Journée de mobilisation dans la cité du Lion. Entre 5 000 et 8 000 personnes ont participé à la manifestation de soutien aux salariés de General Electric, dont 1 044 suppressions de postes sont envisagées.
Journée de mobilisation dans la cité du Lion. Entre 5 000 et 8 000 personnes ont participé à la manifestation de soutien aux salariés de General Electric, dont 1 044 suppressions de postes sont envisagées. Une journée débutée en mairie ce samedi matin, avant de se poursuivre sur les pavés. Pour montrer la force de Belfort. Mais aussi pour informer les Belfortains.
« Belfort debout, soulève-toi ! » a scandé la foule, à laquelle le délégué CFE-CGC Philippe Petitcolin a lancé : « L’important, c’est de dire stop au massacre de General Electric ! » On est devant la maison du Peuple. 14 h a sonné il y a quelques minutes. La foule s’est amassée. Plusieurs milliers de personnes sont présentes. L’intersyndicale prend la parole pour expliquer le combat. Rappeler les enjeux. Préciser ses craintes.
Francis Fontana, élu syndical Sud industrie, a rappelé que si le plan se déroule comme prévu, l’entité turbines à gaz comptera moins de 1 000 salariés à Belfort dans les mois qui viennent. Ce qui ne s’est jamais vu depuis l’arrivée du géant américain en 1999. Au pied des marches, une foule familiale, mais aussi des délégations de Gilets jaunes, facilement repérables et audibles !
Un échange politique
L’intersyndicale a organisé samedi matin une réunion avec de nombreuses forces politiques, de gauche et de droite, pour discuter de ce dossier. Ils étaient une vingtaine d’élus à la marie de Belfort. De nombreux élus, locaux, régionaux et nationaux y ont participé, dont Jean-Luc Mélenchon (France insoumise) ou encore la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann (GRS). « Il est question de science, de technique et de patrie, pas seulement d’emplois », a déclaré le chef de file de La France Insoumise, confiant « ressentir comme une blessure l’idée qu’on puisse abandonner de tels outils, de tels collectifs humains ».
« Une semaine décisive »
Le cortège officiel s’est ensuite mis en branle. Celui des Gilets jaunes lui a coupé la priorité, moyennant un échange plutôt viril entre les deux groupes, à l’intersection du boulevard Anatole-France avec la rue Marcel-Paul. Les Gilets jaunes ont ensuite devancé le cortège officiel d’une cinquantaine de mètres. La France insoumise, de son côté, a voyagé seul sur 100 mètres avec sa tête de file, Jean-Luc Mélenchon, avant qu’il ne rejoigne le centre du cortège officiel, composé de l’intersyndicale et de nombreux élus, venus du Territoire de Belfort, du nord Franche-Comté et même de la région Bourgogne-Franche-Comté. Les manifestants ont mis plus d’une heure pour rejoindre la place de la République où une dizaine de personnes ont pris la parole pendant deux minutes chacune. La foule s’est très rapidement dispersée. Pendant ce temps-là, l’intersyndicale, accompagnée de Damien Meslot, président du Grand Belfort, et Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, a été reçue par la préfète du Territoire de Belfort, Sophie Élizéon. Un échange qui a duré plus d’une heure.
Le Rassemblement national veut sa part
Alors que l’intersyndicale avait fait savoir sa désapprobation d’associer le Rassemblement national aux discussions, deux élus régionaux, Julien Odoul et Jacques Ricciardetti, sont venus en mairie de Belfort ce samedi matin pour y participer. Un échange houleux s’est déroulé avec le service d’ordre de l’intersyndicale, qui ne voulait pas les laisser entrer. Les élus ont revendiqué leur droit d’être dans la maison du peuple et accusé les syndicats de « discréditer leur combat ». Damien Meslot (LR), maire de Belfort, a dit aux deux élus qu’ils pouvaient être dans l’espace public mais que la réunion était organisée par l’intersyndicale et qu’il mettait simplement sa mairie à disposition. Une dizaine de policiers s’est interposée entre les deux élus et le service d’ordre pour éviter les empoignades. Ils ont finalement quitté l’enceinte municipale. Quelques membres du parti d’extrême droite étaient visibles dans le cortège dans l’après-midi. Francis Fontana a rappelé pourquoi l’intersyndicale avait fait ce choix : « Nous ne partageons pas les valeurs du Rassemblement national. »
À l’issue de cette audience, Damien Meslot a rappelé que chacun a fait « remonter ses revendications ». On attend un moratoire sur le plan social et une baisse du volume de licenciements. On attend aussi une garantie sur la pérennité du site belfortain quant à la production des turbines à gaz. « Les promesses de GE, on a appris à s’en méfier », note Damien Meslot. « On va voir si Bruno Le Maire a pris la mesure de la mobilisation d’aujourd’hui », confie de son côté Philippe Petitcolin. Une mobilisation bien supérieure à celle constatée en 2016 lorsque l’on craignait la fermeture du site d’Alstom, toujours installée à Belfort, et qui embauche !
Philippe Petitcolin a aussi regretté que l’intersyndicale ne soit pas représentée dans le comité qui gère le fonds issu de la pénalité de General Electric (lire notre article ici). Alors que General Electric y est ! L’intersyndicale a surtout rappelé « que les gens sont au bord de la colère ». Qu’aujourd’hui on attend des signes positifs du géant américain, mais que les signaux envoyés sont la poursuite du plan social, la convocation mercredi de la réunion n°2 de la procédure d’information-consultation à Paris alors qu’une audience en référé au tribunal de grande instance de Belfort est programmée jeudi… Et Philippe Petitcolin de déplorer : « Personne ne parle du contrat. » Ce fameux contrat signé entre General Electric et l’État français dans lequel figure plusieurs engagements. Et surtout, plusieurs engagements non tenus (retrouvez ici le contrat). Que compte faire l’État à son sujet ? Le dénoncer ? « C’est une semaine décisive », a avoué Damien Meslot en conclusion.
« Maintenir les compétences »
« C’était colossal. » Sophie Élizéon, préfète du Territoire de Belfort, a noté l’importance de la mobilisation en soutien aux salariés de General Electric, ce samedi 22 juin. Si la préfecture retient la donnée de 5 000 manifestants – à affiner précise la préfète – elle rappelle que le chiffre qu’elle avait pour Alstom en 2016, c’était 3 500. La mobilisation a donc été au rendez-vous. « Je leur ai redis que le ministre est mobilisé quotidiennement et personnellement sur le dossier General Electric », a précisé la préfète au cours d’un point presse accordé aux journalistes locaux. Elle a rappelé les trois axes de mobilisation : le plan de sauvegarde de l’emploi ; la diversification ; le comité de gestion du fonds de 50 millions d’euros, issu de la pénalité de General Electric pour non création de 1 000 emplois après le rachat de la branche énergie d’Alstom. La préfète a rappelé que le ministre a demandé « de revoir la copie pour conserver les compétences dans ce territoire ». Elle a glissé également que le lancement de la procédure pouvait permettre d’ouvrir la table des négociations. Sophie Élizéon a toutefois confirmé que le plan envisagé par General Electric a été envoyé aux services de la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte). « Les services vont instruire le dossier », confie-t-elle. Elle a saisi la nécessité de « maintenir les compétences » et va le remonter au ministre. La préfète a salué l’organisation de la manifestation et son « professionnalisme ». Mais elle a aussi rappelé : « Il appartient à General Electric et seulement à General Electric, de retirer le dossier, s’il le souhaite. »