Lundi soir, le conseil de développement de Pays de Montbéliard Agglomération a organisé une conférence du géographe Laurent Chalard. Un géographe qui pointe les anomalies administratives ; il considère justement que le nord Franche-Comté en est une (revoir sa conférence ici). Il prêche pour la création d’un département à l’échelle de ce bassin de vie, pour éviter la fragmentation des services de l’État. Son discours, sans langue de bois (!) ni pincettes, plutôt critique, a fait réagir et naître le débat (lire par ailleurs). Voire bousculé. Il glisse également les 4 pistes à étudier pour construire cette réalité nord franc-comtoise.
Lundi soir, le conseil de développement de Pays de Montbéliard Agglomération a organisé une conférence du géographe Laurent Chalard. Un géographe qui pointe les anomalies administratives ; il considère justement que le nord Franche-Comté en est une (revoir sa conférence ici). Il prêche pour la création d’un département à l’échelle de ce bassin de vie, pour éviter la fragmentation des services de l’État. Son discours, sans langue de bois (!) ni pincettes, plutôt critique. Il a fait réagir. Il a bousculé. Il a fait naître un débat. Il glisse également 4 pistes à étudier pour construire cette réalité nord franc-comtoise.
1. Prendre conscience de ce territoire
« Il faut une prise de conscience de ce territoire et qu’on l’identifie mieux », invite Laurent Chalard (retrouvez l’interview qu’il avait accordée au Trois au mois de juin), à l’occasion d’une rencontre avant la conférence (à retrouver ici). C’était aussi une remarque formulée par le cabinet Politeia, qui avait accompagné le Pôle métropolitain Nord-Franche-Comté dans la définition de ses axes stratégiques. Il doit « porter l’idée territoriale », qui n’existe pas à l’échelle de ce bassin de vie. Selon lui, la notion de nord Franche-Comté est aussi négative. Il faut donc changer de nom, pour constituer une identité, inscrite dans une démarche de marketing territorial. Une manière pour qu’il ne soit plus « invisible », pour reprendre un qualificatif qu’il a utilisé plusieurs fois.
2. Faire comprendre les enjeux
« Ce qui parle aux gens, c’est la vie quotidienne », remarque le géographe, également consultant et membre du think tank European Centre for International Affairs. « S’ils veulent des transports en commun efficaces à l’échelle du nord Franche-Comté, ils ont intérêt à avoir une organisation unique pour gérer », remarque-t-il. En présentant les choses, « les citoyens vont comprendre que c’est dans leur intérêt », suggère-t-il. Selon lui, en présentant ces réalités, on entraîne un débat politique. « Le candidat politique va faire la politique que ses électeurs souhaitent », estime-t-il. Laurent Chalard invite à créer un département du nord Franche-Comté, dont la strate a été « réhabilitée avec la crise sanitaire », en le dotant des compétences d’une intercommunalité, tout en supprimant les cinq communautés de communes, « pour faire de gigantesques économies d’échelle ».
3. Faire du lobbying
Notamment auprès de l’Institut national pour la statistique et les études économiques (Insee), « afin d’être visible sur le plan statistique », relève Laurent Chalard. Aujourd’hui, l’Insee évoque deux bassins d’emplois différents, autour de Belfort et Montbéliard. Le géographe estime que ce territoire est « fonctionnel », mais « invisible ». Il invite à faire aussi du lobbying auprès du préfet et à l’échelle nationale, en « faisant une politique du bruit ». « Quand on monte à Paris, il faut soit le réseau, soit les chiffres. » Il n’y a pas, aujourd’hui, les chiffres. Certains, dans le public, ont aussi soufflé que le territoire n’avait pas le réseau. Si le territoire a été en avance, dans les années 1980, sur cette réflexion, le géographe estime aussi « que l’espace de réflexion s’est perdu ». Militer pour ce rapprochement conduit aussi à faire accepter, notamment à la Haute-Saône et au Doubs, de perdre une partie de leur territoire. Dans la salle, quelques voix doutent de cette possibilité.
4. Sujet de rapprochement
Il a été beaucoup sujet d’économie. Le géographe invitant les élites économiques à encourager cet élan de rapprochement. Dans le public, on l’a reproché. Notamment Christian Proust, ancien président du conseil général du Territoire de Belfort. Il a regretté l’absence, dans la réflexion, des questions environnementales et sociales. Il craint aussi que cela entraîne un phénomène de « métropolisation », « qui ne prend pas en compte ces questions sociales et écologiques ». « L’écologie peut être un point de départ », acquiesce, en aparté, à la fin de la conférence, le géographe. Les sujets autour de la ressource en eau, ces dernières semaines, plaident pour une réflexion commune. Mais on y sent aussi beaucoup de divisions. Avant la conférence, Pierre Lamard, le président du conseil de développement, rappelait que son rôle était « de susciter le débat ». Il est lancé.