L’association Pour l’avenir industriel du territoire a déposé ses statuts en préfecture cette semaine. Née à l’initiative de l’intersyndicale de l’entité turbines à gaz, elle regroupe des acteurs politiques et économiques du nord Franche-Comté. Elle va soutenir ses actions.
L’association Pour l’avenir industriel du territoire a déposé ses statuts en préfecture cette semaine. Née à l’initiative de l’intersyndicale de l’entité turbines à gaz, elle regroupe des acteurs politiques et économiques du nord Franche-Comté. Elle va soutenir ses actions.
« Nous voulons montrer que ce n’est pas qu’une intersyndicale, mais aussi tout un territoire qui est derrière nous. Un territoire qui agit », explique Alexis Sesmat, délégué syndical Sud de l’entité turbines à gaz de General Electric, et secrétaire de l’association Pour l’avenir industriel du territoire. Les statuts de l’association ont été déposés cette semaine à la préfecture. Cette initiative est née dans les rangs de la manifestation du 22 juin, quand tout un territoire a décidé de résister à General Electric. Elle a pris corps le 9 juillet, lorsque l’intersyndicale a accueilli les membres de la commission d’enquête parlementaire Marleix, les décisions de l’État en matière de politique industrielle. De cette rencontre était notamment sortie la décision de mettre en demeure l’État de faire respecter l’accord. Cette mise en demeure va se transformer, prochainement, en plainte contre l’État, pour ne pas avoir fait respecter les termes de l’accord signé en novembre 2014 entre General Electric et le gouvernement.
« L’idée est de coordonner et d’avoir une unité du territoire », poursuit Alexis Sesmat. Acteurs économiques, partis politiques, collectivités locales du nord Franche-Comté, institutions vont pouvoir rejoindre l’association et ils sont plusieurs à avoir manifesté leur volonté de le faire. Ils participent aux réunions mensuelles depuis début juillet. Si l’association est née de l’initiative de l’intersyndicale, la CGT a décidé, par contre, de ne pas en être un membre actif.
« On ne s’attaque pas aux causes industrielles »
« À court terme, l’association va soutenir les actions de l’intersyndicale », détaille Philippe Petitcolin, délégué syndical CFE-CGC et président de l’association. Un soutien pour les manifestations ou encore les actions juridiques. « À moyen terme, elle doit redynamiser l’industrie sur le territoire », complète-t-il. Dans cette dynamique, l’association va notamment organiser les Assises de l’énergie, programmées les 18 et 19 octobre. Et organise une nouvelle manifestation le 19 octobre, à l’image de celle du 22 juin. Avec une logistique assumée par la Ville.
Ce vendredi matin, les membres de l’association en ont donc profité pour informer les personnes présentes de l’évolution du conflit. « Pour nous, c’est la mort assuré du site, estime Alexis Sesmat, quel que soit le plan. Il n’y a pas de sens industriel. On ne s’attaque pas aux causes industrielles. Nous sommes déjà dans une situation critique où nous ne sommes plus en capacité de sortir les turbines dans les temps et en qualité. » Et d’évoquer les 1 300 millions de pénalités payées en 2018 par le géant américain. Aujourd’hui, le plan vise à réaliser 70 millions d’euros d’économie.
La loi du Talion
Il insiste également sur la productivité des équipes belfortaines par rapport à celles de Greenville (États-Unis) et de Baden (Suisse), pour évoquer le non-sens de ce plan. De supprimer des salariés va, qui plus est, mécaniquement dégrader les indicateurs économiques belfortains, car les coûts de structure ou d’investissement vont proportionnellement peser plus lourd dans la balance. Et Alexis Sesmat de questionner : « Sera-t-on plus compétitif avec 800 postes en moins. » Selon l’intersyndicale, les équipes dédiées aux offres n’arrivent déjà pas, aujourd’hui, à répondre à la demande observée en Irlande, Turquie ou encore en Pologne.
Philippe Petitcolin et Alexis Sesmat estiment aussi qu’ils subissent le retour de bâton de la promesse des 1 000 emplois. Pendant trois ans, alors que des restructurations étaient diligentées dans le monde, la France a connu peu de plans sociaux. « Dans leur esprit, la France a été préservée. Il est donc normal qu’elle paie », résume Philippe Petitcolin. « C’est la loi du Talion », image Alexis Sesmat. « Dans l’esprit de la loi, un plan de sauvegarde de l’emploi est pourtant mis en place pour assurer la suite et sauvegarder l’emploi de ceux qui reste. Mais si on met en place ce plan, Belfort va fermer », explique Philippe Petitcolin. Pour eux, la direction n’est donc pas venue avec une contre-proposition. Ils sont dos au mur. Et bien décidés à jouer leurs derniers atouts. Le premier sera de porter plainte contre l’État. Il ne reste que quelques jours pour inverser de nouveau la tendance.
Samedi 19 octobre, 14 h, manifestation de soutien aux salariés de General Electric, au départ de la maison du peuple.
Les élus réagissent et s'associent
« Les élus ont découvert avec surprise cette proposition qui ne peut apparaître aux salariés que comme une provocation. La suppression des acquis sociaux et l’absence totale de mesures visant à assurer de l’activité au site de Belfort ne pouvaient aboutir qu’à une situation de blocage. » Les élus locaux sont remontés. Dans un communiqué de presse commun, Damien Meslot, maire de Belfort et président du Grand Belfort, Florian Bouquet, président du Département du Territoire de Belfort, Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Cédric Perrin, sénateur du Territoire de Belfort, Michel Zumkeller et Ian Boucard, députés du Territoire de Belfort, réagissent à la proposition de la direction de General Electric, formulée ce jeudi. « Le plan de licenciements de General Electric doit être fortement amendé et des garanties fortes doivent être données pour assurer les emplois sur le long terme, sans quoi il ne s’agirait que d’une délocalisation déguisée », réclament-ils. Le ton devient plus ferme. Ils demandent des garanties pour assurer l’activité de « manière pérenne », en donnant « les moyens organisationnels et matériels de répondre à la demande du marché dans des conditions de qualité et de délai satisfaisantes ». Les collectivités locales vont s’associer à la plainte prochaine de l’intersyndicale contre l’État, pour ne pas avoir fait respecter les termes de l’accord signé en novembre 2014 pour le rachat de la branche énergie d’Alstom.