Pays de Montbéliard Agglomération et le Grand Belfort vont bénéficier d’une manne financière grâce au « TIGA », Territoire d’Innovation de Grande Ambition, projet qui vient d’être retenu dans le cadre du programme d’investissement d’avenir (PIA) par le Premier ministre. Un sacré coup de pouce pour la modernisation de l’industrie dans le nord Franche-Comté.
Les sourires étaient sur toutes les lèvres ce vendredi lors de la conférence de presse qui officialisait le succès de la candidature de Pays de Montbéliard Agglomération et du Grand Belfort à l’appel à projets TIGA, Territoire d’Innovation de Grande Ambition. Sur les lèvres de Charles Demouge, président de PMA, de Damien Meslot, président du Grand Belfort, de Marie-Guite Dufay, présidente de la Région, de Joël Mathurin, préfet du Doubs, mais aussi des représentants des grandes entreprises (PSA, Alstom, Faurecia, EDF), de l’UTBM, de l’Université, etc.
Une concrétisation du Pôle métropolitain
Et c’est peut-être le plus grand succès de ce projet : faire travailler ensemble des entreprises, des collectivités, des universités qui se côtoient à longueur d’année mais, qui, jusqu’à présent, ne s’étaient jamais associés dans un projet aussi ambitieux. Au total, le projet TIGA du nord Franche-Comté, regroupe 29 projets étroitement imbriqués, destinés à transformer ce territoire industriel. Charles Demouge, président de PMA, s’est plu à saluer « la mobilisation collective des acteurs du nord Franche-Comté ».
Damien Meslot, président du Grand Belfort, a été un peu plus loin en saluant « un succès politique et économique du Pôle métropolitain » propre à faire taire ceux qui s’interrogent sur l’utilité ou l’efficacité de cette structure. Quant à Marie-Guite Dufay, présidente de la Région, elle s’est réjouie que TIGA marque « enfin l’amorce d’un véritable pôle métropolitain du nord Franche-Comté ».
Seulement 24 projets retenus en France
Voici deux ans, lors du lancement de l’appel à manifestation d’intérêt, près de 120 pré-projets avaient été déposés. Ce vendredi, la liste officialisée par le ministre n’en comportait plus que 24, dont deux en Bourgogne-Franche-Comté. Dijon-Métropole a été retenu pour un projet intutulé « Alimentation durable 2030 ». Il repose sur le développement de la production agroécologique et sur l’augmentation de la part des productions lovcales dans l’alimentation de la population.
Celui du nord Franche-Comté, porté par les deux agglomérations belfortaine et montbéliardaise, veut faire de ce bassin économique « un écosystème économique dynamique, attractif et résilient, acteur des révolutions industrielles environnementales et humaines en cours et à venir ».
L’ensemble des actions qu’il regroupe représente un budget prévisionnel de 69 millions d’euros. Les aides de l’État via le TIGA représentent 4,8 millions de subventions et 11,1 millions d’investissements de l’État. Les subventions sont destinées aux actions à caractère public ; les investissements de l’État sont fléchés vers des prises de participation de l’État dans des entreprises, à travers la Banque des Territoires. Son directeur régional, Antoine Bréhard, a même précisé que la banque pourrait aller plus loin via la « possibilité d’ajouts en fonds propres ».
L'hydrogène au cœur du projet
Il veut faire de ce bassin économique « un écosystème économique dynamique, attractif et résilient, acteur des révolutions industrielles environnementales et humaines en cours et à venir »
Un des objectifs du TIGA de Belfort-Montbéliard est de construire une filière industrielle de l’hydrogène-énergie qui fédérerait des sous-traitants, des équipementiers sur de nouveaux marchés. Autre objectif ; opérer une montée en compétences du territoire, notamment sur le numérique. Le projet comporte également un volet sur l’éducation, avec pour ambition d’introduire l’initiation aux technologies informatiques et robotiques dans les 142 écoles primaires des deux agglomérations. Enfin, il prévoit d’installer de nouvelles activités économiques, d’habitat ou de détente sur plus de 100 ha de friches industrielles, tout en respectant les espaces naturels et agricoles.
Reste maintenant à concrétiser ces projets. « Nous avons maintenant la responsabilité de faire tout ce qu’on a et de faire vivre ce collectif», a souligné Jean-Charles Lefebvre, directeur de la communication de PSA Sochaux.
Pour cela, le comité de pilotage qui a élaboré le projet nord franc-comtois sera reconduit. Il aura jusqu’en 2030 pour concrétiser ce fruit de ce « concentré d’intelligence collective », selon l’expression du directeur régional de la Banque des Territoires.
Trois exemples de projets
Liaison en bus inter-agglomérations Zéro Emission
Cette action est portée par le syndicat mixte des transports en commun du Territoire de Belfort (SMTC), en lien avec Pays de Montbéliard Agglomération (PMA). Elle vise à mettre en service 7 bus à hydrogène d’ici 2021 pour opérer notamment une liaison entre les deux agglomérations. Cela permettra notamment de mieux desservir les trois campus universitaires du Territoire d’Innovation. Le premier bus livré sera directement intégré à la flotte du SMTC et préfigurera le renouvellement d’un tiers de ses bus par des bus électriques fonctionnant à l’hydrogène à l’horizon 2023-2025.
Reconquête de la friche industrielle des Rives du Doubs
Un partenariat public/privé novateur va être lancé pour résorber les friches industrielles du nord Franche-Comté en intégrant les nouvelles technologies vertes de dépollution et de gestion de l’énergie. Une opération pilote sera conduite à Valentigney, avec l’appui de la mairie, par une filiale de SEDIA, sur la partie Nord du site des Rives du Doubs.
Des logements viabilisés par hydrogène décarboné
L’action est portée par Territoire Habitat, qui gère 11 300 logements dans le département du Territoire de Belfort. Territoire Habitat va mettre en chantier dès 2020 un bâtiment « démonstrateur » neuf de 15 logements, équipé d’un système de production, stockage et utilisation d’hydrogène pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire. Un second bâtiment « témoin », identique au premier, mais sans intégrer la technologie innovante, sera construit au même endroit. Les deux seront équipés de moyens de mesure permettant de mener des études comparatives avec le soutien du laboratoire FEMTO-ST.