonds friche pour engager cette restructuration.