Le professeur Alain Fischer, président du conseil national d’orientation pour la stratégie vaccinale, a accordé un entretien exceptionnel aux médias de la région Bourgogne-Franche-Comté, ce mercredi 15 décembre. Il a rappelé les enjeux de la vaccination, expliqué les raisons d’un rappel et évoqué la vaccination des 6-11 ans.
Le professeur Alain Fischer, président du conseil national d’orientation pour la stratégie vaccinale, a accordé un entretien exceptionnel aux médias de la région Bourgogne-Franche-Comté, ce mercredi 15 décembre. Il a rappelé les enjeux de la vaccination, expliqué les raisons d’un rappel et évoqué la vaccination des 6-11 ans.
« Sans vaccination, nous aurions une [cinquième] vague terriblement plus forte », assure le professeur Alain Fisher, président du Conseil national d’orientation pour la stratégie vaccinale, par ailleurs professeur au collège de France et chercheur à l’institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Face à cette situation sanitaire, il rappelle combien « la vaccination est une arme très puissante », comparant notamment la France avec d’autres pays où la vaccination n’était pas aussi forte et qui ont été touchés dramatiquement par le variant Delta, comme l’Inde. C’est « un chaos sanitaire », a-t-il dit pour qualifier la situation. « Si nous voulons limiter la circulation du virus, éviter les formes graves et les [hospitalisations] en réanimation, il est urgent de vacciner massivement », insiste-t-il. Et d’insister : « En nous vaccinant, nous nous protégeons massivement. » Il parle également « d’une responsabilité civique », surtout lorsque l’on prend en compte l’existence de 350 000 personnes immunodéprimées en France, pour qui la vaccination marche mal. Se vacciner, c’est les protéger.
Le rappel « n’a rien d’exceptionnel », rassure-t-il également. C’est normal dans les stratégies vaccinales contre les maladies infectieuses. L’objectif est de stimuler de nouveau « les réponses immunitaires », explique-t-il. « Elles sont considérablement renforcées », ajoute-t-il, après les doses de rappel, évoquant un ordre de grandeur : elles sont 10 fois supérieures après une dose de rappel qu’après la primo-vaccination. « C’est un niveau de protection très fort », appuie-t-il. La question subsiste sur le temps de cette protection avant un déclin. Aujourd’hui, il n’y a pas assez de recul pour savoir quand il faudra envisager une nouvelle dose de rappel. D’ici quelques semaines, les chercheurs auront plus de visibilité pour évoquer ce schéma vaccinale. L’une des hypothèses est de considérée que la dose de rappel permet de façonner une réponse immunitaire très élevée, invitant à espérer que l’effet « dure plus longtemps ». Avec l’arrivée du variant Omicron, « plus contagieux », le vaccin permet d’être « bien protégé », mais justifie surtout le rappel.
Quant au vaccin à inoculer, le professeur Alain Fischer rappelle que le Pfizer et le Moderna, vaccins à ARN Messagers, sont « cousins ». On constate un léger frein de la population pour se faire vacciner avec le Moderna, dont « l’efficacité est probablement légèrement supérieure » ; toutefois, en France, il n’est pas inoculé aux moins de 30 ans. Mais il est possible d’avoir commencé le schéma vaccinal avec le Pfizer, puis de le poursuivre avec le Moderna. L’inverse est valable.
« Protection collective »
Sur la vaccination des 6-11 ans, le professeur attend encore des retours des États-Unis et du Canada, où cette politique est pratiquée depuis le mois de novembre. De nouvelles études sont attendues la semaine prochaine. Pour autant, « Nous recommandons l’ouverture de la vaccination », glisse-t-il, d’autant plus avec la présence du variant Omicron. La dose du vaccin sera réduite. Selon lui, cette démarche « participe à la protection collective » et favorise « l’immunité collective ». Il pointe du doigt aussi le nombre de fermetures de classes en écoles primaires, contrairement aux collèges, citant un taux d’incidence parfois supérieur à 1 000 pour 100 000 personnes, dans cette tranche d’âge. Mais aussi tous les dégâts psychiatriques et psychologiques sur les enfants quand l’école est fermée. Le professeur est conscient qu’il faudra faire preuve de pédagogie avec les parents qui se questionnent. « Les familles ont le droit de s’interroger », assure-t-il.
Aujourd’hui, des traitements fonctionnent, comme les traitement monoclonaux. Une molécule chimique développée par Pfizer est aussi attendue. Ce sont des choses utilisés pour limiter des formes graves, lorsque l’infection est détectée, « pour un usage bref », mais « il ne faut pas imaginer que cela va remplacer la vaccination », insiste-t-il.
Dans un point épidémiologique de Santé publique France du 2 décembre (à retrouver ci-dessus), on précise que 76,2 % des patients admis en réanimation de moins de 65 ans (donnée issue du réseau sentinelle référençant 211 services de réanimation en France métropolitaine et dans le DROM) du 1er septembre au 25 novembre, ne sont pas vaccinés ou incomplètement vaccinés, alors que seulement 28,4 % des personnes de moins de 65 ans n’étaient pas vaccinées ou incomplètement vaccinées. Selon une étude de la direction de la recherche, des études et de l’évaluation statistique (à retrouver ici), publiée le 3 décembre, 609 hospitalisations conventionnelles ont été constatées pour 1 million de personnes non vaccinées contre 60 pour des personnes vaccinées de moins de 3 mois, sans rappel, et contre 74 pour des personnes avec schéma vaccinal complet et avec rappel. En soins critiques, ces données sont respectivement de 213 pour un million de personnes non vaccinées, 12 et 15. Concernant les décès, les données sont respectivement de 87, 4 et 15.