L’AFP annonce ce vendredi matin la disparition de Jacques Calvet. Il a dirigé le groupe de 1982 à 1997. Il est décédé à l’âge de 88 ans.
La rédaction, avec l’AFP
L’Agence France Presse a annoncé ce vendredi midi la disparition de Jacques Calvet, ancien p-dg du groupe PSA, de 1984 à 1997. Il est le capitaine d’industrie qui a redressé le groupe, alors au bord de la faillite. Il a accompagné le succès de la 205, dont la production a débuté fin 1982. Sous sa présidence, Peugeot a connu ses heures de gloire en championnat du monde des rallyes. – mis à jour le 10 avril à 16h01.
Jacques Calvet, ancien patron du constructeur automobile français PSA (Peugeot, Citroën) et figure des milieux d’affaires, est décédé jeudi, a annoncé vendredi son fils Jérôme Calvet, qui dirige la filiale française de la holding financière japonaise Nomura. Il n’a pas précisé les causes ni les circonstances du décès. Les obsèques de l’ancien dirigeant, qui était âgé de 88 ans, “se dérouleront dans la plus stricte intimité familiale”, ont indiqué ses proches dans un communiqué. Jointe au téléphone, la mairie de Dieppe, où a eu lieu le décès, a confirmé l’information.
Décès de Jacques Calvet, ancien patron du groupe automobile @GroupePSA (son fils à @afpfr)
— Le Trois (@letrois_info) April 10, 2020
Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’Ecole nationale d’administration. Jacques Calvet avait commencé sa carrière à la Cour des comptes en 1957. Il avait rejoint deux ans plus tard le cabinet de Valery Giscard d’Estaing, alors secrétaire d’Etat aux Finances, qu’il suit pour devenir directeur de cabinet lorsque ce dernier est nommé ministre de l’Economie et des Finances. Les deux hommes se séparent quand Valérie Giscard d’Estaing est élu président de la République en 1974 et que Jacques Calvet part à la BNP, une banque alors contrôlée par l’État.
La famille Peugeot vient le chercher en 1984, quand le groupe issu du rachat de Citroën par Peugeot est au plus mal. Il dirige PSA jus’en 1997. “Jacques Calvet, grand visionnaire, a dirigé l’entreprise de 1984 à 1997, pour en faire un constructeur automobile de premier plan. Je tiens à saluer la mémoire de ce grand capitaine d’industrie qui nous quitte, doté d’un rare courage et d’une détermination sans faille qui doivent nous inspirer”, témoigne Carlos Tavarès, président du directoire du groupe PSA.
“Mes premières pensées vont à sa famille. Ma peine est forte”, a réagi Jean-Philippe Peugeot, le PDG d’EPF (Etablissements Peugeot Frères), la holding de tête du groupe familial, dans une réaction auprès de l’AFP. “Il a été un fantastique capitaine d’industrie qui a sauvé le groupe dans les années 1980, qui a fait des choses extraordinaires”, a-t-il souligné, exprimant son “extrême reconnaissance” ainsi que son “respect” et son “admiration”. “C’est un personnage impressionnant qui avait beaucoup de choses à dire et ne mâchait pas ses mots pour le dire, qui disait ce qu’il pensait, et avait une autorité spectaculaire”, a-t-il ajouté.
La grève de 1989
« Ce que l’on peut en retenir, confie Éric Peultier, délégué syndical FO à PSA Sochaux et secrétaire de FO Métaux, à Sochaux, c’est la 205. » Le syndicaliste n’a pas beaucoup connu Jacques Calvet. Il est arrivé à Sochaux en 1989. Et occupé des fonctions syndicales de premier plan ensuite. Mais il sait que ce patron « a relancé Peugeot ».
« Le groupe était au bord de la faillite », confirme Abib Mameri, élu FO au comité social et économique (CSE), à Sochaux. Peugeot avait racheté Citroën en 1974 et Chrysler Europe (Talbot) en 1978. Abibi Mameri se souvient de lui comme d’un financier, qui a redressé l’économie de l’entreprise. Il a restructuré en encourageant les synergies entre Peugeot et Citroën « Il n’était pas imprégné de l’automobile comme Carlos Tavarès », compare-t-il.
Jacques Calvet, remarque Abib Mameri, est aussi celui qui a décidé de retourner en rallye. « Partout où la voiture gagnait, les ventes augmentaient », se souvient celui qui a commencé à PSA en 1985, à Mulhouse. Avec la 205 turbo 16, Peugeot remporte les titres pilotes et constructeurs en championnat du monde des rallyes, en 1985 et 1986, puis le Paris-Dakar en 1987 et 1988. Ce choix a été fait au détriment d’un projet avec Matra, qui donnera ensuite naissance avec Renault, à l’Espace, détaille Abib Mameri.
Patrick Michel, secrétaire du comité de groupe monde, dans le groupe PSA, n’a pas non plus ferraillé avec Jacques Calvet. Il est entré à PSA en 1995. Mais il se souvient d’avoir assisté à un speach du p-dg, accompagné de son successeur, Jean-Martin Folz. De Jacques Calvet, il retient les grèves de 1989. Cet ingénieur, originaire de Mulhouse, a entendu de nombreuses histoires autour de ce mouvement social d’envergure, parti justement du Haut-Rhin. « La grève a débuté dans la forge, à Mulhouse. On y produisait notamment des vilebrequins », rappelle Patrick Michel. Sans vilebrequins, on n’a pas de moteur et sans moteur, pas de voiture. La grève a été ensuite suivie à Sochaux. « Il a dû gérer ce mouvement social, d’envergure nationale, sous un gouvernent de gauche », remarque Patrick Michel. Sollicité, Bruno Lemerle, secrétaire de la section retraité de la CGT de PSA, qui a bien connue le conflit de 1989, n’a pas souhaité s’exprimer. “La CGT, qui a combattu sa politique pendant des années ne veut pas faire de commentaires”, confie-t-il.
« C’est un gros mouvement que l’on n’a jamais revécu », note pour sa part Éric Peultier. Depuis plusieurs années, le groupe subissait la rigueur, pour se redresser. Alors, en 1989, c’était l’heure de la redistribution. « Les gens avaient fait des efforts », constate Abib Maneri. Ils voulaient un retour. « Mais il ont eu très peu », poursuit-il.
Et le groupe PSA de relever : “Au regard de la crise que nous traversons, son exemple nous oblige et nous engage à protéger l’entreprise dans l’intérêt de ses salariés, comme il a toujours su le faire. »