Formation, agriculture, apprentissage, économie, culture, tourisme : les conseillers régionaux ont adoptés vendredi après-midi un plan d’urgence destiné à soutenir l’activité économique dans la grande région. Alors même que ses pertes de recettes s’annoncent importante dès cette année.
La séance du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté s’est déroulée avec un nombre restreint de conseillers, ce vendredi 24 avril, en raison de la pandémie. Certains s’en sont félicité, d’autres l’ont regretté, mais tous étaient d’accord pour relever l’urgence de la situation. Pour ceux qui ne pouvaient y assister, une retransmission pouvait être suivie sur le site du conseil régional, dispositif habituel, mais qui prenait un intérêt particulier dans ces circonstances.
La présidente de la Région, Marie-Guite Dufay, a soumis à l’approbation des conseillers un plan d’urgence pour faire face à la crise d’un montant global de plus de 84 millions d’euros. Majorité et opposition ont plutôt salué ces propositions, même si ça et là émergeaient des demandes pour en faire plus : Alain Joyandet réclamant des subventions plutôt que des prêts pour les entreprises, dont il déplore qu’ils créent de la dette ; Alain Sauvadet (par un message lu en son nom) réclamant plus pour les agriculteurs ; Julien Odoul (RN) déposant quelques amendements et réclamant « plus pour demain ».
Des aides tous azimuts
Reste que la région a fléché ce vendredi après-midi plus de 84 millions d’euros vers divers secteurs de l’activité de la région Bourgogne-Franche-Comté. La plus grosse enveloppe, plus de 38 millions d’euros, va vers la formation des demandeurs d’emploi, pour la mise en oeuvre du pacte régional d’investissement dans les compétences (PRIC) 2020.
La deuxième enveloppe, en terme de volume, était peut-être la plus attendue : elle porte sur l’économie, avec plus 12 millions fléchés vers le développement économique et l’emploi.
Elle inclut le fonds de solidarité territorial (FST) pour aider les entreprises sans salariés, jusqu’alors non couvertes par le second volet du Fonds de Solidarité National. Ce nouveau fonds associe les EPCI (les communautés de communes). Lorsque la Région investit 3 euros par habitant, les EPCI participent à hauteur de 1 euros par habitant. Plusieurs communautés de communes (Grand Belfort, Ronchamp) ont déjà annoncé s’y associer. Cela représente un budget de 22,4 millions d’euros pour la Région pour les mois de mars et avril.
Autre secteur sinistré par le confinement lié à la pandémie : l’événementiel. Un fonds d’urgence régional est créé et doté de 2,5 millions d’euros. Il consiste en une aide forfaitaire de 5 000 euros. Les entreprises, quel que soit leur statut juridique, sont éligibles si elles remplissent ces critères : perte de chiffre d’affaires de 50% entre mars 2019 et mars 2020, 20 équivalents temps plein maximum et pouvoir justifier du report ou de l’annulation de deux évènements d’envergure au cours de l’année 2020.
Fonds d’urgence également pour le tourisme, avec une enveloppe de 4 millions d’euros qui permettra, en plus des dispositifs déjà mis en place par l’Etat et Bpifrance, d’apporter une aide complémentaire aux structures régionales d’hébergement touristique. Cette aide s’élèvera à 3000 euros pour les professionnels exploitant des gîtes, des meublés et des chambres d’hôtes à vocation touristique et à 5000 € pour les autres professionnels de l’hébergement touristique.
Pour les élèves aide-soignants, élèves ambulanciers, étudiants infirmiers, étudiants en masso-kinésithérapie mobilisé dans la lutte contre le covid-19, une aide exceptionnelle de 1 200 euros par mois est mise en place, sous forme d’indemnité de stage.
Les étudiants, les fab labs, le secteur associatif, l’agriculture font l’objet aussi de dispositifs spéciaux. Concernant l’agriculture, Marie-Guite Dufay a annoncé le lancement d’une campagne en mai pour sensibiliser le public à l’agriculture de proximité et espéré que les habitudes de consommation évoluent. Tout en avouant être inquiète pour ce secteur, d’autant plus que la sécheresse est déjà là.
Des millions de pertes de recettes pour la Région
Ces dispositifs d’aide interviennent alors que, la présidente la souligné dans son propos liminaire, les finances de la région vont elles-mêmes être mises à mal par la crise. D’ores et déjà, la présidente du conseil régional s’attend à 45 millions de pertes de recettes en 2020 et à 135 millions en 2021. « Nous avons une réduction par deux de notre capacité d’investissement, alors même qu’il faudrait participer à des investissements massifs », a souligné Marie-Guite Dufay. Mais, a-t-elle ajouté, « pour l’instant, nous sommes dans l’urgence ».