Les perspectives de l’entité turbines à gaz de General Electric sont excellentes. Pourtant, le dialogue social s’effrite inexorablement. Les syndicats regrettent une nouvelle fois que l’industriel américain ne respecte pas les accords signés en octobre 2021. Et le plan social de 2019 semble de moins en moins justifié.
Les perspectives de l’entité turbines à gaz de General Electric sont excellentes. Pourtant, le dialogue social s’effrite inexorablement. Les syndicats regrettent une nouvelle fois que l’industriel américain ne respecte pas les accords signés en octobre 2021. Et le plan social de 2019 semble de moins en moins justifié.
Un procès est attendu au tribunal judiciaire de Belfort, en janvier 2022, selon la CFE-CGC et Sud Industrie de l’entité turbines à gaz. Les syndicats estiment que General Electric ne respecte pas les termes de l’accord signé en octobre 2021, à l’issue du plan social. Le premier sujet concerne la pertinence du plan de sauvegarde de l’emploi, acté en 2019 et qui a entrainé la suppression de 485 postes. Le plan était justifié par un marché difficile et des perspectives délicates. Aujourd’hui, les commandes affluent. De sources concordantes, on évoque une trentaine de turbines pour 2021, une cinquantaine pour 2022 et déjà une trentaine de commandes fermes pour 2023. « C’est donc tout le contraire qui s’opère », relève Philippe Petitcolin, secrétaire du comité social et économique (CSE) de cette entité, membre de la CFE-CGC. « Le marché prévu alors par GE est 40 % inférieur à l’actuel marché », confie-t-il. « Le PSE n’était pas justifié », complète Alexis Sesmat, de Sud Industrie. Dans le même temps, on n’embauche pas alors que les effectifs sont en-dessous des postes convenus en 2019, avec 1 237 contre 1 275 dans l’effectif cible.
Dans le même temps, on n’investit pas regrettent les élus syndicaux, ni dans l’outil industriel, ni dans les compétences. « On a un niveau de charge supérieur aux capacités des équipes. Mais recrute-t-on ? Non ! » dénonce Alexis Sesmat. Le site a aussi perdu une ligne de fabrication, délocalisée en Hongrie. Une gestion prévisionnelle des emplois et compétences a été réalisée, ciblant 100 compétences dont aurait besoin le site. « Elle est mise à la poubelle », dénonce Alexis Sesmat. On compense par l’emploi d’intérimaires, de la sous-traitance et des délocalisations. La fabrication de quelques turbines va être délocalisée aux États-Unis. 5 sont prévues en 2022 sur le total belfortain. Sans recrutement, ce chiffre pourrait gonfler à l’avenir craignent les syndicats, amorçant un cercle vicieux.
Pas de vision
Le projet industriel qui avait été écrit au printemps 2020 est aujourd’hui aux oubliettes dénoncent aussi les syndicats. « Il y avait 11 axes, ils sont tous abandonnés », claironne Philippe Petitcolin. Un seul est conservé, autour de l’hydrogène, pour développer la futur turbine à gaz hydrogène. Et une dynamique autour du lean, c’est-à-dire l’amélioration du process industriel, est enclenchée. Mais Philippe Petitcolin et Alexis Sesmat doutent de la volonté de General Electric de s’inscrire réellement dans l’hydrogène. 1 million d’euros sont fléchés en 2021 et 1,5 million en 2022, selon les syndicats, soit environ 0,1% du chiffre d’affaires. Ces investissements timides sont justifiés par un marché qui n’existe pas encore explique Alexis Sesmat. « Nous souhaitons une vision à deux-trois, ce que ne fait pas GE », poursuit-il.
Pour les élus, les PSE a eu lieu, les coûts ont été diminués. Mais il n’y a pas le pendant, un projet industriel. « Quel est l’avenir », questionnent les élus syndicaux. L’annonce de diviser les business de General Electric ajoute de la certitude. Lors du dernier comité de suivi de ces accords, le 9 novembre, les syndicats attendaient un soutien du Gouvernement. « Les représentants de l’État français ont pris position de défendre le bilan du gouvernement et ne prennent pas une posture de défense des intérêts français », dénonce Alexis Sesmat. « L’État est spectateur alors qu’il se considérait comme garant des engagements », ajoute Philippe Petitcolin. Les négociations sur le rachat de la branche nucléaire (notre article) doivent « jouer », convient Philippe Petitcolin. Mais il a le sentiment que cette position n’était pas très différente avant. « On ne sent ni la volonté ni les compétences », poursuit-il, alors qu’il a évoqué un nouveau chantier de bataille : la dénonciation d’une « évasion fiscale avérée. » (lire notre article).
À l’heure où nous mettions en ligne, General Electric n’avait pas encore répondu à notre sollicitation.