« What you learn about future ? » La maîtresse de cérémonie interpelle la cinquantaine de participants présents au Lab mobilité et infrastructures, à l’Axone de Montbéliard, ce mardi après-midi, à l’occasion du forum hydrogen business for climate. Plusieurs groupes échangent devant des panneaux. Principalement en anglais. Ils ont encore 4 minutes, lors de cette première étape, pour inscrire leurs idées. Là, ils sont dans la peau d’un chef d’entreprise d’une flotte de cinquante camions de 40 tonnes. Plus loin, ils sont dans la peau d’un maire d’une ville écologique modèle. Juste à côté, ils prennent l’habit d’un p-dg d’une compagnie de transport maritime. Plus loin, ils se parent du costume d’un directeur opérationnel d’une compagnie aérienne low cost. Et ils doivent imaginer ce que sera leur réalité en 2035. On se projette.
Dans les groupes, des p-dg de grands groupes côtoient des start-upeurs, des gérants de PME, des universitaires ou des élus. Les horizons sont divers. Et on appatient pas à la même entreprise. « Je cherche à fédérer, à se faire rencontrer », explique Véronique Wiss, la commissaire du forum hydrogen business for climate. Pour organiser ces échanges, elle a fait appel au collectif codesign-it, des facilitaieurs de l’innovation. Ils structurent les échanges, suscitent la création, accompagnent par dessin la création et encadrent en étant maître du temps. C’est millimétré. Un compte à rebours défile sur un grand écran pour indiquer le temps qu’il reste. « J’ai fait appel aux meilleurs », glisse Véronique Wiss. Des facilitateurs qui ont œuvré, pour certains, à Davos, au forum économique mondial.
De l’autre côté du paravent, les groupes du second Lab du jour questionnent le passage à l’échelle industrielle. Ce n’est pas la même dynamique. Ici, ce sont plutôt des mini-conférences, debout, avec un expert : sécurité ; financements publics et organisation des collectivité ; emplois et formation. C’est un échange de connaissances pour mieux se connaître et connaître les enjeux de chacun. On voit ainsi un membre du cabinet du maire Les Républicains de Belfort, Damien Meslot, expliquer les différents niveaux des collectivités territoriales et détailler le rôle de chacun, dans la publication d’un permis de construire par exemple.
Tirer le fil d'Ariane de l'innovation
Retour dans le Lab mobilité et infrastructures. Les groupes sont passés à l’étape 2. Ils imaginent à présent ce que l’on a dû mettre en place entre 2022 et 2035 pour atteindre la projection formulée juste avant. Quels freins ont été levés ? Comment s’est-on mobilisé ? Quelle loi a été votée ? Quelle ruptures technologiques sont intervenues ? La 3e étape, les groupes sont en 2022 : que met-on en place pour suivre ce chemin que l’on vient d’emprunter à l’envers ? On vient de dérouler le fil d’Ariane qui mène au succès, détaille Véronique Wiss. On l’a remonté. Il faut donc à présent s’y engager. Plus le Lab avance dans l’après-midi, plus on va dans le concret, « pour étudier les challenges à adresser maintenant », formule Anne-Laure, l’une des intervenantes du collectif, en train de préparer les tableaux qui serviront à la restitution collective où l’on suscitera encore les échanges, afin d’obtenir « une fertilisation croisée ». L’idée est de sortir de ses schémas habituels de réflexion et d’innovation. « Nous organisons l’émergence de l’intelligence collective », résume Anne-Laure.
Dans un Salon, cette démarche est innovante assure Véronique Wiss. C’est une première. « La filière a besoin de cela », estime-t-elle, pour répondre aux enjeux de la décarbonation et pour passer à la vitesse supérieure. On ne peut plus rester dans son coin. Il faut jouer collectif assure-t-elle. Et son désir, que ces temps de réflexion commune suscitent des échanges futurs entre les participants et les entreprises, avec des actions concrètes. Pour « nourrir tout le monde et aller plus loin », résume-t-elle finalement.