Les derniers freins sont en train d’être levés. Le calendrier se précise. Le spécialiste allemand du blindage de véhicule civil Welp confirme son implantation sur l’ancien site PSA d’Hérimoncourt. Welp achète finalement le terrain à Stellantis, pour un peu moins d’un million d’euros, selon nos informations.
Les derniers freins sont en train d’être levés. Le calendrier se précise. Le spécialiste allemand du blindage de véhicules civils Welp confirme son implantation sur l’ancien site PSA d’Hérimoncourt. Welp achète le terrain à Stellantis, pour un peu moins d’un million d’euros, selon nos informations.
Le 11 novembre, Emmanuel Macron a circulé dans une DS 7 Crossback flambant neuve. Ce véhicule hybride, avec un châssis allongé et des équipements spécifiques, est intégralement blindé. Et cette opération a été réalisée par le spécialiste du blindage des véhicules civils, notamment pour les forces de l’ordre ou les chefs d’État, le groupe allemand Welp. Depuis plusieurs mois, l’industriel envisage de s’installer en France. Et il a ciblé l’ancien site PSA d’Hérimoncourt (lire notre article).
Cette implantation, évoquée au mois d’avril, est « confirmée », assure le député Frédéric Barbier, membre du parti Territoires de Progrès et rattaché à l’assemblée nationale au groupe de La République en Marche (LREM). « C’est bien parti », ajoute Patrice Aubin, représentant de Welp en France. L’industriel va s’installer dans la partie centrale de ce site de près de 9 hectares. Même si c’est encore à finaliser, l’industriel doit acquérir 13 500 m2, dont 9 000 m2 de bâtiment. Il doit acheter ce terrain à Stellantis ; une réunion est programmée la semaine prochaine avec le constructeur automobile pour finaliser cette partie immobilière. Selon nos informations, la vente pourrait avoisiner le million d’euros. Initialement, Welp n’envisageait pas d’acheter le terrain.
Une réunion a été organisée, à l’initiative du préfet du Doubs, ce jeudi, pour évoquer le projet. Les derniers « freins », pour reprendre les termes de Frédéric Barbier, sont en train d’être levés. Welp est notamment référencé, dorénavant, par l’union des groupements d’achats publics (UGAP), permettant de se positionner sur les appels d’offres. Le conseil régional Bourgogne-Franche-Comté pourra aussi soutenir les investissements (rénovation énergétique des bâtiments) et les politiques de R&D de Welp, dans le cadre de son implantation, et doit aussi intervenir sur le volet formation. Les collectivités locales, de leurs côtés, doivent prendre en charge l’ouverture d’une entrée propre aux futurs locaux de Welp, donnant sur la R.D. 34.
Et le reste du site ?
Le site dispose d’une superficie de près de 9 hectares. Les archives de Terres-Blanches, qui accueillent l’histoire de l’aventure Peugeot, occupe 30 000 m2. Près du stade Charles-Prudat, la municipalité d’Hérimoncourt va racheter 10 000 m2 à Stellantis rappelle Marie-France Bottarlini-Caputo, la maire. Elle veut y construire un Ehpad. C’est le projet le plus avancé. À l’opposé du site, les choses sont plus floues. Des visites ont été réalisées le 8 octobre. On évoque un Colruyt, qui a contacté la mairie et a visité le site, mais Marie-France Bottarlini-Caputo invite à la vigilance vis-à-vis de la supérette locale. Une école de production autour du bois est aussi envisagée dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt, publié en mai 2021 par le Gouvernement, pour soutenir le déploiement des écoles de production. Mais c’est bien Stellantis le propriétaire du terrain ; il aura donc le dernier mot. Le futur est « encore flou », confie Marie-France Bottarlini. Sur l’école de production, « nous n’avons pas eu une écoute attentive [de la part de Stellantis] », regrette la maire d’Hérimoncourt, qui apprécie l’arrivée de Welp. « C’est un groupe au savoir-faire mondial », relève-t-elle. Un dernier projet est aussi envisagé, avec le lycée professionnel de Valdoie, autour de maraichage hors-sol.
De sources concordantes, 2,5 millions d’euros d’investissement et d’acquisition de matériel sont pour le moment envisagés par Welp pour restaurer les bâtiments et démarrer l’activité. Un travail sur les réseaux doit aussi être réalisé par les collectivités pour rendre le futur industriel autonome sur le site.
Le fonds Maugis sollicité
Volontairement, l’industriel veut commencer petit, « pour engraisser et pas maigrir », sourit le représentant de Welp. Il va commencer, dans un an, par l’entretien de véhicules blindés déjà en circulation. Puis il lancera l’activité de blindage. La montée en puissance va dépendre des contrats signés par l’industriel, notamment en France, mais aussi à l’étranger. Dans ce cas, le rapprochement avec Stellantis, qui regroupe 14 marques, est un vrai atout pour Welp, qui va pouvoir adresser depuis Hérimoncourt de nouveaux marchés. « Nous pouvons discuter avec les forces de l’ordre de plusieurs pays », apprécie Patrice Aubin. La proximité avec la Suisse et l’Italie est un autre avantage, ainsi que la présence d’un tissu industriel de sous-traitants automobiles. La présence d’acteurs du luxe comme Hermès et l’école Boudard est un autre atout, Welp travaillant déjà avec Bugatti, particulièrement avec son usine de Molsheim. « L’environnement est très positif », assure le représentant. Aucun autre site français ne répondait autant à leurs besoins.
L’objectif est d’avoir une centaine d’emplois d’ici 2025. Mais l’industriel est prudent. « Nous avançons étape par étape. » La croissance peut aller très vite, en fonction des contrats enregistrés, ou plus lentement. 50 millions d’euros peuvent être mobilisés dans cette montée en puissance. Le fonds Maugis (tous nos articles), qui ventile la pénalité de General Electric pour non création de 1 000 emplois après le rachat d’Alstom énergie en 2015, devrait être sollicité pour accompagner le déploiement de cet industriel dans le pays de Montbéliard.
Après l’activité de maintenance, Welp lancera son activité de blindage à Hérimoncourt. Des projets sont aussi dans les tuyaux pour blinder des cabines de camions de l’armée, non dédiés au combat, mais à la logistique par exemple. C’est un appel d’offre sur lequel l’Allemand devrait se positionner prochainement ; l’industriel doit aussi créer une filiale française dans les prochaines semaines. « Il y a aussi la volonté de développer le véhicule du futur des forces de l’ordre », précise Frédéric Barbier. Et Welp pourrait être dans ce tour de table. Le député apprécie cette venue, qui permet d’acquérir de « nouveaux savoir-faire », disparus pour certains avec la désindustrialisation.
La vente devrait être signée au printemps. Les premiers coups de pioche sont prévus en mai-juin et l’activité doit débuter en octobre ou en novembre 2022.