Avec le projet Sochaux 2022, l’usine automobile Stellantis de Sochaux devient la plus moderne d’Europe. Alors que le nouveau système de montage fonctionne depuis plusieurs mois, c’est la partie logistique qui vit une profonde mutation. Avec au cœur de la logique, un système révolutionnaire de gestion des pièces : un transstockeur.
Avec le projet Sochaux 2022, l’usine automobile Stellantis de Sochaux devient la plus moderne d’Europe. Alors que le nouveau système de montage fonctionne depuis plusieurs mois, c’est la partie logistique qui vit une profonde mutation. Avec au cœur de la logique, un système révolutionnaire de gestion des pièces : un transstockeur. C’est le premier installé dans une usine de montage automobile.
1 200 voitures sortent quotidiennement de l’usine Stellantis de Sochaux, en vitesse de croisière. Et chaque véhicule compte un millier de pièces. Chaque jour, il faut donc fournir à la ligne de montage 1,2 million de pièces. Un défi logistique considérable, sachant qu’il faut en parallèle réceptionner 250 à 300 poids lourds pour le montage, ce qui représente 9 000 unités à transporter (conteneurs ou palettes). Aujourd’hui, les lignes de palettes se juxtaposent. Chaque ligne s’allonge sur 60 mètres, ce qui représente les pièces nécessaires au montage de 60 voitures… soit une heure de travail !
Depuis le 16 août, l’usine sochalienne s’appuie sur un équipement unique dans l’industrie automobile et des usines de montage, un transstockeur. « C’est un énorme magasin automatisé », explique Julien Monclin, directeur de la logistique de l’usine. Le nouveau bâtiment mesure 25 mètres de haut et enregistre une surface au sol, « ramassée », dixit Stellantis, de 1 100 m2. Il a été construit au bout du montage, afin d’être au plus près de la production.
L’usine @stellantis de #Sochaux s’appuie aujourd’hui sur un transstockeur pour gérer ses flux logistiques à l’entrée du montage. Une première dans l’industrie automobile. pic.twitter.com/sD5VP36iiP
— Le Trois (@letrois_info) September 6, 2022
130 mouvements par heure
Aujourd’hui, le système est déployé à 60 %. Il sera totalement opérationnel à l’automne. Il comporte 4 500 emplacements, répartis autour de 4 allées et sur 17 niveaux. Les grues, de 13 tonnes, se déplacent horizontalement à la vitesse de 3 mètres par seconde et verticalement à 1,5 mètre par seconde. Le système permet d’enregistrer 130 mouvements de palettes par heure, dans les deux sens, soit 260 mouvements. Si besoin, on peut monter la vitesse à 180 mouvements par heure ; selon l’industriel il peut délivrer une palette toutes les 18 secondes. « Le transtockeur donne le rythme au reste », résume également Stéphane Dubs, à la tête du segment SUV de Stellantis, en Europe, regroupant 7 usines en France, Allemagne et Italie.
Pour garantir la flexibilité, les références ne sont pas regroupées, mais on en trouve dans toutes les allées, afin de pallier un problème technique précise Yann Mangonot, responsable de l’automatisation de la logistique, en détaillant toutes les subtilités du transtockeurs. Devant lui, un ballet ininterrompu de palettes qui rentrent et qui sort. Entre la commande d’une pièce et la sortie de la palette, il faut compter 6 minutes, sachant que l’on peut accélérer et l’obtenir en 4 minutes s’il faut répondre à un besoin urgent.
Avec ce système, « nous sommes capables de prendre toutes les pièces dans n’importe quel ordre, sans problème pour faire la voiture », remarque Julien Monclin. Avant, le stockage était façonné en fonction des prévisions de production. À présent, ils peuvent s’adapter à un ajustement de la production en cas de problème de pièces sur un modèle par exemple ; on a accès à 100 % du stockage. On optimise le rangement et on maîtrise mieux les pièces à disposition. « Cet outil permet de gérer en temps réel les pièces que reçoit chaque jour le site », ajoute Stellantis.
Les buttlers, des robots intelligents
Ce système est également complété par de nouveaux objets automatisés : des buttlers, des robots qui s’apparentent à des tortues, capable de soulever 1 tonne. Ils sont toujours en phase de tests pour amener les pièces en bord de ligne. Ils ont l’énorme avantage de pouvoir s’adapter « au flux réel ». Ils peuvent aller où ils veulent et prendre n’importe quelle pièce. Il y a 20 machines actuellement. Le site vise l’achat d’une centaine d’unités. « À terme, nous livrerons tout avec ces buttlers », garantit Julien Monclin. L’automatisation du process s’est élevée à 8 millions d’euros dans le projet Sochaux 2022, qui atteint 200 millions d’euros d’investissement.
Aujourd’hui, une pièce parcourt 200 mètres entre le camion qui la décharge et la ligne de montage. Avant Sochaux 2022, cette distance était d’un kilomètre. Ce défi logistique s’inscrit dans une volonté de compacter l’usine, pour la rendre plus compétitive. Et les innovations mises en place à Sochaux pourront être transposées à l’avenir dans les 92 autres usines du groupe Stellantis.